Alors que la nouvelle Constitution est sur le point d'être dévoilée, le Conseil national d'appui au Mouvement du 20 février (CNAM20) a été appelé par ses membres, lors de ses assises, à boycotter le référendum. Débat houleux malgré un taux de présence plutôt faible. A sa troisième assemblée générale, tenue samedi dernier à Rabat, le Conseil national d'appui au Mouvement du 20 février (CNAM20) a dressé le bilan de ses actions et pris de nouveaux engagements. Sous le mot d'ordre «Lutte continue pour une Constitution démocratique », l'AG s'est surtout focalisée sur la nécessité d'établir une stratégie devant affronter l'après nouvelle Constitution. «Nous sommes arrivés à une étape décisive où le CNAM 20 risque de perdre un peu son chemin. Doit-il continuer à soutenir le Mouvement du 20 février ou prendre une trajectoire politique ? Il devra, en tout cas, trouver une alternative, car, pour le moment, nous sommes restés au stade des slogans », estime Kamal Lahbib, secrétaire général du Forum des alternatives Maroc. Le ton est donné, les participants ont unanimement appelé le Conseil à se préparer de toute urgence à une phase déterminante : l'annonce de la nouvelle Constitution et le référendum. « Le CNAM 20 devra faire face à d'autres combats certainement plus importants et plus engagés », prévient Khadija Ryadi, présidente de l'Association marocaine des droits humains (AMDH). Pour cette militante, en plus du maintien des revendications, dont la plus importante demeure la libération des militants des droits de l'Homme, le CNAM 20 doit renforcer sa présence et son action. « Il est temps de dépasser l'action du soutien pour créer une mobilisation autour d'objectifs clairs et définis », affirme Kamal Lahbib. « Nous avons pour mission de protéger les jeunes et nous sommes appelés à leur apporter un appui politique ». Mohamed El Aouni, coordinateur du CNAM 20. Autour de ces objectifs justement, les participants croient fermement que le Conseil doit refuser la mouture de la nouvelle Constitution. C'est le cas des militants du parti Annahj addimocrati convaincus que la mission du Conseil en elle-même le lui impose. «Il faut faire face aux attaques, à ces fauteurs de troubles qui ont tenté et tentent toujours de saboter le Mouvement du 20 février. Le retrait du PADS, du CNI et de la CDT de la réunion du Mécanisme politique de suivi de la réforme constitutionnelle, tenue mardi 7 juin au cabinet royal, fait honneur au Mouvement du 20 février », soutient Mohamed Abounasr. Du même parti, Zhor Azlaf ajoute qu'il relève du devoir du CNAM 20 de « boycotter la nouvelle Constitution et le référendum». Même son de cloche ou presque au sein des étudiants progressistes. «Près de 7 millions de Marocains ne se sont pas inscrits sur les liste électorales, ce qui traduit d'ores et déjà leur refus de participer au référendum et aux élections », explique Brahim Nafai faisant allusion au manque de confiance quant à la transparence des élections. « Nous savons ce que contient la nouvelle Constitution, elle maintient au roi toutes ses attributions passées. Nous refusons cette Constitution ! », s'exclame Abdelhamid Amin, vice-président de l'AMDH. Aux yeux de ce dernier, également coordinateur du Conseil, le Mouvement du 20 février requiert sa « légitimité historique » en ce moment précis : «C'est le dynamo du changement que connaît le Maroc, il devra exister tant que le Makhzen n'est pas encore aboli. Nous devons juste nous assurer de sa réussite en maintenant son unicité, son indépendance et sa popularité. Malheureusement, à ce jour, le combat du Mouvement du 20 février ne se renforce pas tant que les ouvriers, les étudiants et les quartiers populaires ne sont pas suffisamment impliqués». Appelée à agir plus efficacement sur le terrain, l'AG a estimé qu'il est temps pour le CNAM 20 d'élargir son action à l'ensemble des coordinations du Mouvement du 20 février et les encadrer. «Nous avons constitué quatre comités fonctionnels qui n'ont pas encore réussi à accomplir leur mission », reconnaît Mohamed El Aouni, coordinateur du CNAM 20. Et de souligner la volonté de ce dernier de renforcer la représentativité des jeunes en son sein. « Nous avons pour mission de protéger les jeunes et nous sommes appelés à leur apporter un appui politique », précise-t-il. Pas de dissolution en vue, tout au contraire, le Conseil est plus que jamais convaincu que son action risque d'avoir plus d'impact en ce moment précis. Mais pour cela, il sera nécessaire pour ses membres de s'acquitter de leur cotisation d'adhésion (500 dirhams appelée à être augmentée de 100%) afin d'assurer des moyens financiers. Il faudra bien entendu consentir des sacrifices pour que le CNAM 20 puisse agir concrètement. Car, pour le moment, le bilan est unanimement faible aux yeux des membres. Le Conseil revoit sa feuille de route pour répondre aux attentes de ses 97 organismes adhérents. Mais il n'est pas question, selon plusieurs membres du comité de suivi, de répondre favorablement à l'appel de boycott du référendum. Le CNAM 20 préfère attendre les résultats auxquels aboutira ce processus avant de prendre des décisions.