Simon Njami, journaliste, écrivain et commissaire indépendant d'exposition est la figure emblématique de l'art contemporain africain. Retour sur les temps forts de sa vie, consacrée à l'art du continent noir. Agitateur d'idées, faiseur d'art et d'histoire, Simon Njami est l'homme de plusieurs vies. Poussant toujours plus loin les limites de l'art du continent, depuis 2007, en qualité de commissaire d'exposition, ce Camerounais est à l'origine d'une dizaine d'événements culturels comme le premier pavillon africain, Cheklist Luanda Pop, qui avait pris ses quartiers au cœur de la plus importante manifestation d'art contemporain, la 52e Biennale d'Art de Venise. Déjà, en 2000, Njami était l'initiateur de la Biennale d'art contemporain de Dakar. Quand il évoque son enfance, il se dit définit volontiers comme « un enfant sage. Je dévorais des bouquins alors on m'offrait des livres ». Né à Lausanne, son père est professeur de théologie et de philosophie, il grandit en Suisse dans une fratrie de six frères et sœurs. Il y suit sa scolarité dans une école internationale dont il retient « l'ouverture, la découverte », puis s'installera à Paris, pour ses études supérieures où il obtiendra un doctorat en droit et en lettres. Son lien indéfectible à l'Afrique, éclôt avec la création de la magnifique Revue noire, il en est le cofondateur, l'aventure éditoriale prend vie et forme durant huit ans, à coups de personnages et de destins africains au plus fort de troubles socio-politiques. Mais l'exposition détonante dans l'histoire de Njami n'est autre qu'Africa Remix, qui réunit en 2005, 80 artistes : photographes, sculpteurs, peintres et plasticiens au milieu de 200 travaux qui fleurissent tour à tour les murs des galeries de Londres, Paris, Düsseldorf, Johannesburg, Stockholm et Tokyo. Une véritable carthographie artistique de l'Afrique, jalonnant les quatre coins de la planète, à propos de laquelle Njami déclare : « je monte une expo comme j'écris une fiction ». La mission de Simon Njami se poursuit encore entre 2001 et 2007, lorsqu'il chapeaute les mémorables Rencontres africaines de la photographie de Bamako. En digne coagulateur et défricheur d'art, il expose au monde les instantanés soufflant un nouvel esprit de Mohamed Camara, Samuel Fosso ou encore Sammy Baloji. Des noms connus aujourd'hui, et qui ont définitivement signé la griffe du néo- huitième art du continent noir. Trublion, toujours réglé en mode art, Njami continue de poser ses pierres à l'édifice Afrique. Cette année est placée sous le signe de l'exposition, intitulée Broken Memories, qui reviendra sur l'histoire de l'esclavage autour de 60 artistes originaires d'Afrique, des Caraïbes, et d'Amérique. Suivra en 2012, un autre projet, La Divine Comédie de Dante pensée par plus d'une cinquantaine de créateurs africains. Méga exposition d'art dédiée à l'art contemporain qui sera présentée à l'illustre Smithsonian Institution de Washington… Autosatisfaction, reconnaissance pour Simon Njami? « Il y a déjà cinq créateurs africains pour un Français dans les expositions et les biennales ! » L'art du continent a encore de beaux jours devant lui, signe d'élan créatif du genre « Yes, we can ! » Fouzia Marouf (avec agences)