Dix sur dix unanime pour le dixième anniversaire de Mawazine. Pendant neuf jours, le festival a hissé haut les couleurs de l'universalisme. Un kaléidoscope flamboyant et des monstres sacrés ont mis en émoi un public comblé. Bilan d'une kermesse musicale plébiscitée. Des rythmes du monde, il y en avait pour tous les goûts à Mawazine. Sur les neuf scènes installées dans la capitale, les stars anglo-saxonnes ont croisé les décibels avec les voix africaines, maghrébines et locales. Des temps forts inoubliables, avec un Joe Cocker au meilleur de sa forme, dont les célèbres rééditons rock-soul ont encore une fois électrifié la foule. Un Quincy Jones plus généreux que jamais, magnifiquement accompagné sur scène par une myriade de jeunes artistes dans un « Global Gumbo All Stars » très groovy. Yusuf Islam, totalement en symbiose avec sa djellaba rbati. Kanye West épatant lors d'une prestation s'étirant sur deux heures. Côté Maghreb, le concert évènement reste Safy Boutella qui a revisité d'une main de maître le répertoire de Nass el Ghiwane, dans une création exclusive et magnétique à souhait, aux côtés de Victor Wooten et de Saïda Fikri. De grands moments, notamment avec la charmante Hindi Zahra au talent folk-jazz anglo-bebrère irréprochable. La scène de Bouregreg a accueilli une communauté africaine omniprésente et remarquablement survoltée, acclamant avec fougue les grands noms de la chanson africaine. Un Tiken Jah Fakoly accompli, a chanté l'Afrique avec les textes puissants et épicés qu'on lui connaît. Youssou N'dour et Papa Wemba ont livré des prestations vivantes, assaisonnées de délires dansants et de pop aromatique (diffusion remarquée d'odeurs d'Afrique lors du concert de Youssou N'dour). Mory Kanté a mêlé les arômes du Mali et de la Guinée lors d'une prestation collective impressionnante. En fusion évidente avec son groupe, il a joué sa légendaire kora, au son magistral du balafon. La tant attendue Shakira a enflammé samedi la scène OLM Souissi. Tout à sa joie de savoir le Barca champion, la tigresse à la tignasse blonde ne tenait pas en place sur scène, jouant de son pack « sensual » habituel, à coups de déhanchés et petits souffles haletants, enrichi de ses nouvelles envolées à l'harmonica. Les classiques étaient au rendez-vous, pour le plus grand plaisir du public : Whenever Wherever, version plus rock, Gypsy tout flamenco, La Tortura au tempo reggaeton à succès, avant de terminer sur un entraînant et inévitable Waka Waka. Très « show » la loca Shakira… Premier temps fort de la soirée de clôture, le concert de Souad Massi a été un des moments les plus chaleureux de Mawazine. C'est un public conquis qui a accueilli la chanteuse algérienne sur la scène du théâtre Mohammed V, lui offrant une standing ovation avant même le début du concert, aux cris jaillissant de « Souaaaaaaaad ! ». Clappant des mains sans retenue et ne résistant pas à l'envie de bondir pour danser, les spectateurs étaient soudés avec l'artiste à la voix envoûtante, saluant, en fins connaisseurs, chaque mélodie de son répertoire. Céline Girard