Barbès Café au cœur de Paris continue son spectacle jusqu'au 28 mai. La nouvelle génération de chanteurs y entonne les ritournelles des premiers émigrés et reprend leurs refrains cultes et leurs textes poignants. Qui sont ces grandes voix qui ont marqué la chanson maghrébine ? Barbès Café au cœur de Paris continue son spectacle jusqu'au 28 mai. La nouvelle génération de chanteurs y entonne les ritournelles des premiers émigrés et reprend leurs refrains cultes et leurs textes poignants. Qui sont ces grandes voix qui ont marqué la chanson maghrébine ? Sur plus d'un demi-siècle, les chanteurs algériens émigrés, désormais enfants de la France, se sont frayé leurs chemins dans les bistrots de leurs compatriotes, entre Bastille, Nation, Saint-Michel, la Motte-Piquet-Grenelle, Belleville et Barbès. Ils fredonnaient des airs nostalgiques et colmataient les vides de l'exil, devant un public qui s'enivrait de paroles évoquant le bled. Appelés « ouvriers chanteurs», ils étaient, dans leur majorité, des amateurs travaillant le jour dans des conditions difficiles et écumaient, le soir, les anciens bars de la ville en chantant l'Algérie. Leurs chants stigmatisaient les vicissitudes de la société et racontaient les affres de l'éloignement, l'amour de la patrie et les déchirements de l'exil. Aujourd'hui, les nouveaux talents revisitent, à leur sauce, ces grands noms qui ont dessiné les contours de la chanson maghrébine. De grands noms ancrés dans la mémoire collective dont Slimane Azem, Cheikh El Hasnaoui, Mohamed Mazouni, H'nifa, Aït Farida, Ourida, Bahia Farah, Houcine Slaoui, Dahmane El Harrachi, Akli Yahiaten, Kamel Hamadi, Mohamed Jamoussi, Missoum, Salah Saâdaoui ou Oukil Amar. On se souvient tous de la voix rocailleuse de Dahmane El Harrachi et son hymne épique « Ya rayeh wein msafer » repris par Rachid Taha, par Biyouna et le reggae-raiman Cheb. Oukil Amar, autre figure emblématique de la culture de l'exil fut le premier chanteur engagé et politiquement incorrect de l'histoire de la musique maghrébine. Son titre à succès « Chemin de fer » est aujourd'hui revisité par Noureddine Chenoud. Mais c'est le répertoire de Slimane Azem qui a été le plus revisité ; un répertoire dont le titre mélancolique Nedhlev Rebbi est interprété par les chanteuses kabyles Djurdjura. Les mélodies de Slimane Azem, grand interprète des classiques berbères, sont reprises par des artistes comme Boudjemaâ Agraw, Kamel Messaoudi et Nassima (en duo avec Idir sur Ayafrux). Son morceau culte « La carte de résidence » a inspiré Rabah Asma et l'Orchestre national de Barbès ainsi que Mouss et Hakim. Reprises par Hamidou (B'nat el Ghorba) et Nassima (Ya Noudjoum Ellil), DuOud (Sani) et Abdelkader Chaou (Cheikh Mokrane), les chansons du grand Bluesman, Cheikh El Hasnaoui (de son vrai nom Mohamed Khelouat), se sont taillé une grande part dans la liste des anciens tubes remis au goût du jour. Feu cheikh El Hasnaoui était un artiste plein d'humilité, adulé pour ses chansons courtes aux paroles éloquentes où tout est dit avec esthétique et sans fioritures. Revisités également, les trésors de Mohamed Mazouni, autre géant de la chanson algérienne aux refrains puissants frisant l'insolence et l'ironie, dont « Camarade » revisitée par Rachid Taha et la célèbre « Adieu la France, Bonjour l'Algérie » interprétée par Mouss et Hakim. D'autres jeunes talents ont réveillé les chansons subtiles de Akli Yahiaten dont l'immortelle « Ah ya El Menfi » redécouverte par Rachid Taha et «A-Yakham» par Radio Tarifa. Un legs précieux exhumé par des chanteurs respectueux de la mémoire collective maghrébine. Barbès Café continue son show « à l'ancienne », au Cabaret Sauvage à Paris, et accueillera vendredi 27 mai Rachid Taha et Amina, et le lendemain, Mouss et Hakim, ainsi que Djamel Allam. Ce spectacle chargé d'émotion et de nostalgie se veut un hommage, en musique, aux Algériens des années 30 ayant résidé à Paris et chanté l'exil. A l'origine de cette idée, le directeur artistique Meziane Azaïch, qui a voulu reconstituer l'ambiance d'un cabaret d'immigrés dans un spectacle où plusieurs musiciens et une danseuse, défendent un héritage algérien comme faisant partie du patrimoine musical français. Chaque soir, un invité prestigieux se joint aux artistes pour interpréter un morceau de son répertoire et un morceau du spectacle. Parmi les chanteurs qui ont foulé les planches de Barbès Café, citons Kamel Hamadi, Akli D, Souad Massi, Sorif et Idir, Larbi Dida, Emel Mathlouthi, Vigon, Nassima, Gaada Diwane de Bechar. Rappelons que Meziane Azaïch est un immigré algérien qui a longtemps caressé le rêve de créer des lieux de convivialité et d'échanges métissés au cœur de Paris. En 1994, son « Paris » est gagné lorsqu'il découvre un chapiteau de bois et de velours, serti de miroirs et de vitraux, conçu pour mêler spectacles et fêtes : le Magic Mirror. Il y crée le premier Cabaret Sauvage. En 1997, fort de son succès, Méziane fait construire son propre chapiteau et accueille régulièrement artistes confirmés et public enthousiaste. C'est la naissance du « Cabaret Sauvage » qui accueille aujourd'hui danses, musiques, théâtres, concerts et soirées au cœur de la Ville Lumière.