Dans le cadre de Mawazine, Mohcine Jamal se produit le 16 mai à Rabat. Parmi les refrains qu'il entonnera, l'inoubliable «Ahla al aghani». Tangérois de naissance, Mohcine Jamal a fréquenté l'internat Moulay Abdellah et le collège l'Ermitage de Casablanca. Il passait ses vacances entre la perle du nord et Tétouan chez Mohamed El Arbi Tamsamani qui n'est autre que son oncle. C'est chez lui qu'il tata au piano et s'initia au luth, offert par le grand maître de la musique andalouse. De cette période date sa passion précoce pour la musique et le chant. Grand amateur des classiques dont Abdelhalim Hafid dont il imite avec brio le répertoire. Malgré une certaine réticence de la famille qui lui souhaitait d'autres destinées, il ne pensait qu'à une carrière d'artiste. A Tanger et à Casablanca, il fréquentait un certain nombre d'amis qui l'encourageaient dans cette voix, les Khalid Mechbal, Abdeladim Chennaoui, Hassan Rami, El Haj Younès, Moulay Abdelaziz Tahiri, Mohamed Lahyani…. C'est à ce premier cercle d'intimes qu'il faisait lire ses premiers textes dont « Ahla al aghani » et écouter ses premières compositions. En 1983 il réunit un groupe de musiciens tangérois pour travailler sur sa première création, « Ahla al aghani ». Un de ces jours, il leur apprit qu'il a rajouté un petit morceau au troisième couplé, rêvé la nuit. Mécontents, ils cessèrent les répétitions et l'abandonnèrent à son sort. A bout, en pleurs, il rencontre Khalid Michbal qui lui conseille d'aller voir son oncle à Tétouan. Ce dernier le reçoit avec égard et lui promit de faire ce qu'il peut pour l'aider. Ne souhaitait-il pas faire de lui son disciple en musique andalouse ? C'est ainsi que l'orchestre « Al Hilal Attitouani », qui s'est éclaté entre temps, est réuni de nouveau par le maître pour travailler sur les quatre refrains de notre artiste. Une fois les répétitions finies, qui durèrent six mois sous la houlette de Abdelaziz Benazzouz, Abdeladim Chennaoui l'envoie enregistrer à Casablanca chez son ami et regretté Bouazza El Himer, patron de l'un des rares studios d'enregistrement avec Mahjoub Zallag. Avant de prendre la route, il lui offre une bande vierge. Pour réduire les coûts, les quatre chansons devaient être enregistrées en une journée. Aux premières mesures, Mohcine Jamal perd sa voix ! Bouazza le tranquillise et lui offre un verre de thé à la menthe. On commence par « Ahla al aghani » tant que la voix est de retour, question de sauver au moins l'une des quatre. Les morceaux, constituant son premier album, sont mis en boite le même jour en présence d'amis tels Hassan Rami, directeur de la station de radio de Ain Chok, le photographe Maradji et Saadi de Nass el Ghiwane. Les maisons de disques, « Atlassiphone » de Abderrahmane Alami et d'Ouhmane, s'en emparent et la mettent sur le marché. Samira Bensaid l'encourage d'enregistrer à Paris. Un 33 tours sort à la maison qui édita la fameuse « Bitakat hobb » avec laquelle la diva à participé à l'édition 1980 de l'Eurovision. «Les roses m'ont demandé après toi J'ai répondu : Il est égaré dans la vie La vie qui nous a joué des tours Et j'ai souhaité qu'on puisse rechanter ensemble» A la télé, Abdelhadi Tazi filme, en vidéo clip, « Ahla al aghani » dans les décors de Challah à Rabat. Et le refrain est de toutes les soirées et tournées. Repris par des chanteurs Marocains et Maghrébins, il en concocte une version en « Tarifite » (Ayourinou). L'élégant Mohcine Jamal finit par abandonner une prometteuse carrière dans le commerce pour embrasser la carrière ingrate d'artiste. Ne laissa-t-il pas tomber une grande boutique de fringues, située en plein centre de Casablanca, pour son plaisir … et le nôtre ? ■ Samedi 16 mai à 22h15, sur la place Moulay Hassan à Rabat