La 3e rencontre des Marocaines d'ici et d'ailleurs organisée par le CCME s'est tenue les 14 et 15 mai à Montréal. Les marocaines d'Amérique ont eu deux journées pour s'exprimer sur des questions liées aux discriminations dont elles pâtissent, à la citoyenneté qu'elles défendent et à l'égalité à laquelle elles aspirent. La 3e rencontre des Marocaines d'ici et d'ailleurs organisée par le CCME s'est tenue les 14 et 15 mai à Montréal. Les marocaines d'Amérique ont eu deux journées pour s'exprimer sur des questions liées aux discriminations dont elles pâtissent, à la citoyenneté qu'elles défendent et à l'égalité à laquelle elles aspirent. Un accent québécois qui écorche les oreilles, un peuple accueillant et souriant, le froid et la pluie qui balaient du revers de la main le souvenir de la chaleur infernale qui sévit actuellement au Maroc. Il n'y a aucun doute, nous sommes bien à Montréal ! La métropole cosmopolite québécoise est la ville choisie par le Conseil de la communauté marocaine à l'étranger (CCME) pour abriter un évènement qui commence à gagner en maturité, la rencontre des « Marocaines d'ici et d'ailleurs ». Pour ceux qui ne la connaissent pas, cette rencontre vise à réunir, durant un week-end, des Marocaines vivant dans une même zone géographique. Elles peuvent ainsi débattre de leurs expériences, faites de réussites et d'échecs, à la fois entre compatriotes, mais aussi et surtout avec des « Marocaines du bled ». Discriminations subies, vie citoyenne, ou encore actions pour accéder à l'égalité : les axes choisis pour la première édition des « Marocaines des Amériques » se calquent sur ceux de la rencontre des « Marocaines d'Europe » organisée en décembre dernier à Bruxelles. Pourtant, à première vue, les différences entre les Marocains des deux continents sont incontestables. Souvent cataloagués comme les « VIP des MRE », les Marocains munis d'un passeport canadien ou d'une green card sont souvent enviés par les autres. Dans l'inconscient collectif, ils viennent s'opposer, en cela, aux « harragas » que leurs rêves et leur désespoir poussent à traverser les 14 kilomètres les séparant de l'Eldorado européen. Nadia Serhani, membre du groupe de travail « administration, droits des usagers et politiques publiques » au CCME, décrit dans ce sens une population immigrée des Amériques « assez différente de celle d'Europe ». Les femmes sont souvent arrivées par le biais « du regroupement familial, ou seules en tant qu'étudiantes pour consolider leurs compétences ». Physionomie de la population immigrée confirmée par Nouzha Chekrouni, ambassadeur du Maroc au Canada. « On note la présence de hautes compétences qui ont réussi à se faire une place dans un environnement hautement concurrentiel ». Pourtant, les femmes invitées à la rencontre montréalaise ont fait émerger certaines similitudes entre marocains d'Europe et d'Amérique. Une population le plus souvent qualifiée, certes, mais qui n'est pas à l'abri de certains maux impitoyables. Naïma Bendriss, directrice de recherche au centre canadien des recherches sur le Moyen-Orient révèle des chiffres peu gratifiants. « Au Québec, le taux de chômage est de 18% chez les femmes arabes, et de 19% chez les Marocaines ». Sans parler de l'image de la femme arabe, qui souffre encore, dans une certaine mesure, d'idées reçues qui n'agissent pas dans son intérêt. « A travers la différence dont elle est porteuse, la femme arabe, surtout celle voilée, demeure un élément anachronique dans l'espace sociétal », souligne Naïma Bendriss.Mais ces désagréments peuvent être corrigés, et ne doivent pas pousser les Marocaines d'Amérique à se renfermer sur elles-mêmes. Elles ont beaucoup d'histoires de succès à raconter. « Votre contribution au développement de vos sociétés d'accueil est immense », rappelle Fatima Houda-Pépin, Marocaine, première vice-présidente de l'Assemblée nationale du Québec. L'un des secrets de celles qui ont réussi à se faire une place dans leur pays d'accueil est le refus de la ghettoïsation. Une voie déconseillée par Sherine El Abd, membre du conseil d'administration de The Arab American Institut (Etats-Unis). « Vous pouvez rester dans votre communauté pour trouver un conjoint, à la limite. Mais il faut vite en sortir ! C'est impératif ». Aujourd'hui, les Etats-Unis et le Canada sont des destinations très prisées par les Marocains, population de migrants qui est féminisée à 42%. Un taux qui ne devrait pas fléchir de sitôt.