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Contre vents et marées

Réunies à Montréal, les femmes marocaines d'ici et d'ailleurs ont décortiqué les entraves à l'épanouissement des immigrées des Amériques. Mais pas seulement, au bout de deux jours de débat et d'échange, la clôture de la première Rencontre des femmes marocaines des Amériques a été l'occasion de faire des recommandations pour une meilleure intégration.
Organisée les 14 et 15 mai 2011 à Montréal, cette première rencontre des femmes marocaines des Amériques est une initiative du Conseil de la communauté marocaine à l'étranger (CCME). Elle fait suite à celle de Bruxelles, organisée en décembre 2010, et rentre dans le cadre d'une série de réunions régionales initiées par le CCME. Ce nouveau rendez-vous canadien marque ainsi une nouvelle étape de la troisième édition des «Marocaines d'ici et d'ailleurs». Les deux éditions précédentes s'étaient tenues à Marrakech en 2008 et 2009.
A part égale à part entière
«Cet évènement se présente comme un espace d'écoute, de rencontre et d'échange scientifique et culturel. C'est un rendez-vous privilégié où se croisent des parcours de femmes venant du Maroc et issues de l'immigration avec une approche comparative dans un contexte international», explique Amina Ennceiri, présidente du groupe de travail «Approche genre et nouvelles générations» au CCME. Dictée par une conjoncture marquée essentiellement par la féminisation de l'immigration, cette rencontre a été l'occasion de faire l'autopsie d'un vécu particulier de par ses caractéristiques socioprofessionnelles, culturelles, économiques et religieuses.
Pour la petite histoire, l'émigration marocaine aux Amériques remonte au XVIe siècle. Vers les années 1960, sa cadence augmente pour s'amplifier progressivement par la suite. Féminisée à 42%, la migration marocaine a connu une croissance très rapide dans les Amériques. Mal connue malgré son importance, cette même immigration a été mise sous les projecteurs le temps de cette rencontre inédite. Ainsi les 250 femmes marocaines invitées à l'évènement, venant du Canada, des Etats-Unis d'Amérique, du Brésil, du Mexique, du Pérou et du Maroc, ont essayé d'apporter un éclairage scientifique et une meilleure compréhension des problématiques spécifiques de l'immigration marocaine féminine dans cette région. Issues du milieu politique, économique, universitaire, culturel et associatif, les participantes, chacune de par son expérience, ont analysé les différentes composantes de la condition féminine marocaine outre-Atlantique. «A l'instar de leurs compatriotes les hommes, les femmes marocaines immigrent aux Amériques pour les même raisons : identifier des opportunités économiques meilleures. Elles s'expatrient également pour un regroupement familial et il arrive qu'elles s'y installent par accident comme lors de voyages d'études ou de voyages touristiques», décrit Nadia Serhani, installée à Washington et membre du groupe «Administration, droits des usages et politiques publiques au CCME». «Néanmoins, cette immigration reste différente de celle de l'Europe. Elle se caractérise par la haute qualification scientifique et professionnelle de ses femmes» ajoute Serhani.
L'obstacle de l'équivalence
Un point positif qui n'est pas toujours avantageux, surtout sur les terres canadiennes, à cause notamment de la problématique de l'équivalence des diplômes. Une grande question qui mobilise actuellement associations locales et gouvernement marocain afin d'obtenir cette convoitée équivalence. «Lorsque des ingénieurs, des médecins ou de hautes compétences marocaines n'arrivent pas à exercer leur métier en tant que tel au Canada, c'est une forme de discrimination, qu'il ne faut toutefois pas considérer de manière personnelle. C'est une sorte de discrimination qui est liée à la vision d'un pays qui ne reconnait généralement pas les diplômes étrangers», explique Nouzha Chekrouni, Ambassadeur du Maroc au Canada. Une situation plutôt critique pour les immigrés qualifiés en général et pour les femmes en particulier. Mais une lueur d'espoir défile toutefois, car selon Chekrouni, le Maroc essaie d'emprunter le même chemin que la France, qui vient de signer une convention avec le Canada pour la reconnaissance de ses diplômes. «Le cas de la France nous a ouvert la voie et nous sommes actuellement en négociations avec les responsables du gouvernement, de la mairie, des communes, du ministère de l'Intégration et celui de l'Emploi. Ils ont tous exprimé leur volonté de trouver une solution à cette situation. Nous sommes plutôt optimistes», conclut l'Ambassadeur.
Contre la discrimination
Si l'équivalence est un problème épineux pour les immigrant(e)s marocains et marocaines, elle n'en est pas pour autant leur seule contrainte. D'après Naïma Bendriss, directrice de recherche au Centre canadien des recherches sur le Moyen-Orient, qui intervenait dans le cadre du premier axe de cette rencontre, intitulé «Agir contre les discriminations», les femmes marocaines vivent une discrimination aussi bien directe qu'indirecte comme c'est le cas pour les autres femmes arabes. «Ce phénomène est basé sur une non reconnaissance de leurs expériences antérieures, sur une dévaluation de leurs diplômes et sur une exigence insensée d'une expérience québécoise qu'elles n'ont toutefois pas à leur arrivée ici. J'ajouterais à toutes ces barrières une représentation négative et une catégorisation qui en fait des personnes se situant à contre courant de la société», analyse Bendriss. Plein de préjugés et de stéréotypes qui vont à l'encontre du principe d'égalité prôné, que ce soit aux USA, au Canada. Même constat chez Souad Bounakhla, femme entrepreneur et formatrice consultante à Diversité Plus au Canada. Longtemps refoulée à cause de sa «non expérience» canadienne, elle se retrouve au chômage à cause de sa surqualification. Son MBA en gestion des affaires constituait alors un obstacle à son intégration professionnelle. Engagée et fortement volontaire, elle fonde l'Association-école Al-Arabiya, un organisme dédié au rapprochement interculturel. En 2008, Bounakhla a reçu le trophée des femmes arabes, catégorie Grande bénévole. Agir contre la discrimination, Bounakhla n'est pas la seule à mener ce combat, elles sont nombreuses à lutter pour l'égalité.
Egalité et citoyenneté
Deuxième axe de la rencontre, un atelier consacré à l'égalité s'est penché durant deux jours sur les différentes questions liées aux inégalités juridiques, particulièrement celles concernant les dispositions du Code de la famille (Moudouwana) et leur application effective dans les pays de résidence. «Sur ce registre, le premier constat à faire est le manque ou l'absence d'information juridique et de sensibilisation des femmes marocaines immigrantes quant à leurs droits dans les pays d'accueil et même dans leur pays d'origine», annonce Leila Hanafi, avocate maroco-américaine chargée du programme World justice aux USA. Une sous-information qui d'après l'avocate, est à l'origine de beaucoup de problèmes d'ordre familiaux sans parler du ralentissement du processus d'intégration, toujours semé d'embûches. Pour soutenir et orienter juridiquement les femmes expatriées, Leila Hanafi, évoque plusieurs types d'aide. «Il faut que les Marocaines immigrées aux USA sachent qu'elles peuvent trouver de l'aide dans des cabinets d'avocat proposant des prestations gratuites, aux services Pro-Bono, à l'Arab anti-discrimination comittee, à la Legal services corporation et à l'ONG Karamah… ce sont là autant d'alternatives pour connaître ses droits et pour avoir gain de cause en cas de litiges», explique la jeune avocate.
«Femmes et citoyennes» est le troisième axe de la rencontre. Espace dédié aux différentes formes d'engagement civique des Marocaines des Amériques et de celles du Maroc, cet atelier nous rapproche de leur combat quotidien pour l'amélioration de leurs droits sociaux et pour promouvoir leur participation à la vie publique. «S'il y a un conseil que je formule de par mon expérience aux Marocaines expatriées au Canada et aux Amériques en général, c'est de s'impliquer davantage et toujours plus dans l'action civique. Le bénévolat est le meilleur moyen de se faire connaître, de s'intégrer socialement, politiquement et économiquement. Cela peut être également une bonne manière de changer toute forme de préjugés», conseille Fatima-Houda Pépin, première vice-présidente de l'Assemblée nationale du Québec et députée de la Pinière. Considérant Montréal comme étant la ville phare de la condition féminine, la responsable maroco-canadienne a insisté sur l'importance des progrès réalisés afin de faciliter l'intégration des immigrantes dans leur société d'accueil. «Plusieurs mesures visant à promouvoir l'égalité entre hommes et femmes ont été prises. Il s'agit entre autres du déploiement des mesures «travail / famille» et des congés parentaux. La publication d'un guide d'information intitulé «A part égale à part entière» a été également éditée en arabe, en anglais, en français et en espagnol pour une meilleure sensibilisation. Des ententes triennales ont été aussi convenues avec six villes du Canada pour favoriser le principe d'égalité», nous explique-t-elle.
Au niveau communautaire, douze projets ont été subventionnés par le gouvernement du Québec dans cinq régions afin de favoriser l'accès des femmes immigrantes à l'égalité et au respect de leurs droits, même au sein de leurs familles et de leurs communautés», insiste Pépin. Des mesures d'ailleurs confirmées par Helene Fotopoulos, responsable du dossier condition féminine à la ville de Montréal, qui évoque la mise en place d'un programme spécialisé pour les mères et filles migrantes.
Une bonne volonté et autant d'actions, mais «il reste beaucoup de travail à faire à Montréal, au Québec et partout dans le monde. C'est aux femmes marocaines expatriées de développer leurs moyens et de se battre pour prendre la place qui leur revient légalement», comme le résume la responsable canadienne. Rappelons qu'après Montréal, les prochaines rencontres régionales de «Marocaines d'ici et d'ailleurs», seront consacrées aux femmes marocaines de l'Afrique sub-saharienne et des pays arabes. Le rendez-vous est donné courant 2011.


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