La ville portuaire de Misrata est bombardée et assiégée depuis plus de deux mois. Malgré l'intensification des frappes de l'Otan, les insurgés ne parviennent pas à faire des avancées significatives. De son côté, l'Otan, optimiste, pense que le départ de Kadhafi approche. Le point sur la situation. Bombardée sans relâche, la ville de Misrata s'enfonce dans l'enfer. L'intensification des frappes de l'Otan n'a rien changé aux difficultés que rencontrent les insurgés. Si les combattants de Benghazi parviennent à lutter contre les tireurs embusqués dans la ville, ils se retrouvent en revanche désarmés face aux bombardements de l'artillerie lourde kadhafiste qui les frappent de plein fouet. Assiégée depuis plus de deux mois, la grande ville côtière de Misrata est devenue emblématique des affrontements acharnés entre les deux camps. Mais ces derniers temps, la position des anti-Kadhafi se fragilise. Et pour cause, les insurgés, confrontés à des problèmes de ravitaillement, ne peuvent tenir qu'un mois, a déclaré dimanche un porte-parole des combattants de Benghazi. «La ville a des provisions en aliments de base et en eau pour un mois encore», a ainsi fait savoir Saddoun el Misurati. Des opérations de ravitaillement sont organisées par bateau depuis Benghazi, sous la protection de l'Otan. Elles permettent à la ville de recevoir de l'eau, des aliments, des médicaments, du carburants mais aussi des relèves de combattants. Auparavant, ces navires arrivaient à Misrata entre deux et cinq fois par semaine. Mais depuis 15 jours, le port de Misrata est pilonné, et les bateaux n'arrivent qu'une fois par semaine. «Si ces attaques contre le port se poursuivent sans que rien ne soit fait pour éliminer cette menace, nous arriverons à une situation extrêmement mauvaise», a indiqué le porte-parole des insurgés, avant d'insister sur le déséquilibre des forces : «Nous voulons des armes qui changent la donne, quelque chose pour modifier l'équilibre». A partir de sources médicales à Misrata, un bilan des combats et des bombardements a été établi, faisant état de 828 morts et 200 disparus depuis février. De son côté, l'Otan campe l'optimisme. Après plus de 2 300 frappes en deux mois, l'Alliance atlantique estime que le camp de Kadhafi est affaibli. «La partie est terminée pour Kadhafi. Il devrait réaliser rapidement et non plus tard qu'il n'y a pas d'avenir pour lui ou pour son régime», a déclaré Anders Fogh Rasmussen, Secrétaire général de l'Otan, à la chaîne américaine CNN. «Son temps est compté. Il est de plus en plus isolé», a-t-il affirmé. Le représentant de l'Alliance atlantique s'est ainsi montré «très optimiste» concernant un départ prochain du colonel. Il a toutefois tenu à rappeler que la solution à la crise libyenne était politique et non militaire. Pendant que la guerre fait rage en Libye, de nombreux clandestins tentent de fuir le pays en prenant la mer. Un exode des plus périlleux. Samedi soir, un bateau chargé de 600 personnes a fait naufrage près de Tripoli, à peine quelques minutes après avoir largué les amarres. Des dizaines de personnes ont trouvé la mort dans la catastrophe. Le même soir, une autre embarcation en provenance de la Libye a connu un sort plus chanceux. Plus de cinq cent réfugiés ont été secourus dans la nuit alors que leur bateau venait de s'échouer sur des rochers, à quelques mètres du port de Lampedusa. Deux histoires qui évoquent une réalité bien plus massive, puisque selon l'Agence des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR), ce sont plus de 3 200 migrants qui sont arrivés à Lampedusa ces derniers jours. Au total, 10 000 libyens ont fui leur terre d'origine en direction du vieux Continent.