La célébration de la Journée mondiale dela liberté de la presse coïncide avec les tractations en cours sur l'adoption d'un nouveau code de presse. Le 3 mai est célébrée, chaque année, la Journée mondiale de la liberté de presse. La veille, comme il est de coutume, le Syndicat national de la presse marocaine (SNPM) a présenté un rapport sur l'état de la profession. Se voulant en phase avec les revendications du Mouvement du 20 février, le SNPM a haussé un petit peu le ton contre « les alliances financières et politiques qui constituent une grande menace pour la liberté de la presse et le multipartisme au Maroc, puisqu'elles imposent leur domination sur ce secteur-clé au lieu de contribuer à son développement à travers la mise à niveau de ses ressources humaines et ses modes de gestion ». Le document souligne par ailleurs « qu'il est inconcevable d'imaginer la liberté en l'absence d'un système démocratique qui consacre la séparation des pouvoirs et la transparence à travers l'accès à l'information et qui met fin à la mainmise imposée aux médias publics et à l'espace de la liberté de la presse ». Les multiples requêtes et projets de texte de loi qui ont étés soumis au gouvernement et au Parlement afin de limiter les entraves à l'accès à l'information se sont avérés sans effet. Le blocage est omniprésent. Dans son rapport, le SNPM a souligné que « la dynamique démocratique que connaît le Maroc a propulsé aux devants de la scène la question de la réforme du secteur, aussi bien au niveau des structures et des lois qui le réglementent qu'au niveau du rôle qu'il se doit de jouer pour se mettre au diapason des mutations actuelles ». Et les lignes rouges ? Le timing du souhait du syndicat coïncide avec les tractations menées, depuis un certain temps, par le département de Khalid Naciri, aussi bien avec le SNPM qu'avec la Fédération des éditeurs de journaux (FMEJ) pour l'élaboration d'un nouveau code de la presse. Certaines informations ont même avançé que le ministre de la Communication avait tablé sur la sortie de ce code, le 3 mai, afin qu'il coïncide avec la Journée mondiale de la liberté de presse. Par ailleurs, les ONG des droits de l'Homme militent, elles aussi, pour un nouveau code de la presse sans les peines privatives. A cet égard, la Ligue marocaine de la citoyenneté et des droits de l'Homme, proche du parti socialiste, compte dans ce sens lancer une campagne au niveau national. Il faut dire qu'en vertu de l'actuel code de la presse au Maroc, « est puni d'une peine d'un an à cinq ans d'emprisonnement et d'une amende de 100.000 à 500.000 dirhams ou de l'une de ces deux peines seulement, quiconque porterait atteinte au respect dû au roi et aux membres de la famille royale. La même peine est applicable lorsqu'une publication a un contenu qui porte atteinte à la religion islamique ou à l'unité territoriale du royaume ou au régime monarchique ». Début avril, lors d'une rencontre avec le SNPM, Khalid Naciri promettait que le futur code de la presse sera « basé sur les référentiels démocratiques ». Le ministre a évité d'aborder les lignes rouges qui corsètent encore la liberté de la presse dans des carcans de non-droit. Les médias officiels en ébullition La commémoration de la Journée mondiale de la presse a été précédée au Maroc par des manifestations des salariés des médias officiels qui ont osé secouer la chape de plomb. Les locaux de 2M, SNRT et la MAP, ont respectivement connu des sit-in des salariés réclamant non pas des augmentations de salaires, mais une plus grande marge de liberté dans la traitement de l'information. Des revendications que la dynamique du Mouvement du 20 février a rendu possible. Le rapport du SNPM constate par ailleurs que « les médias publics, notamment audiovisuels, ont fait montre d'une incapacité avérée à fournir un service public de qualité reflétant les événements et les grandes questions de la société et ne se sont pas départis de l'aspect officiel lié au pouvoir ».