Le Maroc n'a pas su tirer profit des événements qui se sont déroulés en Tunisie. Le secteur du Tourisme en est aujourd'hui la preuve. Il y a quelques jours, le Conseil régional du tourisme (CRT) de Fès-Boulemane a appelé à la mise en œuvre d'une stratégie efficiente visant à donner un nouveau souffle à ce secteur. «Les membres du conseil appellent les autorités locales ainsi que le ministère du tourisme à prendre toutes les mesures d'urgence nécessaires afin de redresser la situation de crise que connaît actuellement le secteur du tourisme», a annoncé le CRT. Une crise liée, selon lui «aux événements sociopolitiques ayant secoué divers pays arabes d'Afrique du nord et du Moyen-Orient». Une crise générale Mais ce sont surtout les manifestations du 20 février qui en seraient la principale cause. Un sentiment de méfiance s'est peu à peu installé vis-à-vis de la destination Maroc, ce qui fait que les réservations ont commencé à diminuer et les annulations à augmenter. Les associations des hôteliers de la région affirment en effet que 45 à 60 % des annulations ont été reçues depuis le 20 février dernier et couvrent la période allant jusqu'à fin mai. Les maisons d'hôtes ne se démarquent pas du lot puisqu'elles ont enregistré une grande baisse de leurs taux d'occupation sur les quatre mois à venir, en raison notamment de la réduction effective des réservations. De la même manière, les associations des restaurateurs et guides accompagnateurs ont constaté une baisse d'activité de plus de 60 %. En bref, «les professionnels du tourisme soulignent un effondrement de la demande et aucune visibilité pour les mois à venir», lit-on dans un communiqué de presse du Conseil. Si l'appel lancé ne concerne que la ville de Fès, les principales destinations touristiques marocaines sont, également, concernées. A'Agadir, les ventes ont baissé de 20 % dès les premiers jours suivant les manifestations. Aujourd'hui, le taux d'annulation avoisinerait les 40%, selon un professionnel. Tanger est l'une des villes les plus touchées par les manifestations du 20 février. Dans un communiqué publié le 24 février dernier, la Fédération nationale du tourisme (FNT) estimait que «les actes de vandalisme, de pillage et de casse qui se sont produits risquent de se traduire par des annulations de voyages émanant des principaux marchés émetteurs». Alors que les estimations de départ prédisaient un taux d'annulation aux alentours de 20%, le président du CRT Mustapha Boucetta estime la baisse des réservations à entre 40 et 60%. A cela s'ajoute l'annulation des escales de certains paquebots de croisière au port de Tanger. Marrakech ne fait pas exception à la règle. La force et la gravité des actes de vandalisme perpétrés dans la ville ocre ont également eu des effets négatifs. Campagnes de promotion Aujourd'hui, les parties concernées tentent de recoller les morceaux. Le CRT de Fès-Boulemane appelle à la mise en place d'une sorte de plan d'anticipation visant, entre autres, le renforcement des campagnes de promotion et de fidélisation des clients et le développement du tourisme interne. Les professionnels d'Agadir se sont organisés afin de véhiculer une image positive du pays et faire adhérer tous leurs partenaires à l'idée que le Maroc est une destination sûre. Zenagui, le ministre du Tourisme a fait récemment une tournée auprès de certains pays émetteurs. Entre autres objectifs, promouvoir l'image du pays en tant que destination touristique. Si les actions continuent à se multiplier, seul un retour définitif à la normale pourrait garantir une reprise soutenue. Pour le moment, les manifestions qui ont lieu chaque dimanche dans les rues marocaines ne sont pas près d'arranger les choses.