Le personnel médical et paramédical des hôpitaux publics observeront demain mardi une grève d'avertissement de 24 heures. Tous les établissements sanitaires du pays risquent d'être paralysés, à l'exception des urgences et des services de réanimation. L'appel au débrayage a été lancé par les organisations syndicales les plus représentatives du secteur, à savoir la Confédération démocratique du travail (CDT), la Fédération démocratique du travail (FDT), l'Union marocaine du travail (UMT) et l'Union nationale du travail au Maroc (UNTM). L'Union générale des travailleurs du Maroc (UGTM), bras syndical de l'Istiqlal, le parti au gouvernement, n'y participera pas. Ce mouvement de protestation intervient au moment où le gouvernement reprend le dialogue social avec ses partenaires sociaux. Les grévistes reprochent précisément au gouvernement le peu d'intérêt qu'il accorde au dossier de la santé. «Ce dossier ne figure pas à l'ordre du jour du dialogue social. Les problématiques du secteur de la Santé semblent ne pas être une priorité pour le gouvernement et nous n'acceptons pas cette situation», dénonce Abdelkader Tarfai, secrétaire général de la Fédération nationale du secteur de la santé affiliée à l'UNTM. Un avis partagé par les autres centrales, qui visent à travers cette grève d'avertissement, à «attirer l'attention du gouvernement sur l'urgence d'agir». Manque de compétence du personnel Les syndicats reprochent à l'équipe de Abbas El Fassi d'avoir ignoré les revendications du personnel médical et paramédical et les propositions discutées avec le ministère de la Santé. «Le dialogue avec le ministère de la Santé n'est pas un objectif en lui-même. Ce que nous voulons, c'est que le gouvernement se penche sérieusement sur les problèmes du secteur et prenne en considération les revendications du personnel. La situation est intenable. Les professionnels ne peuvent plus travailler dans ces conditions. Le secteur souffre de plusieurs maux, comme le manque criant de compétences médicales et infirmières. Des médecins sont morts, d'autres sont partis à la retraite ou ont quitté le pays pour exercer sous d'autres cieux, mais ils ne sont pas remplacés ! Il est insensé qu'un travail accompli par une dizaine de personnes soit aujourd'hui effectué par une seule. Ce sont des défaillances auxquelles il faut remédier sans attendre», martèle ce professionnel. Révisions des statuts des fonctionnaires La révision des statuts des fonctionnaires de la Santé publique (médecins, infirmiers, enseignants universitaires, personnel administratif, techniciens, etc.) est l'une des revendications des centrales syndicales. Elle aura certainement un impact budgétaire conséquent, mais la question n'est pas encore tranchée. Elle n'a même pas fait l'objet d'un réel débat dans le cadre du dialogue social et les professionnels restent dans l'expectative. Par ailleurs, les grévistes dénoncent dans un communiqué «la mauvaise gestion du secteur de la Santé» et les conditions de travail du personnel qualifiées de «catastrophiques». «Les moyens financiers sont là mais ne bénéficient pas aux professionnels, faute d'une bonne gestion du secteur. Nous avons besoin d'une réelle politique de la Santé, qui prenne en considération la réalité du secteur et les conditions du citoyen. La problématique de la santé ne peut plus être marginalisée», prévient Abdelkader Tarfai, qui appelle à un débat profond. La grève n'est qu'un avertissement. Les centrales brandissent la menace d'un mouvement de protestation plus dur, pour faire entendre leurs voix. «La grève n'est pas une manifestation isolée», note ce syndicaliste. «Nous n'acceptons pas que le statu quo perdure. Nous voulons une action urgente. Nous allons poursuivre notre mouvement jusqu'à ce que le gouvernement prenne conscience de la gravité et de l'urgence de la cette situation».