La nouvelle phase que le Maroc aborde exige d'être accompagnée par une batterie de mesures capables de la préserver de l'échec. Khalid El Hariry, député USFP, s'est montré partisan d'une reconquête de la confiance du peuple marocain par des actes simples qui ne nécessitent pas trop de réunions ou de palabres. Et de donner comme exemple : « la libération des détenus d'opinion, le déverrouillage des médias publics et l'adoption des mesures aptes à assurer une bonne gouvernance économique ». L'opérationnalisation des réformes est un autre moment-phare dans l'intervention de cet USFPéiste, appelant « à l'adoption d'une nouvelle loi sur les partis et les élections en vue de lever les verrous constitutionnels qui corsètent l'action du parlementaire ». El Hariry fait référence à l'article 51 de la Constitution que brandit le ministre des Finances pour faire obstacle aux amendements des députés même s'ils recueillent la majorité des voix au sein de la commission du même nom : un petit article 19, mais destiné uniquement au députés. «Des actions qui doivent êtres menés en parallèle», insiste El Hariry. De la politique à la sociologie, nombreux sont les points de rencontre. Jamal Khalil, sociologue, a parfaitement représenté cette connexion entre le deux « mondes ». Parfaitement dans son rôle, il a commencé par inviter les participants à un voyage dans le temps. « Nous sommes dans une étape d'espoir qui n'est pas sans rappeler celles des années 50 et le début de règne de Mohammed VI ». Une fois ce constat énoncé, Khalil demande : « Comment faire pour ne pas rater ce rendez-vous avec l'espoir qui se profile et ne pas subir la même issue que les précédents? ». La question à le mérite d'être posée ; elle puise sa légitimité dans les échecs et les expériences avortées qui malheureusement jalonnent l'histoire du Maroc. « Garantir les conditions de la réussite de cette nouvelle étape est tributaire d'associer le peuple à cette réflexion sur le changement », souligne Khalil. Et d'appeler à la mise en place à des « relais pour écouter le peuple ». Justement, une des raisons de l'émergence du mouvement des jeunes, c'est que le peuple n'était pas écouté. Karim Tazi. « Avant d'être l'expression d'une demande démocratique en terme de partage de pouvoirs, la révolte du 20 février est d'abord une sanction d'un échec en terme de gouvernance. Il faut donc, à la fois, désamorcer la révolte et répondre à ses revendications. Et pour cela, il ne faut pas attendre la nouvelle Constitution. Le fait que ce soit la dénonciation de «al fassad» qui domine les slogans en est la meilleure preuve. Le démontage des symboles de cette corruption politico-économique est une urgence si on veut, à la fois, reconquérir la confiance de la population et commencer à traiter le mal à sa racine ». Et d'ajouter que « le changement que les Marocains attendent peut-être comparés a une fusée à plusieurs étages, la réforme constitutionnelle n'est qu'un étage, la restauration de la confiance du peuple dans les institutions étant la plus importante ». Karim Tazi donne quelques pistes pour aborder les autres étages de la fusée : « éloigner les personnes symboles de la corruption politique et économique, le déverrouillage de la langue de bois dans les médias et la levée de cette camisole de force qui emprisonne la société, la CGEM et la presse indépendante. Des mesures qui, une fois adoptées, accréditeront l'idée que nous sommes en phase de réellement tourner la page ». Pratiquement sur la même longueur d'onde, du moins sur ce point, Ryad Mezzour, acteur économique, appelle de tous ses vœux à un déverrouillage des médias officiels. Il réaffirme le constat déjà fait par les autres intervenants : « Nous sommes en face d'une opportunité historique de changement qui donne l'occasion aux Marocains de se demander qui sommes-nous et jusqu'où nous voulons aller dans ce processus de réforme ? ». La réponse à ces interrogations « doit se traduire par des actes en harmonie avec les grands principes des droits de l'Homme universellement reconnus, et par la mise en place de textes régissant et encadrant le quotidien des Marocains. Dans le cas contraire, nous aurons gagné trois mètres de démocratie et rien de plus. Et le pouvoir réel demeure toujours entre des mains occultes ». Un avis qui s'approche des slogans des jeunes du 20 février. « le mouvement s'est fait le porte-parole des revendications partagées par l'ensemble du peuple marocain. Le mouvement représente les personnes qui n'adhèrent pas à des partis. Et c'est une opportunité pour ces formations de renouer avec des demandes qu'elles avaient soulevées dans la passé et qu'elles avaient progressivement mises sous le boisseau », souligne Houda Salhi du mouvement des jeunes du 20 février. Bien en verve, elle aborde la question des réformes de la Constitution pour réitérer le refus de son mouvement de la nomination de la Commission de Mennouni, appelant en revanche à son élection. « Nous voulons un changement total de la Constitution sans la prééminence des constantes de la nation ni des sept points ». S'il y a une expression qui a été maintes fois évoquée par les intervenants à ce premier débat initié par le Soir échos, c'est incontestablement, l'expression « rétablir la confiance ». La vedette et une urgence partagée par nos invités. La Commanderie des croyants Hommage au PSU Partis et mouvement du 20 février