La contre-offensive des troupes pro-Kadhafi se poursuit dans les villes aux mains des insurgés. Jeudi matin, la ville de Zaouïah, située à 50 km de Tripoli, était assiégée par les forces loyales à Mouammar Kadhafi alors que dans la partie Est du pays, des raids aériens ont touché la ville pétrolière de Ras Lanouf. En pleine guerre contre les insurgés, le « Guide » libyen a également mis à prix la tête de Mustapha Abdeljalil, ancien ministre de la Justice, devenu le chef du Conseil national formé par les insurgés à Benghazi. Kadhafi a promis une récompense de 410.000 dollars à celui qui le capturerait. De son côté, Mustapha Abdeljalil, dans un entretien accordé au quotidien allemand Die Welt, a lancé un appel à l'aide à la communauté internationale : «S'il n'y a pas d'intervention internationale, Kadhafi anéantira notre pays. Cela lui est égal si les gens meurent», affirme le dirigeant du Conseil national de transition (CNT). Tandis que les combats continuent sur le sol libyen entre les anti et pro-Kadhafi, chaque camp tente donc d'obtenir le soutien de la communauté internationale. Guerres diplomatique et médiatique La guerre entre pro et anti-Kadhaffi se déroule aussi sur le front diplomatique. Représentant les insurgés anti Kadhafi, le Conseil national de transition tente d'obtenir une légitimité auprès des puissances étrangères. Mardi, dans un discours devant des députés européens, un des représentants du CNT, Mahmoud Jebril, a demandé à l'Union européenne de reconnaître «le plus tôt possible» l'opposition libyenne comme seule autorité légitime. Une requête refusée mercredi par la chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, qui a estimé que cette décision revenait aux Etats membres. En revanche, la France a fait un geste fort jeudi en reconnaissant le CNT comme le seul représentant légitime du peuple libyen. Deux émissaires du CNT ont ainsi été reçus à l'Elysée jeudi matin. Dans cette perspective de reconnaissance diplomatique du CNT, l'ambassade de Libye en France va être réouverte et un ambassadeur français va être envoyé à Benghazi. Le responsable de la diplomatie française, Alain Juppé, a également appelé jeudi les Européens à engager le dialogue avec les nouveaux responsables libyens et réaffirmé que le président Kadhafi devait partir. De son côté, le colonel lance aussi ses émissaires à la conquête diplomatique du vieux continent. Un représentant a rencontré jeudi le secrétaire d'Etat grec aux Affaires étrangères, après qu'un premier émissaire se soit déjà entretenu la veille avec le chef de la diplomatie portugaise. Chaque camp tentait ainsi d'avancer ses pions sur l'échiquier diplomatique, juste avant l'ouverture des deux sommets de l'UE et de l'OTAN à Bruxelles. Sur le front médiatique, le colonel multiplie les interviews, accusant toujours les puissances occidentales et Al- Qaïda d'être à l'origine des troubles. «La guerre juste» Jeudi midi, une première réunion de l'OTAN a réuni les ministres de la Défense pour discuter des options militaires. Une réactualisation du débat sur «la guerre juste» sous le prisme libyen. Si certains jugent une opération militaire juste, d'autres n'hésitent pas à brandir les spectres des mauvaises expériences passées, comme en Irak ou en Afghanistan. La zone d'exclusion aérienne reste toujours évoquée pour empêcher les bombardements de l'aviation libyenne. Une option condamnée fermement par Kadhafi. «Les Libyens verront ce que ces pays veulent vraiment faire – prendre leur pétrole – et ils prendront alors les armes», a-t-il affirmé. Du côte de l'opposition, un telle mesure est souhaitée. «Une zone d'exclusion aérienne est tout ce que nous voulons (…) Mais nous ne voulons pas de soldats étrangers en Libye», a précisé Mustapha Abdeljalil.