Les greffiers perceveront leurs allocations dès la semaine prochaine. Toutefois, le bras de fer ne cessera que si Abbas El Fassi honore les engagements de son ministre de la Justice. La tension que vivaient les tribunaux du pays commence peu à peu à s'atténuer. Après l'accord signé le 14 février avec le ministre de la Justice, Mohamed Naciri, visant à mettre fin à leurs grèves cycliques, les greffiers, via leur syndicat SDJ (Syndicat démocratique de la justice), ont tenu lundi une réunion avec des représentants des ministères de la Justice et de la Modernisation des secteurs publics : «600 techniciens travaillant dans le greffe bénéficieront des mêmes avantages que les greffiers», rapporte au Soir échos, Abdessadek Essaidia, le secrétaire général du SDJ. Sur les termes de l'accord du 14 février, le syndicaliste précise que les parties ont convenu que «dès la semaine prochaine, les salariés commenceront à percevoir leurs allocations de 2010. Le ministère de la Justice a également adressé des correspondances au département de Saâd Alami et au Secrétariat du gouvernement pour la modification de l'arrêté 403 et de l'article 4 de la Fonction publique avec l'optique de doter les greffiers d'un statut spécial». Une répartition qui ne fait pas l'unanimité En dépit de ces «bonnes» informations, des syndicalistes montent au créneau pour critiquer le fonctionnement du Compte spécial d'indemnisation des greffiers. Mis en place à l'issue du Conseil des ministres de septembre dernier, cette trouvaille du ministre des Finances éviterait au budget de l'Etat d'être mis à contribution sur ce dossier. Le compte existait déjà et était alimenté à partir des amendes et des taxes payées par les justiciables. La manne financière ainsi générée servait à la restauration des tribunaux et à l'octroi de primes pour les salariés. Globalement, les indemnisations annuelles oscillent entre 13.300 pour le bas de l'échelle et 44.600 pour les hauts fonctionnaires. Dans le détail, les greffiers classés à l'échelle cinq percevront 13.300 DH par an, pour les salariés gagnant entre 2.000 et 2.300 DH par mois. Ceux classés à l'échelle six seront indemnisés de 14.100 DH. Les greffiers classés à l'échelle sept percevront 18.360 DH et ceux à échelle huit, 19.900 DH. Pour les échelles neuf, dix et onze, les greffiers percevront des indemnisations respectives de 22.080 DH, 25.480 DH et 35.400 DH. Pour terminer, les hauts cadres seront indemnisés à hauteur de 44.600 DH. Cette répartition des allocations ne fait toutefois pas l'unanimité : «Elle a été élaborée sans concertation préalable avec les syndicats. C'est une mesure unilatérale, comme la décision des allocations approuvée lors du Conseil des ministres de septembre dernier», fustige Abdellah Charifi Alaoui, secrétaire régional du SDJ à Casablanca.Charifi n'hésite pas à avertir que ces «allocations ne doivent en aucun cas se substituer au statut fondamental de la profession, tel qu'annoncé par le roi Mohammed VI dans son discours du 20 août 2009». Même son de cloche de la part de Abdessadek Essaidia, le secrétaire général du SDJ qui se dit compréhensif de ces critiques : «C'est pour ces raisons que nous avons proposé au gouvernement de supprimer l'échelle sept et d'instaurer des allocations figurant sur le salaire de base des greffiers». Pour mémoire, lors de l'annonce unilatérale de l'octroi de ces allocation, le Syndicat démocratique de la justice affilié à la FDT a fait montre de son opposition à cette mesure, par une série de grèves. Les révolutions en Tunisie et en Egypte ont amené le SDJ à mettre de l'eau dans son vin et à accepter de signer une trêve avec le gouvernement, laquelle expire fin avril. D'ici-là, l'équipe de Abbas El Fassi est tenue d'honorer les engagements de son ministre de la Justice. u