Depuis le commencement des événements en Tunisie et maintenant en Egypte et demain Dieu sait où, le terme des réseaux ou médias sociaux revient en boucle chez tous les observateurs. Et pour cause, les révoltes-Intifadas tunisienne ou égyptienne n'auraient certainement pas pu s'amorcer de la même manière avant l'ère d'Internet et des réseaux sociaux, en l'occurrence Facebook dont le créateur a été désigné personnalité de l'année par la revue «Time», et l'outil de microblogage Twitter. Certes, les réseaux sociaux, et plus particulièrement Facebook, portent atteinte d'une manière flagrante à la vie privée de l'individu, qui n'est plus maître de ses données ni de leur diffusion sur la toile, et qui de surplus peut voir ses données ou plutôt ses photos affichées sur le «mur» d'un autre facebookien qu'il ne connaît même pas ! C'est le phénomène de «redocumentarisation» comme nous diraient les spécialistes des sciences de l'information. Néanmoins, avec Facebook, tout utilisateur tunisien, égyptien ou autre a su qu'il n'était pas tout seul a espérer le changement et a se sentir humilié et offensé. Un peu partout, les gros titres de la presse n'hésitent pas à lier intrinsèquement chute du tyran et protestations en ligne. Facebook, Twitter, YouTube deviennent les outils préférés pour lancer des mots d'ordre, coordonner des rassemblements et diffuser les images violentes de la répression et de la barbarie. Facebook permet par exemple de se rendre compte que la majorité des gens est contre Moubarak en Egypte. Ainsi tout Egyptien ne se sentira pas seul et par conséquent n'aura plus peur; les images retransmises depuis la Place Tahrir du Caire sont une preuve à l'appui ! Interrogé par «Le Nouvel Observateur», l'écrivain tunisien Abdelwahab Meddeb déclare : «Nous avons assisté à la première révolution pacifique par Internet. C'est un événement inaugural. L'effet de ce qui s'est passé en Tunisie sera considérable… ». Le phénomène Twitter, surtout couplé aux téléphones mobiles, est d'un autre ordre: c'est un outil de réseau social et de microblogage qui permet à l'utilisateur d'envoyer gratuitement des messages brefs, tweets , par Internet, par messagerie instantanée ou par SMS.. il se trouve à mi-chemin entre le blog (long texte) et la messagerie instantanée (texte très court). Twitter permet de se retrouver pour une manifestation, d'échanger les toutes dernières nouvelles ou d'envoyer, toujours très vite, des images ou des informations partout dans le monde. Le quotidien français Libération explique ainsi que «les réseaux sociaux ont été une pièce maîtresse de cette révolution». La radio nationale américaine déclare par exemple que «les médias sociaux sont à créditer du renversement tunisien». Il est vrai qu'il y a eu des mobilisations et des révolutions avant la naissance de Facebook et Twitter ! Les réseaux sociaux actuels ne sont donc pas seuls à l'origine de la mobilisation. Ils en sont l'un des vecteurs….ou le vecteur dominant. Ils permettent de lever l'hypothèque de l'isolement et permettent ensuite, la coordination du mouvement. La révélation du statu-quo n'est elle pas suffisante pour amorcer son changement ?