La contestation de la rue s'est poursuivie lundi pour le septième jour consécutif. Réclamant le départ de Hosni Moubarak, les protestataires entament une grève générale et appellent à une marche d'un million de personnes aujourd'hui. De son côté, le président égyptien refuse de céder. Les manifestants tiennent bon. Dans les rues depuis sept jours, les protestataires se sont promis de résister jusqu'au départ du président égyptien Hosni Moubarak. Dans la nuit de dimanche à lundi, plusieurs milliers de manifestants ont campé sur la Place Tahrir, verrouillée par de nombreux chars. Lundi matin, la situation s'est durcie avec une présence renforcée des militaires aux abords de la place, haut-lieu de protestations des Cairotes, ainsi que dans tout le centre ville. Dans les rues de la capitale, la tension était perceptible, avec l'apparition de barbelés et blocs de bétons pour bloquer les déplacements des manifestants. Conscients de la tension montante, les pays étrangers ont entrepris de rapatrier leurs ressortissants.Les Etats-Unis s'apprêtaient lundi à évacuer des milliers d'Américains, à l'image des rapatriements déjà entrepris par le Canada, le Liban, l'Arabie Saoudite, le Turquie et bien d'autres pays. « Je ne vous ai pas compris » Lundi, le mouvement s'est amplifié d'un appel à la grève générale, lancé par l'opposition. «Nous nous joindrons aux travailleurs de Suez et commencerons une grève générale jusqu'à ce que nos demandes soient satisfaites», a déclaré un organisateur, Mohamed Waked. Aujourd'hui, mardi 1er février, une «marche d'un million» de personnes est prévue afin de faire aboutir les exigences des manifestants. Face à la pression de la rue, le nouveau gouvernement égyptien s'est réuni dimanche soir pour fixer ses nouvelles priorités. Son objectif n°1 : « rétablir le calme et la stabilité», ce qui se traduit par le retour de la police dans les rues, après deux jours d'absence, et la prolongation d'une heure du couvre-feu. Autant de mesures qui indiquent que Hosni Moubarak n'entend pas partir de sitôt, ni stopper la répression violente du mouvement. Dimanche, dans une déclaration diffusée par la télévision d'Etat, il a annoncé vouloir rétablir la confiance et le dialogue. «Avant tout, j'insiste sur l'importance d'entreprendre complétement et urgemment de nouvelles mesures, durables, pour plus de réformes politiques, constitutionnelles et législatives par le dialogue avec toutes les parties», a-t-il déclaré. Dans son allocution, il a également chargé son nouveau Premier ministre Ahmad Chafic de dialoguer avec l'opposition. La pression des Etats-Unis pour une transition démocratique en Egypte s'accentue. «Le président a réaffirmé son opposition à la violence et ses appels à la retenue ; le soutien aux droits universels, y compris au droit de réunion, d'association et d'expression pacifique ; et le soutien à une transition en bon ordre vers un gouvernement qui soit sensible aux aspirations du peuple égyptien», a indiqué dimanche la présidence américaine. L'avenir aux mains des militaires La chef de la diplomatie américaine, Hillary Clinton, n'a toutefois pas caché l'inquiétude de voir se répéter en Egypte un scenario comparable à celui de la révolution iranienne. «Nous ne souhaitons pas voir une prise de pouvoir qui ne mènerait pas à la démocratie mais à l'oppression et à la fin des aspirations du peuple égyptien», a-t-elle dit. «Nous voulons des élections démocratiques, et que le peuple égyptien ait une chance de dessiner un nouvel avenir», a-t-elle indiqué de façon claire sur CBS. Dans une telle configuration, le sort de Moubarak semble être entre les mains des dirigeants de l'armée égyptienne. Face à la pression montante, le président Housni Moubarak, lui-même ancien général, s'est donc longuement entretenu ces derniers jours avec les chefs militaires. «L'armée se trouve dans une situation délicate et elle doit décider quoi faire avec le président», estime l'analyste Faysal Itani, cité par l'agence Reuters. «L'armée peut voir en Moubarak un fusible. Mais elle ne souhaite pas le voir s'enfuir la queue entre les jambes comme Ben Ali. Je pense qu'elle veut le voir s'en aller proprement».