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Week-end chaotique dans plusieurs villes égyptiennes Egypte : Le peuple s'accroche à ses revendications, Moubarak s'accroche au pouvoir
Les morts par dizaines et les blessés par centaines
Un sixième jour de révolte a débuté ce dimanche. Des manifestants ont bravé le couvre-feu tôt au matin pour continuer d'exiger le départ d'Hosni Moubarak qui a nommé un vice-président pour la première fois en trente ans, sans pour autant pouvoir apaiser la colère des Egyptiens. Au cinquième jour de manifestations sans précédent, on a déploré plusieurs dizaines de personnes tuées. Les investisseurs et les touristes ont pris peur et fuite. Une vingtaines de vol spéciaux ont quitté ce week end le Tarmac de l'aéroport du Caire. Au moins 102 personnes ont été tuées depuis le début des manifestations contre le régime, dont 33 samedi. La contestation se maintient en Egypte. Des centaines de manifestants se sont à nouveau rassemblés dimanche matin dans le centre du Caire pour réclamer le départ du président Hosni Moubarak et contester sa décision de nommer un vice-président. Par ailleurs, la ville, qui s'est réveillée dimanche au lendemain d'une journée de manifestations, fait face aux pillages. Des habitants se sont regroupés en milices pour se protéger. L'armée, que le président Moubarak a appelé à la rescousse pour rétablir le calme, s'est déployée devant les principaux bâtiments officiels de la capitale, mais des quartiers entiers sont livrés à eux-mêmes. En outre, plusieurs milliers de prisonniers se sont évadés d'une prison du nord de la mégalopole. Près d'une autre prison, des dizaines de corps gisaient sur la chaussée après des violences commises dans la nuit. Depuis vendredi la principale revendication des manifestants est que le pouvoir qui doit changer de mains. Un seul mot d'ordre: Moubarak Out! Samedi, les slogans étaient on ne peut plus explicites : Moubarak dehors ! certains arboraient des affiches avec un portrait du président égyptien barré d'une croix. L'annonce d'un nouveau gouvernement n'a pas réussi à calmer les manifestants. Au contraire. Une manifestante bravait samedi déjà le couvre-feu depuis quatre heures de l'après-midi, et continue à réclamer le départ du président : «Je veux que Hosni Moubarak s'en aille, On ne veut ni Omar Souleimane, ni personne d'autre du système. Il faut faire des élections et que le peuple choisisse son président ». « On a besoin d'une personnalité indépendante, comme par exemple Amr Moussa qui peut diriger un gouvernement transitoire et on pourrait avoir des élections indépendantes et transparentes. Quel est le problème ? On a vécu trente ans avec ce régime, moi j'ai 36 ans, j'ai vécu l'injustice, la discrimination, la corruption, pourquoi, pourquoi il reste aussi longtemps au pouvoir ? Ca suffit, ça suffit Moubarak ! », ajoute-elle . Les manifestants criaient « Moubarak, dégage ! on n'a pas besoin de lui, on ne l'aime pas, on le hait. Plus de 40% des Egyptiens vivent sous le seuil de pauvreté. On vit dans la misère (...) à cause de Hosni Moubarak. Le soir du 29 janvier, des bâtiments étaient en feu, la capitale était livrée aux casseurs et aux pillards. L'armée a appelé la population au respect du couvre-feu, notamment, pour lui permettre de faire face au phénomène de pillage. Des comités de quartier se sont formés pour résister aux pillards. Au Caire, la police a tiré à balles réelles sur des manifestants qui tentaient hier d'investir le ministère de l'Intérieur faisant trois morts. Pour la seule journée du 29 janvier, 68 personnes ont été tuées au Caire, à Suez et à Alexandrie dont 17 personnes abattues par la police à Béni Youssef, au sud de la capitale. Deux militaires pour la continuité Samedi, le président Hosni Moubarak a nommé le chef des renseignements, Omar Souleimane, vice-président, une première en trente ans. Il a également désigné samedi aux fonctions de Premier ministre Ahmed Chafik, ancien commandant de l'armée de l'air et ministre sortant de l'Aviation, qui est chargé de former un nouveau gouvernement. Des nominations qui n'ont pas convaincu les manifestants égyptiens qui continuent de réclamer le départ de Moubarak. "Ce n'est pas acceptable, Moubarak doit démissionner. Les manifestations ne cesseront pas avant que ce soit le cas", a dit Mohammed Essawy, 26 ans. Sur la promenade de la corniche qui longe le Nil au Caire, des manifestants ont bravé le couvre-feu tôt dimanche en restant près des tanks où ils ont discuté avec des soldats qui ne sont pas intervenus pour disperser la foule. Armés de pistolets, de bâtons et d'armes blanches, des Egyptiens se sont rassemblés en comité de vigiles pour protéger les magasins et les maisons des pillages après la disparition de la police dans les rues de la capitale. Paris, Berlin et Londres pour la fin du régime de Moubarak ? Bien que redoutant une plongée dans l'anarchie qui déstabiliserait la région, les puissances occidentales alliées de Moubarak, semblaient estimer que les concessions de Moubarak n'étaient pas suffisantes. En Europe, les dirigeants français, allemands et britanniques, ont publié un communiqué commun dans lequel ils remercient Moubarak d'avoir contribué à la stabilité du Moyen-Orient tout en appelant de leurs voeux l'organisation d'élections, qui signeraient très probablement la fin du régime de Moubarak. "Je ne vois pas comment cela ne pourrait pas être le début de la fin de la présidence de Moubarak. Il semble que sa tâche soit désormais d'essayer et de réussir la transition", a indiqué Jon Alterman du Center for Strategic and International Studies. A Washington, le porte-parole du Département d'Etat, P.J Crowley, a estimé que le gouvernement égyptien ne pouvait pas "rebattre les cartes et puis rester intransigeant."