Le peuple égyptien est en colère. Le discours du président Hosni Moubarak n'a pas calmé sa rage. Les manifestations se poursuivent depuis six jours. Bilan: plus d'une centaine de morts. Les journées de la colère se succèdent en Egypte. Le peuple est bien décidé à «révoquer» le président Hosni Moubarak. Ce dernier croyait calmer les ardeurs lors de son discours télévisé diffusé dans la soirée du vendredi 28 janvier. Le président a promis des réformes économiques pour améliorer le niveau de vie et lutter contre la pauvreté. Dans son discours il a également annoncé le limogeage du gouvernement et la constitution d'une nouvelle équipe dès le lendemain matin. Samedi 29 janvier, Moubarak a en effet annoncé la désignation de Omar Souleiman, le chef des renseignements, en tant que vice-président et Ahmed Chafik quitte son poste de ministre de l'Aviation pour prendre la tête du gouvernement. Intrépidité et interventions meurtrières Ceci n'a pas convaincu les Egyptiens qui sont encore descendus dans la rue par dizaines de milliers, samedi 29 janvier défiant le couvre-feu imposé par le pouvoir. Ces manifestations ne se sont pas faites sans heurts. Depuis le début de cette révolte, à savoir le mardi 25 janvier, environ 102 personnes ont été tuées. Plusieurs chefs d'Etat ont réagi à cette situation devenue incontrôlable en Egypte. Mais ceux qui ont été le plus entendus sont, sans aucun doute, les Américains. Le président Barack Obama a appelé samedi le pouvoir égyptien à faire preuve de retenue envers les manifestants. Le président français, la chancelière allemande et le Premier ministre britannique ont publié, quant à eux, samedi une déclaration conjointe dans laquelle ils se disent «vivement préoccupés par les événements» en Egypte. «Nous appelons le président Moubarak à éviter à tout prix l'usage de la violence contre des civils sans armes et appelons les manifestants à exercer leur droit pacifiquement», dit la déclaration de Nicolas Sarkozy, Angela Merkel et David Cameron. Si les autorités israéliennes ne s'étaient pas exprimées jusqu'à présent sur la contestation du régime de Hosni Moubarak en Egypte, le Premier ministre Benjamin Netanyahu s'est rattrapé le dimanche matin, sixième jour des manifestations. Il a déclaré qu'Israël doit faire preuve de «responsabilité et de retenue» face à la situation en Egypte, que l'Etat juif observe avec «vigilance». Ni le discours de Hosni Moubarak, ni les réactions internationales n'ont arrêté le peuple égyptien. Des centaines de manifestants se sont à nouveau rassemblés dimanche matin dans le centre du Caire pour réclamer le départ du président Hosni Moubarak et contester sa décision de nommer un vice-président. «Ce n'est pas acceptable, Moubarak doit démissionner. Les troubles publics ne cesseront pas avant que ce soit le cas», a dit Mohammed Essawy, 26 ans, à une agence de presse. Al-Jazeera, non grata Par ailleurs, la ville, qui s'est réveillée dimanche au lendemain d'une journée de manifestations, fait face aux pillages. Des habitants se sont regroupés en milices pour se protéger. L'armée, que le président Moubarak a appelée à la rescousse pour rétablir l'ordre, s'est déployée devant les principaux bâtiments officiels de la capitale, mais des quartiers entiers sont livrés à eux-mêmes. En outre, plusieurs milliers de prisonniers se sont évadés d'une prison du nord de la mégalopole. Près d'une autre prison, des dizaines de corps gisaient sur la chaussée après des violences commises dans la nuit. Dimanche matin, le ministre égyptien de l'Information sortant, Anas el-Fekki, a ordonné l'interdiction de la chaîne satellitaire Al-Jazeera, qui couvre les événements. La chaîne a dénoncé cette décision qui «vise à censurer et faire taire les voix du peuple égyptien». La chaîne, qui a fait état de la décision égyptienne, continuait de diffuser ses programmes en Egypte.