Lors de sa dernière interview télévisée, le président égyptien n'a pas laissé entendre qu'il pourrait se retirer du pouvoir. Exaspéré, le Mouvement démocratique égyptien "Kifaya" a organisé plusieurs manifestations dans le pays. En Egypte, la dernière sortie médiatique du président égyptien, Hosni Moubarak, a provoqué plus de mal que de bien. Voulant se faire créer une nouvelle image, Moubarak n'a fait qu'augmenter le mécontentement du mouvement démocratique égyptien "Kifaya" ("ça suffit"). Dans une interview télévisée d'une durée de sept heures diffusée dimanche dernier, le président Moubarak a déclaré qu'il n'avait pas encore décidé s'il briguerait un cinquième mandat consécutif. Moubarak a ajouté qu'il n'annoncera son choix qu'après la fin du débat parlementaire sur une proposition d'amendement de la Constitution. «Le Parlement devrait avoir fini de rédiger son projet d'amendement constitutionnel le 10 mai, avant que la modification soit soumise à référendum environ deux semaines plus tard. C'est alors que je réfléchirai à ce que je ferai», a-t-il avancé. Lors de l'interview, Moubarak a invoqué avec fierté la réforme de l'élection présidentielle. Il a estimé que cette décision est prise pour que la rue égyptienne bouge. "Je serai heureux parce que le peuple égyptien commencera à donner son avis", a ajouté Moubarak. Restant fidèle à lui-même, le président a déclaré qu'il ne sera pas vexé si un ou deux autres candidats se présenteraient aux élections. Ça serait une nouvelle expérience pour moi, a-t-il lancé. Ces propos ont suffi pour que le mouvement "Kifaya" appelle ses partisans à manifester dans quinze villes d'Egypte. Mercredi, des milliers de partisans du mouvement ont répondu à l'appel. Environ 1.200 personnes ont défilé à Louxor, dans le sud, y compris des avocats et des islamistes. Au Caire, les manifestants scandaient "A bas Moubarak, à bas Souleiman!", en référence au "raïs" et à Omar Souleiman, le chef des Services secrets. Une majorité des manifestants brandissaient l'emblème du mouvement démocratique : un cercle jaune portant en rouge le mot "Kifaya". Des responsables du mouvement ont entamé un sit-in devant le bâtiment du Syndicat des journalistes. Ils ont déclaré qu'ils ne bougeraient pas tant que leurs militants ne seraient pas remis en liberté. Vingt dirigeants et membres de "Kifaya" ont été arrêtés à Suez, selon le chef du mouvement, Ahmed el-Kilani. Les militants de "Kifaya" parlaient d'au moins 40 arrestations dans tout le pays. Le site Web du mouvement affirme que le coordinateur de la manifestation, Ramadan Abdel-Alim, a été lui aussi arrêté. Le mouvement "Kifaya, dont le nom officiel est le “Mouvement démocratique égyptien”, réclame la levée de l'état d'urgence, la fin du règne de Moubarak et d'autres réformes. Selon le système politique actuel en Egypte, le président n'est pas élu directement par les citoyens. C'est le Parlement qui nomme un unique candidat, lequel est ensuite soumis à un référendum. Suite aux pressions internes et externes, Hosni Moubarak a décidé de changer les règles du jeu. Il a ainsi demandé au Parlement d'amender la Constitution pour que plusieurs candidats puissent se présenter à la présidentielle. Le scrutin est prévu en septembre prochain. Hosni Moubarak est né à Kafr Al-Masalha. Fils d'un père inspecteur au ministère de la Justice, il a fait une formation à l'Ecole de l'air égyptienne, puis une autre à l'Ecole d'état-major du commandant Frunze à Moscou. En 1969, il est nommé chef d'état-major de l'armée de l'air. Il va gagner le grade de maréchal à la suite de son action lors de la guerre du Kippour engagée avec la Syrie contre Israël le 6 octobre 1973. Après l'assassinat de Sadate le 6 octobre 1981, Moubarak accède à la présidence. Depuis il a mené à leur terme quatre mandats présidentiels consécutifs, de six ans chacun.