Plus de 1.000 rencontres B to B organisées pour investir dans les secteurs de la finance, de l'agriculture et de l'énergie. Le potentiel énergétique qu'offre la RDC permettrait de couvrir les besoins en électricité du continent et des pays du bassin méditerranéen. La qualification n'est pas de trop. La république démocratique du Congo (RDC) est «un scandale géologique». Les ressources naturelles dont regorgent le pays ont donné le tournis aux entreprises marocaines participant à la troisième caravane de l'export, qui a fait escale deux jours durant (10 et 11 décembre 2010) à Kinshasa. L'agriculture, l'énergie ou encore les industries agroalimentaires présentent d'importantes opportunités d'investissements à saisir. La mission de prospection marocaine a permis à quelque 100 entreprises, représentant les secteurs de la finance, de l'électricité, de l'agroalimentaire, des BTP et de l'industrie pharmaceutique, de nouer des partenariats commerciaux avec leurs homologues congolais. Plus de 1.000 rencontres B to B ont été organisées. Pour le secteur de l'eau et de l'énergie, les officiels congolais notent que les besoins internes de consommation ne sont satisfaits qu'à hauteur de 25%. Le taux de raccordement à l'eau potable n'est que de 2,5% et celui de l'électrification ne dépasse guère les 6%. Situation anormale compte tenu du potentiel énergétique que présente le pays. «Des ressources qui permettront de couvrir les besoins et du continent noir et du pourtour méditerranéen», selon les experts présents. De l'avis de Khadija Halouani, directrice export marketing de la société Les ateliers AM, leader nord-africain dans la maintenance industrielle de machines de puissance, «le marché congolais est très porteur aussi bien dans le domaine énergétique que celui minier. La société nationale d'électricité (SNL) nous sollicite pour la réhabilitation de ses centrales électriques». Autre secteur prometteur, celui de l'agriculture et l'agroalimentaire. Sur ce chapitre, il suffit de noter que 80% des produis de consommation sont importés, alors même que le pays dispose de la deuxième plus importante richesse forestière au monde. Rachid Saissi Hassani, directeur général de la société Renov Pack, spécialisée dans la rénovation et la fabrication des machines d'emballages, souligne de son côté qu'il a des promesses de partenariat dans le domaine de l'emballage en carton. Il estime que «le secteur est encore embryonnaire et qu'il présente un potentiel certain». Les BTP ou encore le secteur financier ont été également au cœur des discussions. Le ministre du Commerce congolais a relevé lors de la cérémonie d'ouverture «les insuffisances en matière de financement de l'économie locale». Il a souligné que «les banques marocaines seront les bienvenues pour participer à la bancarisation du pays et au développement des crédits, notamment en direction de PME». Deux obstacles majeurs Cela étant, deux obstacles majeurs persistent : les difficultés de paiement des importations et la hausse des tarifs douaniers. Réserves de change faibles obligent, les autorités financières congolaises ont mis en place un plafond pour le transfert d'argent vers l'étranger. En contrepartie, les opérateurs congolais proposent de recourir au troc pour régler les importations. Le président de la Chambre de commerce congolaise a proposé à des entreprises marocaines de vendre leurs produits ou services en contrepartie de l'exploitation de gisements miniers. Les Chinois recourent déjà à cette pratique. Les taux d'intérêts bancaires appliqués restent également exorbitants. Ils varient en moyenne entre 17 et 20%. «Mais dans certains cas, ils peuvent aller jusqu'à 60%», confie un banquier de la place. Christophe Lassus Lalanne, directeur général de Bank of Africa RDC, une banque détenue à hauteur de 56% par BMCE Bank, explique que «les taux d'intérêts sont libres. La banque centrale ne fixe aucune fourchette». Concernant les barrières tarifaires, un appel a été lancé par le ministre du Commerce extérieur Abdellatif Maâzouz en vue de la conclusion d'un nouvel accord commercial préférentiel en remplacement de celui de 1972. Deux projets d'accord portant sur la non double imposition en matière d'investissements et la protection des investissements seront finalisés en mars prochain lors de la réunion de la haute commission mixte. Lobbying africain «L'Afrique doit sauver l'Afrique». Un message fort lancé par les officiels congolais. Le marché congolais est jusque-là investi uniquement par les Sud-africains. Le reste est formé en majorité par des entreprises coréennes, indiennes, françaises, chinoises ou encore turques. «Les gouvernements des deux pays doivent déployer plus d'efforts pour développer leur partenariat», a déclaré Luboya Mukadi Kaba, président du Conseil national du secteur privé et président de la Chambre de commerce et d'industrie RDC-Union européenne. Et d'ajouter que «des négociations sont en cours avec les Français pour la réalisation d'importants investissements dans le gaz et le pétrole. Les Américains ont aussi manifesté leur intérêt pour la construction de zones économiques». Mais «l'heure est aux relations Sud-Sud», précise-t-il. Chiffres clés Population : 70 millions d'habitants dont 12 millions à Kinshasa. Taux de chômage : plus de 60%. 80% du tissu productif relèvent de l'informel. 90% des transactions commerciales se font par le biais du dollar. 80% des flux monétaires sont en dehors du système bancaire. 6% de taux d'électrification. 45% de taux d'analphabétisme. 12% : pourcentage de la population ayant accès à la téléphonie. Taux de croissance : 6%. Taux d'inflation : 8,9%. 57% de la population a un âge moyen de 20 ans. 0% de aux de couverture des besoins en transport public. 40% des réserves hydriques africaines.