Des rencontres B to B ont eu lieu jeudi dernier au siège de la CGEM. «Nous sommes très intéressés par les potentialités d'affaires offertes par le Maroc dans le secteur de l'énergie ». Le charbon polonais en ligne de mire. Une délégation d'hommes d'affaires polonais est arrivée jeudi dernier à Casablanca dans une mission de prospection commerciale. Des rencontres B to B ont eu lieu au siège de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) entre cette mission composée d'opérateurs économiques spécialisés dans les secteurs du BTP, de la pharmacie, du transport et de l'énergie et trois fédérations sectorielles nationales, à savoir celles de l'énergie, du bâtiment et travaux publics (FNBTP) et du transport. À noter que cette visite d'affaires s'inscrit dans le cadre du projet BATiMED relevant lui-même du programme Invest in Med financé par l'Union européenne. BATiMED vise à développer les investissements et les partenariats entre entreprises des deux rives de la Méditerranée dans le secteur de la construction et du BTP. L'attrait des opportunités d'investissement dans le secteur énergétique est puissant, allant même jusqu'à braquer les visées des Polonais, censés plutôt, au vu des objectifs de BATiMED, se limiter au seul domaine de la construction et du BTP. «Nous sommes très intéressés par les potentialités d'affaires offertes par le Maroc dans le secteur de l'énergie. Nous espérons à travers cette occasion booster les échanges entre nos deux pays. Et c'est justement dans ce secteur stratégique que nous pouvons entamer une collaboration dans les plus brefs délais», a affirmé Janusz Wisniewski, vice-président de la Chambre polonaise de commerce. Cet engouement affiché reflète l'appétit aiguisé des Polonais, touchés de plein fouet par la crise économique mondiale. Toutefois, la route vers ces opportunités d'investissements n'est pas tout a fait simple. Le Maroc constitue la chasse gardée des principaux partenaires commerciaux du Maroc, à l'instar de la France, pour ne citer qu'elle. Mieux encore, la technologie polonaise n'est pas encore en mesure de défier ou au moins concurrencer des ténors de l'industrie énergétique comme l'Allemagne. Alors, en quoi la Pologne pourrait-elle nous être utile ? La réponse nous vient de Moulay Abdellah Alaoui, président de la Fédération de l'énergie, qui évoque le charbon polonais. A ce titre, il est utile de rappeler que la Pologne figure au top 10 des grands producteurs mondiaux de charbon avec des réserves évaluées à plus de 15 milliards de tonnes. D'ailleurs, le pays dépend du charbon à hauteur de 95% de sa production d'électricité. Dans ce cas, penser à baisser les tarifs douaniers entre les deux partenaires ne va pas sans impacter positivement le volume des échanges commerciaux, estimé à quelque 200 millions d'euros cette année, comme l'a souligné Wisniewski. Ce dernier ambitionne en fait de porter à la hausse la barre pour franchir le seuil de 1 milliard d'euros. Entretien EL Hachemi Malaoui, Président du bureau de la Confédération algérienne du patronat à Annaba «Nous tenons vivement en tant qu'opérateurs économiques à dépasser les clivages qui existent entre nos deux pays» Comment se justifie votre présence ici ? Nous sommes présents ici en tant que membre et partenaire du programme Invest in Med. D'ailleurs, ce projet BATiMED implique, entre autres, nos deux pays plus la Pologne. Pouvez-vous nous parler de l'expérience de l'Union maghrébine des employeurs (UME) ? Comme vous le savez, cette entité patronale, qui regroupe les 5 pays maghrébins, a vu le jour il y a presque 3 ans. Conformément aux volontés des pays confrères, Alger avait été choisie pour abriter le siège de l'UME. A rappeler que c'est notre pays qui assure la présidence actuellement avant de céder place au prochain mandat au Maroc. Quel bilan d'étape ? Je tiens à souligner que cette institution est encore en phase de faire ses armes. Et nous tenons vivement en tant qu'opérateurs économiques à dépasser les clivages qui existent entre nos deux pays. Preuve en est, notre présence ici parmi vous. Ce qui nous intéresse le plus en tant que confédération patronale, ce sont les relations économiques. Et pour mieux illustrer les choses, je vous donne l'exemple de l'Union européenne. Malgré les différences des prises de position politiques et l'hétérogénéité religieuse, ces pays ont réussi quand même à fonder une construction économico-politique solide. Mais il ne faut pas perdre de vue qu'ils ont mis près de 50 ans pour atteindre ce stade. Alors, pourquoi venir aujourd'hui nous demander de presser le pas ? Vous savez, nous les Maghrébins, nous sommes trop impulsifs… Si vous l'avez remarqué, l'Afrique connaît une affluence massive des acteurs économiques de par le monde. Où sommes-nous exactement dans cette nouvelle configuration ? Les pays riches cherchent à profiter de notre positionnement stratégique pour accéder au continent noir. En termes plus clairs, ils veulent que nos pays servent de pont. Personnellement, je vois que cette attitude n'a plus lieu d'exister. Ils veulent nos richesses mais pas nos enfants. Regardez maintenant ces vagues houleuses de racisme qui submergent l'Europe… On a dit dernièrement que votre pays s'était retiré du méga-projet Desertec. Sur ce sujet, je vous rassure que nous sommes toujours en discussion avec nos partenaires européens et il est toujours d'actualité. Mais en tout état de cause, des cartes sont en jeu…