Digne héritier de la chanson populaire algéroise, le chaâbi, fils du célèbre chanteur Dahmane El Harrachi, auteur du planétaire morceau «Ya rayah» rendant hommage aux immigrés partis pour construire la France, Kamel El Harrachi est pétri de talents. Interprétant son premier album, «Ghana Fenou», son concert a enflammé la 13e Fira Mediterranea. Comment êtes-vous venu à la musique ? Depuis mon enfance, je baigne dans l'univers musical. J'ai toujours été entouré de musiciens, au sein de ma famille.J'ai le souvenir d'avoir pratiqué la musique à l'âge de cinq ans. Chaque jour était une nouvelle rencontre et une découverte enrichissante avec les différents instruments. Je n'ai jamais fait d'école, j'ai simplement appris à l'oreille, aux côtés de mon père. Je suis le fils de Dahmane El Harrachi, artiste qui a suivi son chemin propre. A présent, je m'inscris dans la continuité de son héritage : je continue d'interpréter ses chansons. Que le public me garde sa fidélité, car il a suivi la carrière de mon père et y est encore attaché, me touche d'autant plus. Comment exprimez-vous votre sensibilité personnelle à travers vos compositions ? En tant qu'auteur et compositeur, j'attache une grande importance à la teneur des textes. Le chaâbi reste une vraie musique populaire, qui doit toujours être à l'écoute de ce que vivent les gens aujourd'hui, notamment à travers le quotidien. Plus j'avance dans ma démarche artistique et plus je m'inspire d'aspects qui me détachent de ce que faisait mon père. Je tente d'apporter un nouveau souffle au chaâbi, même si je reste dans le même style. J'y ai introduit d'autres instruments comme le piano, la contrebasse, les congas ou les bongos. Tout spectacle est marqué par sa couleur et sa tonalité. Que racontent vos chansons ? Elles disent l'amour, la société, la trahison. Des sujets universels qui touchent et concernent le plus grand nombre. Où avez-vous grandi ? A Alger, dans le quartier Cuba. Puis nous nous sommes installés en France avec ma mère. Que retenez-vous de la chanson française ? De très grands et talentueux interprètes tels que Piaf, Brel, Aznavour, Moustaki. Le sens d'une chanson est, selon moi, très important. Vous chantez également en français… Oui. Mais l'arabe est plus fort et plus riche. Il s'agit simplement de chansons différentes. Quel lien entretenez-vous avec l'Algérie ? L'Algérie est mon pays. Je voyage constamment entre Paris et Alger. Passant une semaine en Algérie et une autre en France. C'est mon équilibre, toute ma famille vit, de plus, en Algérie. Le pays sort de la guerre et d'une période particulièrement difficile. Aujourd'hui, c'est un pays jeune, débordant de vie, avec une population très jeune. J'y suis viscéralement attaché et je suis de près ce qui s'y passe. Je constate une évolution positive, notamment sur la scène artistique. Avez-vous évoqué la décennie noire dans votre répertoire ? Non. Ce sont des évènements douloureux. Nous devons passer à autre chose. Il y a eu heureusement une véritable solidarité entre les gens, qui portent actuellement le pays vers la bonne voie.