El Ferraâ n'a pas été convoqué à l'audience de mardi dernier. La Chambre criminelle chargée des crimes financiers près la Cour d'appel de Salé a reporté au 30 novembre le procès des dix-neuf personnes poursuivies pour «détournement de deniers publics» dans l'affaire de la Mutuelle générale du personnel des administrations publiques (MGPAP). Trois personnes, dont l'ancien président de cette institution, Mohamed El Ferraâ, poursuivies en état de liberté provisoire, n'ont pas assisté à l'audience car elles n'avaient pas reçu leur convocation. Lors de la première audience qui a débuté mardi, la défense des 14 mis en cause a présenté une requête pour leur accorder la liberté provisoire. Au total, vingt-deux personnes sont poursuivies dans cette affaire, dont 14 sont en détention préventive à la prison locale de Salé, alors que 8 autres sont sous surveillance judiciaire. Les mis en cause, dont des hommes d'affaires, des chefs d'entreprises, des fonctionnaires, un médecin, une journaliste, une notaire, un ingénieur, un enseignant et une déléguée, sont poursuivis pour « détournement de deniers publics, faux et usage de faux, corruption, abus de confiance, abus de pouvoir, blanchiment de fonds et participation ». Le jour du début du procès, le « collectif des familles et amis » des personnes poursuivies dans le cadre de cette affaire avait «dénoncé le traitement atypique de ce dossier avec son lot d'incidents qui resteront dans les annales de la Justice comme des points noirs dans ce dispositif d'Etat censé garantir la liberté de chacun et sa défense». Selon un communiqué du collectif : «Depuis le début de l'affaire dite de la MGPAP, les prévenus, ainsi que leurs familles, se sont refusé à tout commentaire pour ne pas entraver le travail de la Justice. Aujourd'hui, force est de constater que cette réserve a surtout profité à un réseau qui a pour but essentiel de compromettre la Justice dans un dossier politique». Au mois de septembre dernier, le «collectif» avait dénoncé un procès expéditif et le clivage entrepris par le juge d'instruction Abdelkader Chentouf. Selon la même source, ledit juge n'avait pas pris en considération le témoignage des personnes poursuivies ou les témoins à charge ni même les rapports d'expertise. Le collectif avait noté aussi que le juge d'instruction a calqué son rapport sur les PV de la Brigade nationale de la police judiciaire (BNPJ) de Casablanca qui avait présenté, en mars dernier, ces accusés devant le procureur général du roi près la Cour d'appel de Rabat. Le 15 septembre, une vingtaine de proches des mis en cause dans cette affaire avaient organisé un rassemblement devant le siège du ministère de la Justice à Rabat pour être reçues par le ministre Mohamed Naciri afin d'exprimer leurs craintes sur le cheminement que prend cette affaire et l'absence de garantie d'un jugement équitable. Selon les familles des prévenus, le principal accusé dans cette affaire, Mohammed El Ferraâ, ex-président destitué, bénéficie de l'immunité parlementaire et le procès risque de s'éterniser, alors que 14 prévenus sont en détention provisoire. Mardi, El Ferraâ n'avait pas assisté au procès faute de convocation, selon une source judiciaire. Le 16 août dernier, le juge d'instruction à l'annexe de la Cour d'appel à Salé avait achevé l'enquête avec les 23 personnes poursuivies dans l'affaire de la MGPAP, dont l'ancien président. Le juge Chentouf avait procédé, en août dernier, à une confrontation entre les 22 personnes poursuivies dans le cadre de cette affaire et Mohammed El Ferraâ, dont les biens ont été saisis sur ordre du juge d'instruction.