Le Maroc emprunte 1 milliard d'euros sur le marché financier international à des conditions optimales . D'emblée, lors du point de presse organisé par le ministère de l'Economie et des finances mardi à Rabat, Salaheddine Mezouar a affirmé : « L'idée d'une sortie sur les marchés financiers internationaux (MFI) a été évoquée dès le début de l'année, toutefois nous avons préféré attendre le bon timing pour le faire ». Le ministre de l'Economie et des finances marocain a voulu ainsi démontrer le souci du ministère de permettre au Maroc de tirer le meilleur parti d'une telle sortie sur le MFI et par ricochet, assurer le financement du déficit budgétaire au meilleur coût pour les deniers de l'Etat. Pour rappel, cette levée de fonds s'est effectuée en date du 28 septembre suite à une tournée qui a conduit l'équipe marocaine dans 9 places financières à la rencontre d'une centaine d'investisseurs. L'opération a été orchestrée par trois banques d'affaires, Barclays Capital, HSBC et Natixis, et a permis au Maroc de lever un montant d'un milliard d'euros à 4,5% par an pour une maturité de 10 ans prenant effet le 5 octobre 2010. Autre caractéristique de cette émission, l'arrivée de la Private Equity suisse qui a souscrit à hauteur de 8% du montant retenu. En outre, cette émission qui a fait écho dans dans la presse internationale spécialisée a permis au Maroc d'obtenir un prix fixé à l'extrêmité inférieure de la fourchette indicative de l'Euroband 2017. Des conditions meilleures que celles obtenues par certains pays européens, tels la Grèce, le Portugal et même l'Espagne. Cependant, le staff ministériel est resté discret sur l'usage qui sera fait de ce montant. Ces intêrets conjugués ont constitué une force détonnante pour l'emprunt marocain. Salaheddine Mezouar dresse un bilan comparatif entre cette émission et celle de 2007. Il a déclaré à cet effet : « L'émission de 2007 a été effectuée pour rembourser une dette, alors que l'emprunt réalisé en 2010 a été opéré principalement pour deux raisons : d'abord, afin de confirmer sur le terrain la notation Investment Grade obtenue par le Maroc sur le terrain ; ensuite, pour favoriser le développement du marché intérieur de la dette sans effet d'éviction du secteur privé ». Autrement dit, le recours à un arbitrage entre financements interne et externe servira à détendre tout stress de liquidités qui aurait limité le soutien des banques marocaines au tissu entrepreneurial marocain. « Le secteur bancaire se trouve dans la mesure d'octroyer plus aisément des crédits », a précisé le Ministre. Une brèche qui s'ouvre En termes de perspectives, les MFI ont bien reçu le message adressé par le Maroc dans la mesure où les bailleurs de fonds ne raisonnent qu'en fonction des notations Investment Grade. Cette sortie a donc permis au Maroc de s'afficher clairement dans les écrans radar des investisseurs internationaux, notamment américains et suisses qui ont souscrit significativement à l'emprunt marocain. Les sentiers sont désormais battus pour d'éventuelles levées de fonds effecutées par les champions marocains tels que l'OCP, qui serait en bouclage final de son montage financier préparant sa sortie sur le MFI. Là encore, la stratégie serait de se garder d'annoncer au mauvais moment cette sortie dans le microcosme financier international. « Nous avons établi une référence qui devrait permettre à nos entreprises de lever des fonds sur les MFI à des conditions optimales », précise Salaheddine Mezouar.