L'histoire de l'informatique et de l'Internet est indéniablement marquée par la notion de logiciel libre. C'est Richard Stallman qui est derrière ce concept ou plus exactement cette philosophie. Un personnage attrayant et incontournable de l'histoire de l'informatique en général et du logiciel libre en particulier à tel point qu'un professeur de Stanford Law School dit dans un article référence : » Notre génération a un philosophe. Ce n'est ni un artiste ni un écrivain. C'est un informaticien «. Pour Stallman, le principe du logiciel libre peut être expliqué en trois mots : « liberté, égalité, fraternité. Liberté, parce que chaque utilisateur est libre de l'usage qu'il veut faire du programme. Egalité, parce que le logiciel libre ne confère à personne de pouvoir sur personne. Fraternité, parce que les utilisateurs peuvent s'entraider, en partageant des copies et en développant en collaboration leurs versions «. Par ailleurs, il est intéressant de noter que de nos jours, vu l'omniprésence de l'informatique dans la société de l'information, la fraternité en informatique ne se limite plus aux seuls logiciels. En effet, partager des copies des œuvres publiées est une pratique commune et bien utile. Selon Stallman, cette pratique ne doit souffrir aucune entrave. Cela dit, la liberté ne veut en aucun cas dire gratuité. Ce sont en effet deux concepts totalement différents. Si l'intellectuel selon Sartre ne peut qu'être engagé, alors Richard Stallman en est un exemple vivant. Son message est plus proche de celui de Martin Luther King, dit-il: » C'est un message universel. La condamnation ferme de certaines pratiques visant à maltraiter les gens. Ce n'est pas un message de haine envers qui que ce soit. Et ça ne vise pas un petit groupe de personnes. J'invite tout le monde à mieux apprécier la valeur de la liberté et à se battre pour l'obtenir «. Le projet de Stallman est baptisé GNU, acronyme récursif qui veut dire GNU n'est pas UNIX, l'ancêtre des systèmes d'exploitation. Car l'objectif principal du projet ne se limitait pas au but de concevoir un système d'exploitation libre ; le but étant de libérer les utilisateurs d'ordinateurs. Et pour cela, il faut leur permettre de tout faire avec leur ordinateur, en toute liberté. Le site Internet du projet GNU énumère quatre points fondamentaux : la liberté d'utiliser le programme comme on le souhaite, pour quelque but que ce soit (liberté 0) ; celle d'étudier le code source du programme et de le modifier pour qu'il fasse ce que l'on souhaite (liberté 1) ; celle de distribuer des copies du programme afin d'aider son prochain (liberté 2) ; celle de distribuer des copies des versions que l'on a modifiées, afin que la communauté entière en bénéficie (liberté 3). On voit bien qu'avec la notion de logiciel libre, une vie libre est possible en informatique! La liberté pour Stallman est sacrée. Ainsi si on lui demande si en se détournant des logiciels commerciaux – qu'il appelle privateurs – les adeptes du logiciel libre ne renoncent pas aux plus récentes avancées de la technologie, Stallman, fidèle à ses convictions, répond que la liberté est plus importante que les avancées technologiques, et qu'il choisira toujours un logiciel libre moins avancé du point de vue technologique à un logiciel non libre plus avancé parce ça ne vaudrait pas qu'il renonce à sa liberté, et il ajoutera: » je ne prends rien que je ne puisse partager «. Néanmoins, Stallman estime que sa bataille n'est pas encore gagnée même si l'on rencontre de plus en plus d'utilisateurs d'ordinateurs qui ont opté pour un système d'exploitation libre. En effet le but sera estimé atteint si et seulement si, il arrive à libérer la plus grande majorité des utilisateurs d'ordinateur de l'hégémonie des entreprises qui sont derrière le logiciel privateur ! La bataille ne s'annonce pas facile ! Et ceci est d'autant vrai pour nos sociétés dites en voie de développement, qui laissent percevoir une inertie sociale frappante ! Car comment peut-on expliquer le recours des grandes entreprises aux logiciels privateurs du moment qu'elles peuvent économiser des sommes importantes en investissant dans le logiciel libre ? Comment expliquer aussi le fait d'enseigner dans les écoles et les universités des matières se rapportant à l'utilisation des solutions commerciales en ne donnant pas à l'apprenant la possibilité de la découverte de l'autre alternative, en l'occurrence : le logiciel libre ? On pourrait dire que l'on se trouve dans une situation d'inter-blocage ou chacune des deux parties : entreprises et universités attend que l'autre amorce le changement ou le basculement vers le monde du libre. Sans la possibilité de voir le code source du logiciel qu'on utilise, ce dernier reste une boîte noire pour nous et nous oblige à rester des subordonnés dans la société de l'information et ceci constitue un autre aspect de la fracture numérique. Il va sans dire que le rôle de l'université dans cette bataille pour la généralisation de l'utilisation des logiciels libre est irréfutable. C'est le lieu naturel de tout changement escompté!