Le PDG de l'OCP Mustapha Terrab l'a dit à maintes reprises lors de ses sorties médiatiques : le respect de l'environnement sera au cœur de la stratégie de développement du leader mondial des phosphates. Reste à savoir quelles sont les actions qui appuient cette déclaration?. Au niveau organisationnel, l'OCP a mis en place une direction à part entière dédiée à la stratégie environnementale du groupe. «Il ne s'agit pas uniquement de mener des actions éparses pour la préservation de l'environnement, mais d'étudier le volet écologique dans l'ensemble des projets stratégiques que mène le groupe», explique d'emblée Taha Balafrej, le Monsieur environnement de l'OCP. Pour assurer cet accompagnement écologique, l'OCP est en train de mettre en place un centre de recherche dédié aux questions environnementales. Chaque projet mené au sein du groupe sera soumis à ce centre afin qu'il détermine les actions écologiques qui lui seront associées. Une politique louable certes, mais comment peut-elle être associée à un groupe spécialisé dans une industrie réputée pour être l'une des plus polluantes au monde? A entendre ce discours, Balafrej se tourne vers la fenêtre. «regardez combien de voitures il y a dans la rue. Ce sont des véhicules très nocifs pour l'environnement. Mais serait-ce possible de s'en passer», lance-t-il. C'est ce même raisonnement qu'il emploie pour justifier l'intérêt de maintenir et développer l'industrie chimique, tout en veillant à ce qu'elle soit propre au maximum. «Le souci écologique ne se réduit pas aux actions ponctuelles menées sur nos sites. C'est un élément incontournable de notre développement. Car si le respect de l'environnement n'est pas pris en compte, c'est l'ensemble de notre activité qui devient menacée à long terme», explique Balafrej. Joli discours, mais en pratique l'OCP est pointé du doigt pour être l'un des plus grands pollueurs. Le principal facteur qui lui associe cette réputation, c'est le complexe pétrochimique de Safi, réputé être l'un des principaux responsables de la situation écologique déplorable qu'endure cette ville. «A l'époque ou elle a été mise en place dans les années 60, l'usine de Safi était dotée du matériel le plus développé à l'échelle internationale. Actuellement ce matériel ne correspond plus aux normes écologiques de l'industrie chimique», détaille Balafrej. Serait-t-il question que l'usine de Safi réduise ses capacités de production ou soit même fermée, d'autant plus que l'OCP cherche à concentrer ses efforts industriels autour du méga complexe Jorf Phosphates Hub, la plus grande zone d'industrie chimique à l'échelle mondiale?. «Tout est possible. Cela dépend du résultat des études que mènera le centre de recherches écologiques associé à l'OCP», annonce-t-il. Compte tenu de l'état des infrastructure dans le complexe de Safi et les perspectives de développement à Jorf Lasfar, la décision paraît claire. Même si l'usine de Safi réduit son activité ou ferme, comment garantir que les méga projets qui seront installés au niveau du Jorf Phosphates Hub ne seront pas nuisibles à l'environnement ? «Nous n'avons plus le choix», précise Balafrej. «Pour qu'un projet quelconque soit installé dans cette zone il est légalement soumis à une étude d'impact environnementale qui détermine les nuisances écologiques qui lui sont associées et les actions que le développeur est obligé de mener pour les prévenir», explique-t-il. A cela s'ajoutent des projets transversaux qui seront mis en place sur le site de Jorf Lasfar. Le plus en vue de ces projets est sans doute la station de dessalement de l'eau de mer qui y sera installée afin de couvrir le besoin des usines en eaux sans puiser dans la nappe phréatique.