Flambée des cours de l'or blanc et de ses dérivés. La facture énergétique de plus en plus salée. Les mois se suivent et les phosphates continuent d'être le sauveteur de l'économie nationale. À fin juillet dernier, la progression des exportations de ce minerai et de ses dérivés ralentissent la dégradation de la balance commerciale et compensent l'effet de la chute qui ne s'arrête pas dans les autres segments des exportations marocaines. Cette amélioration continue des revenus des phosphates permet d'accélérer le rythme de progression des exportations à un niveau bien plus élevé que celui des importations. Ce qui permet de camoufler davantage la dégradation de la balance commerciale. Reste à savoir si cette situation devrait perdurer encore plus longtemps. Tôt ou tard, les cours des phosphates finiront par baisser. Si à ce moment là, les autres segments des exportations ne se redressent pas, il faut craindre le pire. En chiffres, la valeur des exportations se chiffre à 81,1 milliards de DH, à fin juillet. Ce qui représente une hausse de19,6% par rapport à la même période de l'année dernière. Les importations ressortent pour leurs part à 171,2 milliards de DH, en hausse de 11,5% sur un an. Le déficit commercial s'élève ainsi à 90 milliards de DH, soient 5 millions de moins qu'en juillet 2009. De ce fait, le taux de couverture des importations par les exportations passe de 44,2% en juillet 2009 à 47,4% une année après. Dans le détail, les exportations de phosphates et dérivés se sont envolées de, tenez vous bien, 73,5% pour passer de 11 à 19 milliards de DH sur un an. Les exportations hors phosphates n'ont crû que de 9,2% à 62 milliards de DH. Dans la catégorie phosphates, les exportations des engrais naturels et chimiques ont cru de 63,8% alors que les ventes d'acide phosphorique ont crû de 73%. Ces progressions fulgurantes sont une résultante logique de la flambée des prix de ces denrées. Le cours des engrais a atteint à fin juillet 3.431 DH la tonne contre 2.563 DH la tonne une année auparavant. Sur la même période, le prix de l'acide phosphorique est passé de 4.753 DH/t à 5.555 DH/t. Outre les phosphates, les exportations de certains produits alimentaires enregistrent une hausse de 62,1% sur un an à fin juillet. Une performance principalement imputable à la pâte à papier et l'huile d'olive. Néanmoins, les tomates, les fruits et les produits de la mer marquent des baisses sensibles sur la même période. L'autre segment des exportations, hors phosphates, qui marque une hausse est celui des produits finis (+24,5% à 12 milliards de DH). Ce compartiment comprend principalement les câbles (+34,4%) et les voitures (41,4%). Par ailleurs, le textile continue à subir les effets de la crise. Les exportations de ce secteur sont en baisse de 5,5% à 19,7 milliards de DH. Cette baisse des exportations classiques de textile est compensée par la progression sensible (+50,6% à 32,2 milliards de DH) des réexportations en suite d'admission temporaire avec paiement. Les vêtements confectionnés constituent plus du quart de la valeur globale de ce type de réexportation. Dans le chapitre des importations, le premier constat à dresser est celui de l'aggravation de la facture énergétique. Celle-ci se chiffre à fin juillet à 39,5milliars de DH, en hausse de 38,2% par rapport à la même période de 2009. Si l'on ne prend que les importations de pétrole brut, leur rythme d'exportation s'élève à 62,2% . Le prix moyen de cette denrée ressort à 4.705 Dh/t à fin juillet dernier, contre 3.152 DH pour la même période de 2009. Dans un tel contexte, la pression se fait plus lourde sur la Caisse de compensation dont le budget ne devrait plus suffire pour supporter cette flambée des cours internationaux. Autre indicateur significatif dans le compartiment des importations c'est celui de la stabilité des achats de produits finis d'équipement. Cette stabilité cache une baisse des achats de tracteurs, fours industriels et appareils de manutention, compensée par une hausse des achats de matériel pour le BTP, de matériel ferroviaire et de machines outils. À noter que le maintien de droits d'importation élevés sur le blé a entraîné une baisse de 33% des exportations de cette denrée. Par ailleurs, les recettes liées aux centres d'appels poursuivent leur rythme haussier, marquant une progression de 17,4% à 3 milliards de DH. Quant aux recettes MRE, elles croissent de 10% à 30 milliards de DH. La chute des investissements directs étrangers est toujours aussi alarmante. Elle se chiffre à fin juillet à -35,4% pour un montant de 12,3 milliards de DH. Au final, les avoirs extérieurs nets marquent une baisse de 8% sur un an à 177,5 milliards de DH.