Alors que la première ville a bénéficié d'une réhabilitation de son potentiel touristique, la deuxième est presque laissée à l'abandon. Le Moyen Atlas. La chaîne montagneuse dont les paysages rappellent ceux des Pyrénées ou des Alpes. Les verdures étendues à perte de vue et les cascades abondantes font oublier au visiteur qu'il est au Sud de la Méditerranée. De ce fait, la région a été depuis le protectorat la principale destination du tourisme de montagne. Ce sont d'ailleurs les Français qui ont développé les deux plus importantes villes touristiques de la région à savoir, Ifrane et Imouzzer Kandar. Depuis le milieu du siècle dernier les deux villes sont la destination de milliers de familles marocaines pour échapper à la chaleur étouffante pendant l'été et pour profiter de la neige pendant l'hiver. Ce sont principalement les habitants de Fès et Meknès qui représentent la majorité des touristes internes qui visitent ces deux villes. Leur offre touristique est soutenue par un réseau de petites bourgades à haut potentiel pour le tourisme de montagne telles que Aïn Soltane, Aïn Chifa, Daïet Aoua… et la liste est encore longue. Ce réseau de destinations touristiques a subi pendant plusieurs années les méfaits de la sécheresse, mais depuis que les précipitations sont devenues abondantes durant ces trois dernières années, les sites affectés par le manque d'eau ont repris vie. Mais cela ne veut pas dire que les infrastructures touristiques qui leurs sont liées se sont améliorées. En effet, les touristes qui se rendent dans le Moyen Atlas constatent une grande différence entre les deux pôles d'attraction de la région. Alors qu'Ifrane a plus ou moins gardé une bonne partie de son charme grâce à des programmes de rénovation ponctuels, les jardins, prairies et même les rues d'Imouzzer ne font que se détériorer au fil des années. Il y a deux ans, Ifrane a bénéficié d'une réhabilitation urbaine du centre ville ainsi que des attractions mitoyennes telles que Aïn Vittel ou le Refuge d'Ifrane. Ce programme a porté sur la rénovation des chaussées et des trottoirs et la mise en place de plusieurs rues piétonnes et circuits pédestres. Dans les sites d'Aïn Vittel et du Refuge, les visiteurs ont au moins des bancs publics où s'asseoir et plus de services de base (toilettes, boutiques…). La détérioration continue d'Imouzzer fait progressivement perdre à la ville le charme des constructions de style européen installées depuis le début de ce siècle. La ville, qui était autrefois célèbre pour ces toits pointus et ses cheminées, est devenue actuellement aussi délabrée que n'importe quelle bourgade isolée de la région. Le potentiel touristique qui lui est lié se dégrade au fil des années. Le seul potentiel touristique qu'elle préserve est la location des habitations aux visiteurs de Fès et Meknès qui fuient la chaleur étouffante de leurs villes. Pourtant, un effort similaire à ce qui a été fait à Ifrane aurait pu épargner à Imouzzar l'état de délabrement dont elle souffre actuellement. Les deux cités ne font-elles pas partie de la même région et la même province ? Tout porte à croire que la volonté de restaurer le potentiel touristique de la ville n'existe pas chez les autorités locales d'Imouzzer. Il n'y a pas que le centre de cette petite ville qui souffre de cette absence de volonté. Des sites touristiques mitoyens qui ont repris vie suite au retour de l'eau restent avec les mêmes infrastructures qu'il y a des dizaines d'années. C'est le cas d'Aïn Soltane où le seul changement est l'implantation de l'usine d'embouteillage de l'eau. Pour que le pays d'acceuil touristique du Moyen Atlas soit correctement valorisé, Ifrane, Imouzer Kandar et leurs régions doivent bénéficier d'un développement synchronisé. A défaut, l'intention sera concentrée sur Ifrane, laissant les autres destinations se dégrader et perdre de leur valeur.