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Agroalimentaire Le défi de la libéralisation
Publié dans Le Soir Echos le 30 - 08 - 2010

Les industries du secteur de la biscuiterie, confiserie et chocolaterie dépendent principalement des importations de leurs intrants.
Depuis l'ouverture du marché après la conclusion, par le Maroc, de plusieurs accords de libre- échange (ALE), le secteur de la biscuiterie, confiserie et chocolaterie (BCC) se trouve confronté à un environnement de plus en plus concurrentiel. A l'instar des entreprises agroalimentaires, les industries du secteur de la BCC sont fortement dépendantes des importations de leurs intrants. En effet, ces filières payent des droits d'importation (DI) sur les principales matières premières utilisées telles que les céréales, le sucre et le lait en poudre ; droits instaurés pour soutenir la production agricole nationale. De ce fait, les produits finis qui en sont issus deviennent peu compétitifs vis-à-vis des importations originaires des pays avec lesquels le Maroc a signé des ALE (EAU, Jordanie, Egypte, Turquie…). Ces derniers utilisent des matières premières au prix du marché international et bénéficient de l'exonération des DI à l'entrée du marché marocain, ce qui fait que leurs produits sont commercialisés à des prix moins élevés que ceux des produits locaux. Pour El Alaoui Abdelaziz, directeur de l'Association des biscuitiers, chocolatiers et confiseurs (AB2C), «ces droits peuvent représenter jusqu'à 30 % du prix de revient, d'autant plus que les produits importés sont compétitifs. La preuve en est que ces mêmes produits trouvent un engouement sur le marché international». A ce titre, Ouatiqa El Khalfi, directrice de la production industrielle au sein du ministère de l'Industrie, du commerce et des nouvelles technologies, affirme que les DI appliqués aux principales matières premières utilisées par le secteur BCC sont : la farine de blé tendre (66%), le sucre (60%), le lait en poudre écrémé (60%), le lactosérum (10%), les matières grasses d'origine végétale (17,5%), le cacao et ses dérivés (10%), le glucose (32,5%) et les emballages (20%). De l'avis des industriels du secteur, les droits d'importation restent très élevés. Dans un autre registre, la part de marché des produits importés s'élève à 19%, dont environ 52% originaires des pays signataires des ALE (EAU, Tunisie, Egypte, etc.). Du côté de l'AB2C, El Alaoui confirme les chiffres du ministère mais précise que pour la filière biscuiterie, 80 % des produits importés proviennent des pays signataires des ALE. Même son de cloche chez Abdelhakim Marrakchi, président de la Fédération nationale de l'agro-alimentaire (FENAGRI). Toutefois, ce dernier tend à relativiser la situation : «Malgré la concurrence des produits en provenance des EAU et de la Turquie, qui constituent 60% des importations, la part de marché des produits marocains connaît une augmentation à deux chiffres. Les industriels locaux tirent la croissance du secteur vers le haut». Partant de là et afin d'améliorer la compétitivité de ces filières, le ministère de l'Industrie a prévu, dans le Pacte national pour l'émergence industrielle, un ensemble de mesures pour appuyer le secteur et contrer la concurrence des produits importés. Mais, ces mesures seront-elles suffisantes pour donner de l'élan au secteur ? Les biscuitiers, chocolatiers et confiseurs, pour leur part, commencent à prendre les devants. En témoigne la création du premier consortium d'exportateurs, Uniteam. Ce consortium regroupe trois grandes entreprises du secteur de la BCC : Maghreb Industries, Aiguebelle et Michoc. Ses initiateurs veulent s'attaquer à de nouveaux marchés et de nouvelles niches à l'étranger, notamment aux Etats-Unis et auprès des centrales d'achat en France et en Espagne. Pour Marrakchi, qui est également administrateur directeur-général de Maghreb industries, ce consortium permettra aux entreprises de mettre au point une nouvelle stratégie de développement à l'international, puisque les entreprises membres exportent déjà leurs produits. «Uniteam se fonde sur une complémentarité des entreprises qui le constituent en termes de produits et de marchés. Toutefois, les objectifs de ce consortium seront graduels et nous observerons d'abord une phase d'assimilation à travers des actions commerciales ciblées telles que les participations aux foires et aux études de marché», explique Marrakchi. A l'AB2C, le ton est ferme. El Alaoui pense que «pour développer l'export, il faut d'abord consolider le marché national. De nombreuses sociétés ne se sont pas encore mises à niveau pour surmonter les défis de la libéralisation des échanges». La plupart des biscuitiers marocains ne sont pas encore engagés dans un processus d'amélioration technique et organisationnelle leur permettant de développer les performances de leur entreprise. Les technologies employées sont encore rustiques. L'évolution d'une gamme porte le plus souvent sur la simple modification de l'emballage, sans réflexion sur le marketing «mix». Ceci peut être expliqué par la faiblesse de l'investissement due à son tour aux difficultés que trouvent les entreprises dans le financement bancaire.
ALE
L'hégémonie des produits importés
Des accords de libre échange à la pelle ! Le Maroc en a signé avec 55 pays, sans compter les accords préférentiels. Ceux-ci devaient normalement accroître le potentiel compétitif des produits marocains. Or, ce n'est nullement le cas. Le Maroc s'est engagé dans des négociations d'accords de libre-échange avec certains pays en l'absence de toutes réformes ou de mesures d'accompagnement en faveur de l'industrie locale. Le secteur BCC n'a pas pu se préparer à la libéralisation des échanges. Le schéma progressif appliqué dans le cadre de l'accord d'association avec l'UE et qui a pris en considération la mise à niveau des industries BCC, n'a pas été reproduit dans les autres accords. Il aurait été nécessaire de veiller, en particulier, à ce que le démantèlement douanier dans les autres accords soit planifié avec les industriels concernés pour leur laisser le temps de s'adapter. Donc, des mesures correctives s'imposent. Dans le cas contraire, les industries locales seront menacées de disparition ou, tout simplement, migreront vers l'informel (sous déclaration de la production, des intrants, de la TVA, de l'IGR et de l'IS).


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