C'est la première sortie médiatique pour le nouveau directeur général de l'Office des changes, Jaouad El Hamri. Pour rappel, son nom figurait dans la longue liste de nominations qui ont chamboulé l'organigramme du ministère de l'Economie et des finances en juin dernier. El Hamri a quitté son poste de Conseiller au cabinet de Salaheddine Mezouar, ministre des Finances, pour prendre les rênes d'une administration que l'on taxe d'être l'une des plus archaïques du système financier marocain. D'ailleurs, seuls quatre organismes plus ou moins similaires à l'Office des changes subsistent de par le monde, dont un en Chine. Pour bon nombre d'acteurs dans le milieu des affaires, cet office est plus un frein aux échanges de devises qu'un régulateur de ces flux. Plusieurs voix s'élèvent en faveur de la suppression pure et simple de cette institution. Qu'en pense El Hamri ? Avant de répondre, le nouveau DG prend tout son temps pour choisir ses mots. «Avec la presse, il faut être très vigilant», tient-il à rappeler dans une discussion que nous avons eue avec lui, en marge de la dernière session du Conseil national du crédit et de l'épargne. Il finit par répondre en indiquant fermement «qu'il n'est pas question de supprimer l'Office des changes». Selon lui, l'institution a toujours sa place dans l'appareil de régulation financière au Maroc. Il faut bien garder l'œil sur les flux de devises à l'entrée comme à la sortie. Mais si El Hamri a été installé dans son nouveau poste, c'est bien pour mettre sur les rails un plan de réforme, ne serait-ce que pour donner une seconde jeunesse à cet office vieux de près d'un siècle. El Hamri ne veut pas s'aventurer en confirmant l'existence et la portée de ce plan de réforme. Mais il affirme que la tendance de modernisation du système des changes «se poursuivra». Reste à savoir dans quelle direction. Les professionnels, eux, souhaitent ne plus être obligés de s'adresser aux services de l'office pour les interminables demandes d'autorisation. El Hamri comprend cette préoccupation et confirme que le système s'oriente vers plus de facilitation. D'une part, les échanges de documents et demandes d'autorisation devraient se passer davantage entre les banques et l'Office des changes, en minimisant l'implication directe de l'opérateur concerné. D'autre part, «l'Office des changes s'orientera plus vers un contrôle a posteriori», lance El Hamri. En clair, au lieu de demander des autorisations préalables pour réaliser les flux de devises, l'Office des changes s'oriente vers la généralisation des règles de transfert à un nombre plus important d'opérations d'échanges de devises. A la lumière des ces règles, l'office réalisera son contrôle sur la base des documents relatifs à ces opérations. Des documents qui devraient lui être transmis, en majorité, par les banques. Le contrôle consistera à vérifier la conformité des opérations réalisées aux règles préétablies. Une telle configuration facilitera la tâche à l'opérateur concerné, à sa banque et même à l'Office des changes. Malgré cette souplesse évoquée par El Hamri, il tient à préciser que l'Office des changes ne cèdera en aucun cas sur ses prérogatives de contrôle. «Nous sommes prédisposés à faciliter davantage les flux de devises mais nous tenons également à faire valoir notre pouvoir de contrôle», conclut-il.