Comment est venue l'idée de cette collaboration artistique entre Biella Nuei et Azawan ? Oum : Tout a commencé en mai 2009 lors du festival Pirineos Sur, avec l'idée d'une résidence artistique en collaboration avec le festival L'Boulevard. On a travaillé à peine quelques jours avant le premier concert pour mettre au point un répertoire de dix chansons, qui nous a permis de remporter «La Muestra de Alcaniz» au Sud de l'Aragon. Puis nous sommes venus travailler ensemble à Casablanca sur le répertoire et on a mis l'accent sur des choses qui allaient mieux marcher au Maroc. Après, on a fait le concert en 2009 pour le Festival L'Boulevard et on est parti en tournée au Caire et en Espagne. L.M. Bajen : L'objectif de notre spectacle est de montrer que les Marocains et les Espagnols ont beaucoup de choses en commun. Nous sommes voisins et frères. Nos musiques peuvent retentir ensemble. Notre tradition musicale aragonaise est très proche de la tradition marocaine, avec des instruments communs comme le Laoud. L'évolution a été différente, mais les origines sont les mêmes. L'idée de jouer ensemble est apparue avec le projet de la résidence, puis notre collaboration s'est développée avec notre amitié. Comment se fait la collaboration jour après jour ? L.M. Bajen : Pour la langue c'est parfois un peu difficile de communiquer, mais sur le plan musical, c'est facile. Beaucoup de rythmes de notre musique traditionnelle ressemblent aux rythmes marocains. Nous nous sommes aussi inspirés de la musique actuelle avec le Raï, le Reggae, la Fusion. Oum : Le point commun, ce sont vraiment les rythmiques. Chacun a ramené un thème, une chanson. De notre côté, on a essayé de donner une image du Maroc diverse, reflétant le riche patrimoine musicale de notre pays. Pourquoi avez-vous choisi le titre «Casser le Mur» ? Oum : Nos chansons questionnent l'existence des murs, des frontières entre les pays. La musique dépasse tout cela. L.M. Bajen : L'Espagne et le Maroc ont appartenu à «Al-Andalus». Il y a un tabou aujourd'hui sur ce qu'a été Al Andalus. Cela a été une expérience commune, où des gens très différents coexistaient, dont des chrétiens, des musulmans et des juifs. L'idée était d'actualiser ce merveilleux passé fait de coexistence et de respect de l'autre. Il faut en finir avec la peur de l'inconnu, avec la distance culturelle et mentale entre les peuples alors que nous nous ressemblons autant. Les murs sont physiques, comme à Ceuta et à Mellila et dans d'autres endroits du monde, aux Etats-Unis et Israël. Mais c'est aussi un mur culturel, nous voulons rompre ces préjugés. Quel bilan faites-vous de votre collaboration ? L.M. Bajen: C'est très bon pour nos deux pays. Chaque pays peut apporter ce qu'il a d'intéressant. La politique du roi du Maroc est une politique d'ouverture vers le monde. En Espagne, nous cherchons aussi l'alliance des civilisations. L'idée est de chercher autre chose, de s'ouvrir au monde, de ne pas passer son temps centré sur soi. Oum : On est très heureux de jouer ensemble. Chaque projet musical a quelque chose de spécial. Nous travaillons sur un album de 12 chansons, qui sortira en décembre. Il y a de très grands potentiels de collaboration entre nos deux pays.