Ils multiplient les rendez-vous d'affaires. Des discussions préliminaires mais «un intérêt certain». De nouveaux opérateurs annoncent leur implantation au Maroc. Elle était sur le qui-vive la délégation marocaine à cette deuxième journée du Farnborough International Air show. Dès 09h30, heure de Londres, le directeur général de l'AMDI, Fathallah Sijilmassi, tenait ses premiers rendez-vous d'affaires. Il était, en effet, avec des managers du Moog, qui étaient intéressés par le segment des moteurs et autres éléments mécaniques de l'industrie aéronautique. «Le ministre est également là», tient à préciser un membre de la délégation marocaine. Ahmed Reda Chami ne dévoile pas avec qui il se trouvait. «Mais je devrais voir une dizaine d'opérateurs présents au Salon avec lesquels nous allons discuter des opportunités d'implantation au Maroc», précise-t-il. Parmi eux on note le géant américain de l'aéronautique militaire, Lockheed Martin. «Ceux-là je vais les voir demain», précise-t-il. Ce rendez-vous peut-il déboucher sur un éventuel deal dans l'aviation militaire, ce qui serait un pas géant pour l'aéronautique marocaine? «Les FAR viennent d'acquérir des avions de chasse F16 que fabriquent Lockheed Martin. On peut bien rêver de fabriquer un jour les composantes de ces aéronefs», espère Chami. Les deux responsables marocains, Sijilmassi et Chami, gardent cependant les pieds sur terre : ils savent que les rendez-vous ne servent qu'à des discussions préliminaires. Mais ils tiennent à préciser que l'intérêt du Maroc est en jeu. Les premiers rendez-vous écoulés, les responsables du stand marocain ont eu droit à la visite officielle de la princesse Lalla Joumala Alaoui. Encore une fois, cette diplomate hors pair a fait preuve d'un grand professionnalisme. Elle a, non seulement, inauguré le stand mais également visité le hall ou se trouve l'AMDI. En plus, elle a assisté à une bonne partie de la conférence de presse donnée par Chami. Comparée à des ambassadeurs dont on n'entend parler que lors des festivités liées à la fête du Trône, la princesse ambassadeur joue pleinement son rôle. La présence des journalistes étrangers n'était pas massive. Mais Chami a tout de même été entendu par des représentants de la presse anglaise, américaine et même arabe, Al Jazeera en l'occurrence. Au-delà du discours traditionnel mettant en valeur la stabilité et les avancées économiques du Maroc, le ministre a mis en avant les segments sur lesquels mise le Maroc dans le secteur aéronautique. En plus du câblage, devenu une activité où le Maroc a acquis une certaine expérience, Chami parle davantage de maintenance, d'ingénierie et de composantes en acier. Ce changement d'orientation est également relaté par Sijilmassi ainsi que par le président du GIMAS, Hamid Benbrahim. Il cite l'exemple des white bands. «75% des white bands du A380 d'Airbus sont fabriqués au Maroc. De même que 15 à 20% de celles incorporées dans le Dreamliner de Boeing», précise-t-il. Le ministre n'avait pas que des rappels à faire. Il annonce l'installation au Maroc de 10 fournisseurs du géant aéronautique italien Finmecanica. «Naturellement, la prochaine étape de ce partenariat serait que Finmecanica installe une usine au Maroc. Mais nous ne sommes pas encore là», précise Chami. Deuxième grande annonce, l'implantation au Maroc de l'Américain United Technologies. «D'autres dossiers sont en discussion mais c'est trop tôt pour en parler», note Chami. Pour crédibiliser davantage sa présentation, Chami a présenté son comparatif fétiche du coût d'implantation d'une usine au Maroc et en Europe. Il en ressort un différentiel de coût de 280 millions d'euros en faveur du Maroc. Mais cet avantage est-il valable lorsque l'on se compare avec la Tunisie? «Au niveau coût, le Maroc et la Tunisie sont presque au même niveau. Mais le Maroc a l'avantage d'offrir un cluster où grandes et petites structures se complètent pour améliorer l'intégration de l'industrie», précise-t-il. «En terme de qualité, le Maroc se compare plus aux grands marchés de la sous-traitance aéronautique tels que le Mexique et les pays de l'Est et non pas à la Tunisie», renchérit Benbrahim. Le ministre précise que le dernier avantage commercial accordé par Boeing aux industriels tunisiens est uniquement lié à la commande de Tunisair adressé au constructeur européen. Qu'en est-il de la baisse des exportations du secteur constaté au premier semestre 2010? Le ministre l'explique par la baisse des commandes pour la construction d'avions de petite taille, mais il promet un redressement de la situation d'ici la fin de l'année. Le président du GIMAS parle pour sa part d'une situation contrastée. «Il est vrai que les exportations sont en baisse actuellement. Mais les carnets de commande sont pleins pour le court et moyen termes. Ajouter à cela les intentions d'implantation de nouvelles références de l'industrie aéronautique, pas seulement françaises, au Maroc», explique-t-il. Et d'ajouter, «nous allons terminer cette année avec une baisse variant entre 5 et 10%. Malgré cela le Maroc a réussi à se placer parmi les références mondiales de l'aéronautique. Preuve en est, des constructeurs comme Bombardier le choisissent pour fabriquer des composantes de ces appareils».