Branle-bas de combat au Conseil de l'Ordre des pharmaciens d'officine du sud. Un communiqué du président de cette instance, Ilyass Kabbaj, publié lundi dernier, annonce l'annulation des élections qui ont eu lieu le 27 juin dernier en vue de renouveler la moitié des conseillers. Quelles sont les motivations de cette décision? Ilyass Kabbaj justifie, dans son communiqué, cette décision par les conclusions du rapport de la commission électorale chargée de l'organisation et du suivi des élections du Conseil de l'Ordre des pharmaciens du sud, sans autres détails. Quelles sont ces conclusions? Des dysfonctionnements auraient-ils été relevés par la commission? Quels sont ces irrégularités qui ont entaché le scrutin? Une plainte a été déposée au Tribunal par Abdelhalim Chaouki dans laquelle il dénonce «plusieurs dysfonctionnements». Interrogé par Le Soir échos, le président de l'Ordre n'a pas répondu à notre requête arguant qu'il est en réunion. Des pharmaciens candidats aux élections crient aux «dysfonctionnements». Une plainte a même été déposée au Tribunal par Abdelhalim Chaouki, candidat à ces élections et ancien conseiller, et dans laquelle il dénonce «plusieurs dysfonctionnements qui auraient affecté le processus électoral». Des lettres de dénonciation ont été également adressées au ministère de la Santé et au SGG (Secrétariat général du gouvernement). «Nous avons relevé plusieurs dérapages lors du scrutin du 27 juin. D'ailleurs, ce n'est pas la première fois que des irrégularités sont commises. Les élections de 2005 ont connu la même situation. A cette époque, nous avons même déposé une plainte au Tribunal de 1re instance de Casablanca. L'affaire est passée en appel. Le verdict n'a été prononcé qu'en janvier 2010. La sentence en est l'annulation des élections. Toutefois, elle n'a pas été exécutée», affirme Abdelhalim Chaouki, dans une déclaration au Soir échos. Et de poursuivre : «Concernant les dysfonctionnements relevés lors de ce scrutin du 27 juin, certains pharmaciens qui ont participé au vote n'étaient pas à jour de leur cotisation annuelle. C'est une transgression de la réglementation en vigueur». Le processus électoral propose deux voies de vote : soit directement sur place, soit par poste pour les personnes installées loin de Casablanca. Cependant, «nous avons constaté que des pharmaciens sont venus de Marrakech et d'Agadir jusqu'à Casablanca pour voter par poste. Puisqu'ils sont venus jusqu'à Casablanca, pourquoi n'ont-ils pas opté pour le vote direct ? Il y a certainement quelque chose qui cloche. En outre, le vote direct était prévu le 27 juin, alors qu'il a débuté le 21 juin», ajoute-t-il. Autre point de discorde : les rapports moral et financier. «Nous avons demandé d'examiner les rapports moral et financier, mais, notre requête a été refusée». Que disent le SGG et le ministère de la Santé à ce sujet? «Nous n'avons reçu aucune réponse», déplore Abdelhalim Chaouki. Le Tribunal de 1re instance de Casablanca a fixé la première audience au 16 septembre prochain. Dans son communiqué, le Conseil de l'Ordre des pharmaciens d'officine du sud souligne que de nouvelles élections seront programmées ultérieurement sans, toutefois, préciser de date. La colère des pharmaciens est à son comble. «Comme les élections du Conseil de l'Ordre régional des pharmaciens du nord sont bloquées, si ces dérapages sont confirmés, ils risquent de bloquer les élections du Conseil de l'Ordre des pharmaciens du sud et priver ainsi la profession d'un conseil de l'Ordre national capable de défendre les intérêts des pharmaciens», s'indigne un professionnel. Et de poursuivre : «Actuellement, la profession a besoin que tous les pharmaciens soient unis pour défendre leur marge sur le médicament qui semble menacée». Depuis la publication du rapport parlementaire sur la cherté du médicament au Maroc et celui du cabinet international BCG dans lesquels la marge du pharmacien est pointée du doigt, la polémique ne cesse d'augmenter. Des discussions avec le ministère de la Santé ont eu lieu pour faire baisser cette marge jugée trop élevée par rapport à d'autres pays. Pour rappel, les pharmaciens se disent prêts à baisser leur marge jusqu'à 5% au lieu de 30% mais rien que pour les médicaments anticancéreux et ce, à la condition de mettre la vente de ces produits dans leur circuit. Actuellement, ces médicaments sont vendus à la pharmacie de la CNOPS.