Un dernier baroud d'honneur avant le départ en vacances. Ce mercredi et jeudi (14 et 15 juillet), les fonctionnaires et agents des collectivités locales battent de nouveau le pavé. L'ordre a été lancé par l'UMT de Mahjoub Benseddik. Pour le moment aucune autre centrale n'a manifesté sa volonté de lui emboîter le pas. Les motifs de ce débrayage sont restés les mêmes : «refus du ministère de l'Intérieur de reprendre le dialogue». A cela s'ajoute, et c'est le catalyseur de cette dernière manifestation, la décision des autorités locales de prélever des salaires de certains fonctionnaires les 5 jours de débrayage. Une mesure prise par le Premier ministre, il y a plus d'une année, est restée lettre morte parce que les centrales syndicales s'y sont farouchement opposés. Ce débrayage des collectivités locales intervient en clôture de la saison des grèves de cette année. Rendez-vous à la rentrée prochaine. La même UMT décide de lancer un débrayage de 48 heures dans la fonction publique en septembre. La date et les modalités de cette grève nationale seront décidées, en concertation avec deux autres centrales, affirme une source de l'UMT. Pour l'heure, ladite commission (qui regroupe l'UMT, la FDT et l'UNTM) siège toujours, assure ce dirigeant de l'UMT. Sauf que cet intérêt du syndicat islamiste, est ailleurs. «Nous continuons à coordonner avec les deux autres centrales dans la mesure du possible. Mais, nos intérêts sont désormais liés à ceux de l'UGTM avec qui nous avons conclu un partenariat stratégique», affirme Abdellah Attach, conseiller (UNTM) à la deuxième Chambre. Pour la FDT, les choses devaient être clarifiées lors de la réunion, le week-end dernier, de son Conseil national. Le dialogue social figure à la tête de l'ordre du jour de cette réunion du «parlement» du syndicat proche de l'USFP. La CDT fait toujours cavalier seul. N'empêche, la rentrée s'annonce chaude. Les raisons de cette levée de bouclier : «l'absence de toute volonté, de la part du gouvernement, de reprendre le dialogue social», affirme Said Safsafi, dirigeant de l'Union syndicale des fonctionnaires (UMT). Abdellah Attach, conseiller à la deuxième Chambre (UNTM), «le dialogue social est arrivé au pied du mur. Il n'y a plus aucune chance pour qu'il puisse avancer». Cela depuis la décision, il y a quelques semaines, de tous les syndicats, à l'exception de l'UGTM, de se retirer définitivement de ce round des pourparlers avec le gouvernement. Que reproche-t-on au juste au gouvernement ? D'abord sa «faiblesse», le manque de volonté d'aller de l'avant dans les négociations et l'incapacité de traduire dans la réalité les mesures qu'il a prises (bien que ce soit à titre unilatéral), assurent en chœur les responsables des syndicats. Pour preuve, avance Said Safsafi : «la mesure phare du dernier round du dialogue, la suppression des échelles de 1 à 4 dans la fonction publique, n'a toujours pas été concrétisée sur le terrain». De même pour l'indemnité pour éloignement (700 DH à verser aux fonctionnaires de la Santé et de l'Enseignement). A ce jour, le gouvernement est incapable de définir les bénéficiaires et les zones concernées. L'Istiqlal, parti du premier ministre est même allé, dans sa rivalité avec le PAM, jusqu'à accuser le ministère de l'Enseignement de retarder la mise en application de cette mesure. Un autre fait qui vient hypothéquer un dialogue à l'issue déjà incertaine. «C'est sûr que ces conflits entre les partis, chacun voulant s'accaparer la position du plus fort, a eu une incidence fâcheuse sur l'évolution du dialogue», explique ce cadre de l'UMT. «Cela se sent, ajoute-t-il, même dans nos rencontres avec le gouvernement. Chaque ministre veut tirer la couverture de son côté». Ces tiraillements au sein du gouvernement, ont fini par affaiblir sa position, estime notre interlocuteur. «Du coup, l'on s'est retrouvé en fin de compte en face de fonctionnaires délégués par leurs ministres et qui sont incapable s de prendre une décision», regrette la même source. Cela sans oublier les sorties fréquentes de Bank Al Maghrib. «A chaque fois que l'on espère une concession du gouvernement, le wali de Bank Al Maghrib, signe une de ses sorties dans lesquelles il prévient contre les conséquences d'une éventuelle revalorisation des salaires», fait noter notre source. Or la revalorisation du salaire des fonctionnaires (30% d'augmentation au moins) reste l'une des revendications immuables des syndicats. Bref, la rentrée s'annonce mouvementée. Les négociations, aussi bien dans le secteur public que privé, sont au point mort. Les centrales avaient demandé une rencontre avec le Premier ministre avant fin juin pour annoncer le bilan du round qui s'achève. Il n'en fut rien.