Après avoir été agréé par le Sénat, le Général Petraeus a pris immédiatement l'avion pour Bruxelles, siège de l'Otan où il doit informer et rassurer les alliés européens alors que le mois de juin 2010 a été le mois le plus meurtrier pour les troupes de l'ISAF, depuis le début de la guerre en Afghanistan, en 2003. Le nouveau commandant en chef de la Force internationale d'assistance en Afghanistan (ISAF), a donné une conférence de presse à Bruxelles. Objectif Afghanistan où le départ abrupt du général Stanley McChrystal, démis par Barack Obama pour ses propos dans le magazine Rolling Stone, alimente toutes les interrogations. Chez les alliés. Au sein du gouvernement afghan. Et chez les insurgés, persuadés plus que jamais, de conserver l'initiative… La réponse tient lieu de programme. Pas de changement de stratégie, mais des «adaptations». Aucune mention de la date de juillet 2011 présentée par Barack Obama comme le début d'un éventuel retrait. David Petraeus, fidèle à son expérience irakienne, se veut l'homme du renforcement d'effectifs miracle. Il parle des 30 000 soldats américains supplémentaires attendus d'ici à la fin août. Il évoque, à travers des formules comme «la composante civilo-militaire, essentielle pour notre stratégie», l'accroissement probable du nombre d'experts dépêchés dans les provinces. Sa posture est offensive. Mais grave: «Notre priorité sera d'obtenir la plus grande unité dans nos efforts». L'homme qui parle aux diplomates réunis à Bruxelles sait pourtant que parmi eux, la plupart aimeraient refermer le chapitre de l'Afghanistan. Durant la réunion, deux ambassadeurs au moins ont confirmé que le retrait de leurs troupes est inéluctable. Les Pays-Bas ne supportent plus les annonces de nouveaux morts parmi leur contingent en Uruzgan. Le Canada frémit à l'idée que les efforts de contre-insurrection ne mettent encore plus en danger ses soldats, moins bien équipés que les Américains. L'enlisement des opérations militaires à Marjah, dans la cruciale province pachtoune de l'Helmand, a fait l'objet de questions. Un peu comme si le départ de l'austère McChrystal, caricature du guerrier de l'ombre, avait rouvert la boîte de Pandore. Le secrétaire général de l'OTAN, Anders Fogh Rasmussen, déclare que les 100 000 combattants de l'ISAF resteront «le temps qu'il faudra. Pas pour toujours. Mais le temps nécessaire pour que les Afghans assurent eux-mêmes leur sécurité.» Coup d'œil vers la délégation du général Petraeus, faite de conseillers arrivés avec lui du Pentagone, et d'une brochette d'officiers en provenance directe de Kaboul. Aucun visage afghan n'est visible. L'armée afghane, cet allié de nouveau vanté, avec ses 100 000 soldats et ses brigades «engagées au front à nos côtés» n'est nulle part représentée au siège de l'OTAN.