Elles ont toutes fêté un succès bien mérité. Vendredi 2 juillet à Rabat, l'Association nationale des coopératives d'Argane (ANCA), réunissant quatre groupements d'intérêt économique (GIE) et deux unions représentant 56 coopératives, a signé une convention avec la Mutuelle agricole marocaine d'assurances (MAMDA). «Nos équipes apprendront petit à petit à mieux connaître les coopératives en vue d'une extension de nos services à leur profit», annonce le président du directoire de la MAMDA, Hicham Belmrah. Pour le moment, c'est d'une couverture médicale dont profiteront les coopératives adhérant à l'ANCA ainsi que leurs familles. «Nous avons milité pour ce droit depuis 2005. Aujourd'hui, grâce à nos partenaires, nous obtenons, enfin, un acquis primordial», confie la présidente de l'ANCA, Nezha Aktir également présidente de la coopérative agricole féminine Tifaout. Cette convention s'ajoute à la liste des réalisations du «Projet Arganier» dont l'ensemble des acteurs ont été réunis, à l'occasion, pour en dresser le bilan. Doté de 12 millions d'euros, ce projet s'articule autour de plusieurs actions complémentaires ayant pour but commun d'appuyer l'amélioration de la situation de l'emploi de la femme rurale et la gestion durable de l'arganeraie dans le Sud-Ouest du Maroc. Le «Projet Arganier» puise donc son origine dans une volonté d'acier ayant donné naissance à un partenariat entre l'Agence de développement social (ADS) et l'Union européenne (UE). Sur le terrain, les deux partenaires, auxquels se sont joints en cours de route d'autres acteurs, focalisent leurs efforts sur les ressources naturelles et humaines. Le but étant d'aboutir à l'organisation de la filière d'huile d'argan, à la mise à niveau des conditions socio-économiques des femmes vivant de l'exploitation de cet arbre et à la préservation de ce dernier. Lancé en 2003, ce projet est, pour Eneko Landaburu ambassadeur de l'UE au Maroc, «emblématique de la relation Maroc/UE». Pour lui, les vertus de l'argan ont certainement influé sur ce projet qui a réussi à créer une synergie impressionnante entre les nombreux acteurs (administrations, associations, coopératives…). «Croyez-en mon expérience, il est rare de réunir autant de partenaires autour d'un seul et même projet !», s'exclame-t-il, affirmant que l'UE est «fière d'avoir contribué modestement (6 millions d'euros) à ce projet auquel peu, m'a-t-on dit, croyaient au début». Une déclaration qui a fait sourire l'assistance et surtout rappelé quelques souvenirs communs. «Si nous avons obtenu des résultats encourageants, c'est bien grâce à chacun des participants. Les femmes ont été les artisans de ce qui a été fait jusqu'à ce jour», insiste le directeur général de l'ADS, Mohamed Najib Guedira. Ce qui a été fait est une véritable réussite à en juger du bilan. Le «Projet Arganier» a permis la mise à niveau de 66 coopératives à hauteur de 24,8 millions de dirhams, dont 83% financés par l'ADS. 18 groupements de coopératives ont également bénéficié du projet de mise à niveau d'un coût global de 12,4 MDH, dont 76% assurés par l'Agence. Cette mise à niveau concerne le perfectionnement des coopératives du point de vue de l'organisation, la gestion, la production et la commercialisation. La filière de l'argan comprend ainsi des coopératives spécialisées dans la production, des groupements de promotion et de commercialisation. L'ANCA quant à elle, œuvre à la défense des intérêts des coopératives. C'est grâce à la structuration de la filière que le produit conserve sa valeur ajoutée et facilite la réduction du nombre d'intermédiaires qui monopolisaient la commercialisation de l'argan. Du point de vue préservation et gestion durable de l'arganeraie, 24 projets d'appui ont été réalisés à Taroudant, Tiznit, Agadir et Chtouka-Aït-Baha. Sur une superficie de 1.294 hectares (21 sites au total), 212.033 plants ont été semés. Coût global : 18,2 MDH dont 76% financés par l'ADS. A cet objectif s'ajoutent la sensibilisation de la population sur l'importance de la préservation des ressources naturelles, mais aussi la formation technique au profit des acteurs locaux. Le développement durable, c'est aussi le renforcement des capacités des femmes. 2.800 d'entre-elles ont profité d'une alphabétisation dite fonctionnelle. Quant à l'appui à la recherche, trois axes en ont bénéficié : la valorisation des produits de l'huile d'argan, l'agro-foresterie et le contexte physique et humain. L'ADS a investi 7,6 MDH, soit 69% du montant total du projet (11 MDH). Face à des résultats aussi satisfaisants, on ne change pas une équipe qui gagne. L'UE et l'ADS sont prêtes à continuer leur parcours avec autant de volonté. Bilan Activité des coopératives Le «Projet Arganier» a eu un impact impressionnant sur l'activité des coopératives. Selon une évaluation, présentée au cours du séminaire de mobilisation des acteurs de ce projet, la production d'huile est passée de 31,6 tonnes en 2008 à 77,6 tonnes en 2009 et la moyenne de 750 litres à 1.361 litres. Le chiffre d'affaires, lui, passe de 3,6 millions de dirhams à 16,9 MDH et la moyenne du CA de 87.800 DH à 300.900 DH. Mais si les 3/4 des producteurs font moins de 1.000 litres par an, 2/3 font moins de 500 litres, soit 20 litres par coopérative en moyenne. Pour améliorer la production, le «Projet Arganier» a élaboré un Guide de bonnes pratiques de fabrication de l'huile d'argan (GBPF). C'est un document de référence pour toute la filière où sont recensées les meilleures pratiques. Edité en arabe et en français, il est destiné aux coopératives et professionnels du secteur privé. Le GBPF est constitué de fiches décrivant les différentes opérations de fabrication de l'huile d'argan depuis l'approvisionnement en fruits jusqu'au stockage du produit fini. Il comporte deux variantes : le procédé artisanal et le procédé semi-mécanisé. Le guide explique les techniques de production, la démarche d'assurance qualité et propose des documents d'appui à sa mise en œuvre.