Si on devait instaurer le grand prix de la plus belle voix arabe, Asma Lamnawer aurait toutes les chances d'être sélectionnée. Le jury ne récompenserait pas seulement sa voix mélodieuse, grâce à laquelle, la jeune chanteuse a conquis des fans à travers tout le monde arabe, ce qui retiendrait l'attention du jury ce serait surtout son intelligence. Lamnawer fait partie de ces artistes perspicaces qui savent bien choisir leurs chansons et surtout les artistes avec lesquels il faut collaborer. Rappelez-vous, son duo avec le «césar de la chanson arabe», Kazem Saher, a donné un vrai coup d'accélérateur à sa carrière. D'ailleurs, l'un des moments forts de la 10e édition du festival Mawazine demeure le concert qui sera animé par Asma et Kazem sur la scène Nahda. «En me choisissant pour interpréter avec lui la chanson Al Mahkama, Kazem Saher m'a offert une chance incroyable de me faire connaître davantage dans le monde arabe», a souligné Asma à la presse. Détrompez-vous, malgré son jeune âge, Asma a bien une longue carrière entamée bien avant sa collaboration avec Saher. C'est en 1995, âgée alors à peine de 17 ans, que la jeune artiste enregistre sa toute première chanson «Angham» produite par la radio nationale. Grande fan d'Oum Kaltoum, Asma commence à attirer la curiosité des compositeurs et des médias. En interprétant les chansons de son idole, elle redore le blason de la chanson arabe. Bienvenue en Egypte ! Les années se suivent et ne se ressemblent pas pour la native du célèbre quartier Bernoussi à Casablanca. Entre 1996 et 2000, elle multiplie les participations dans diverses productions et effectue des tournées avec l'ensemble Oriental Mood au Danemark, en Suède et en Egypte. Une fois arrivée au Caire, la jeune chanteuse est immédiatement repérée par les professionnels égyptiens de la musique. Un tournant dans la carrière d'Asma qui se produit en 2002 à l'opéra de la capitale égyptienne. Un événement de taille. En effet, ce lieu mythique qu'est l'Opéra du Caire est considéré comme un passage obligé pour tout artiste désirant conquérir le monde arabe. Le premier contact avec le public se passe très bien. Longtemps ovationnée par le public cairote, Asma arrache son ticket pour l'Egypte. Une nouvelle page dans sa carrière. La réalisation d'un album s'avère nécessaire pour couronner ce succès. «Wanari» où elle collabore avec des compositeurs et des paroliers de renom tels Talal Madah, Youssef Almehana et le poète Khaled Bin Fahad, est le fruit de longues années de travail. Pourtant, il n'arrive pas à avoir le succès escompté. Que faire ? Laisser tomber son rêve de toujours et rentrer au bled ? Pas question. Grâce à sa volonté implacable, Asma continue son chemin sans faire trop attention aux rumeurs. Elle participe aux festivals organisés dans les différents pays arabes. À Fès par exemple, où elle prend part au Festival des musiques sacrées, elle éblouit le public en interprétant des textes soufis d'Al Harraq et d'Ibn Arabi, accompagnée par l'Orchestre du Chœur de la Communauté de Madrid. Ce concert qui a eu lieu en 2008 a prouvé encore une fois que le talent de la jeune casablancaise était inestimable. De retour en Egypte, Asma choisit un nouveau producteur, en l'occurrence Rotana et se penche sur un nouvel album. «Men hena le bokra», qui en a frappé plus d'un par son originalité, réussit à occuper les premières places du hit-parade arabe juste après sa sortie. Composé de dix titres chantés en dialecte égyptien (avec une reprise inédite de la chanson Waran), l'album fait un tabac dans le monde arabe. Le clip de la chanson «Men hena le bokra», diffusé en boucle sur les chaînes satellitaires, a prouvé aussi qu'Asma a beaucoup gagné en maturité. Depuis, l'artiste est sollicitée par les médias et les artistes arabes. Rashed Al Majed, qui sera également à Mawazine cette année, lui a demandé d'animer les spectacles produits par sa chaîne Wanassa. Très attachée à ses origines, elle y interprète souvent des titres marocains montrant au public du Moyen-Orient la richesse du patrimoine musical national. Lamnawer, qui attend son premier bébé, savoure en ce moment le succès de son troisième album «Rouh». Un album dont les chansons seront certainement présentées au public marocain lors du festival Mawazine. Asma ne le dira jamais assez : le public marocain est prioritaire !