L'offensive américaine annonce la couleur pour 2013. L'accord de libre-échange signé par le Maroc avec cette puissance mondiale, devrait en effet passer à un niveau supérieur dans les trois prochaines années, et penche encore davantage du côté des Etats-Unis. La Chambre de commerce arabo-US (National US-Arab Chamber of Commerce - NUSACC) a rendu publiques, en début de semaine, des prévisions sur les exportations américaines vers le Maroc à l'horizon 2013, en présence de Aziz Mekouar, l'ambassadeur du royaume à Washington. L'Oncle Sam s'attend ainsi à vendre au Maroc une valeur de plus de 2,99 milliards de dollars US en marchandises en 2013. Ce chiffre s'inscrirait en progression de près d'un milliard de dollars US en comparaison à 2010. En effet, les chiffres de la NUSACC tablent également sur le fait que les exportations marocaines ont bouclé l'année 2010 avec une valeur cumulée annuelle de 2 milliards de dollars US. Les perspectives de la NUSACC sont allées plus en détail, avec 2,21 milliards de dollars attendus cette année, et 2,5 milliards de dollars en 2012. Le constat est là, ces valeurs seront en constante évolution, au moins pour les trois prochaines années. L'aviation civile décolle En répartition sectorielle, près du quart de ces importations vers le royaume portera sur le secteur de l'aviation civile, des engins et équipements BTP, ce qui équivaut à un peu plus de 500 millions de dollars US. Pour le premier segment, les investissements des entreprises américaines, encore timides jusque là, commencent à déployer leurs ailes. La dernière actualité en date en est une preuve. L 'Office national des aéroports (ONDA) et la filiale du groupe américain Hamilton-Sundstrand «Ratier Figeac», ont récemment signé un partenariat concernant l'implantation d'une usine au sein de la technopole de Nouaceur. Le montant de cet investissement s'élève à 12 millions de dollars, et devrait permettre la création de 150 nouveaux emplois à terme. La société Ratier-Figeac est un équipementier aéronautique spécialisé dans les hélices de forte puissance, les équipements de cockpit et de cabine. De plus, le constructeur américain Boeing ne cache pas ses ambitions de développement de ses ventes au royaume, supplantant de loin l'expertise française représentée par Airbus. Par ailleurs, les exportations américaines devraient ainsi porter sur les infrastructures. Les projets du Maroc dans ce domaine, plus précisément celui des énergies éoliennes, «apparaissent comme un vivier certains en investissements pour les entreprises américaines», nous fait savoir un membre du board de la Chambre de commerce américaine au Maroc. La seconde grande tranche de ces exportations américaines vers le Maroc est constituée d'huiles alimentaires et graines oléagineuses. Ces dernières représenteront une part de 16% du total. Le choc des ALE ? Parallèlement, la part des produits US dans le total des importations marocaines devrait aussi logiquement grimper, allant d'un peu plus de 5% à 7,30% à l'horion 2013. Cela sera le résultat du démantèlement progressif des barrières douanières. Mais un autre démantèlement devrait également se faire parallèlement, avec l'Union européenne (UE) en 2012. Une coïncidence calendaire, qui expose le Maroc à une invasion proprement dite des deux côtés. Conscient de ce risque, les ministères pilotes des stratégies de développement lancées par le Maroc ne cessent d'aller à la pêche d'investissements à l'étranger pour développer l'offre marocaine. Quoi qu'il en soit, on remarquera que la donne n'a guère évolué. En effet, l'Europe demeure le premier partenaire du Maroc en termes échanges commerciaux, en particulier la France et, dans une moindre mesure, l'Espagne. Les derniers chiffres de l'Office des changes, faisant état des échanges extérieurs relatifs aux onze premiers mois de 2010, poussent à cette conclusion. L'UE, avec 241,76 milliards de DH, s'accapare 60,1% dans le total de ces échanges, tandis que la part du continent américain, en particulier des Etats-Unis, ne représente que 10,9% (43,97 MMDH) du total des échanges commerciaux. Maroc Vert, grand aimant de dollars US La tendance annoncée d'une hausse des exportations agricoles américaines vers le Maroc s'accompagne d'une autre, celle du développement des investissements attendus, notamment dans le cadre du plan Maroc Vert. À l'issue l'une de ses récentes visites au pays de l'Oncle Sam, Aziz Akhannouch, le ministre de l'Agriculture et de la pêche maritime, et une dizaine d'investisseurs se sont déclarés prêts à franchir le pas et à mettre la main à la pâte. C'est d'ailleurs en ce début d'année que les concrétisations de ces promesses devraient se faire jour. Une première visite de ces hommes d'affaires au Maroc était prévue pour évaluer les opportunités d'investissement. Les responsables du programme Morocco Economic Competitiveness (MEC) avaient accompagné le ministre dans ce périple. «Le but de la visite était de rencontrer et de discuter avec des investisseurs privés sur les potentiels du Plan Maroc vert, notamment dans le domaine de l'utilisation durable de l'eau dans l'agriculture. Nous avons rencontré le ministre hier, lors d'une réunion de travail pour parler des prochaines étapes», nous explique Andrew Watson, chef du programme MEC. Il faut toutefois savoir que l'intérêt des Américains pour l'agriculture marocaine n'est pas nouveau. Il s'est déjà reflété lors du dernier Salon international de l'agriculture (SIAM), à Meknès, avec la participation, pour la cinquième fois consécutive, d'une importante délégation d'opérateurs économiques de ce pays.