Comment réduire de moitié la consommation en énergie électrique d'une maison ? Pour trouver la solution à ce problème, une équipe de chercheurs de l'Ecole nationale d'architecture (ENA) s'est lancée dans une expérience pilote qui a toutes les chances de faire des émules. «Notre maison à basse consommation n'utilise que des technologies et des matériaux conventionnels, mais le résultat est bien là», témoigne non sans fierté le professeur Mohamed Chaoui, enseignant-chercheur à l'ENA. Concrètement, cette MBC (maison à basse consommation) tire profit de la corrélation de plusieurs paramètres pour obtenir le résultat escompté, tout en donnant une touche esthétique à l'ensemble. Le premier de ces paramètres est relatif à la conception architecturale du bâtiment. Ainsi, l'orientation des pièces a été optimisée pour une meilleure captation des rayons lumineux : le salon est orienté au sud pour maintenir une température clémente, tout en profitant d'un ensoleillement maximum. Quant aux chambres, elles sont dirigées vers l'est pour profiter de la lumière dès le lever du soleil. Les espaces communs, salle de bain et cuisine, sont orientés vers le nord ou le nord-ouest. Ce dernier point est non négligeable dans le cas de la cuisine, dont l'orientation permet d'éviter l'accumulation de chaleur et par conséquent le dépérissement des aliments. En plus de sa conception particulière, une attention particulière a été apportée au dimensionnement des ouvertures et à l'isolation du bâtiment. «Nous utilisons de la perlite comme isolant, qui est bien plus performante que la laine de verre», atteste le professeur Chaoui. En plus de son efficacité, la perlite présente un avantage compétitif au niveau du coût parce qu'elle est produite localement, contrairement à la laine de verre qui est importée. Son application au niveau du sol, des murs et de la terrasse permet d'obtenir une étanchéité à la chaleur comme au froid. De plus, la taille des ouvertures prend en compte le besoin en éclairage de chaque pièce, tout en bénéficiant de cadres en bois. En plus de la dimension écologique et esthétique, ces cadres renforcent l'isolation grâce au principe des ponts thermiques. Dernière étape de la conception : la terrasse. En effet, celle-ci n'est pas plane, mais composée de plusieurs «chapeaux» qui permettent de gérer l'absorption de la chaleur en fonction des pièces de la maison. Résultat final, l'ensemble des caractéristiques de cette «maison durable» permettent de réaliser entre 50 à 60% d'économie sur sa facture d'électricité, tout en optimisant l'aération ainsi que la circulation de la chaleur. Une performance certes, mais à quel prix ? D'après les enseignants-chercheurs de l'ENA, l'adoption de ces techniques de construction durable engendre un surcoût de 20% par rapport à une construction classique que le propriétaire peut amortir sur une durée de 8/9 ans. En cas de construction à grande échelle, comme par exemple à Tamesna (52.000 logements) et Bouregreg Vallée City (4.500), la valeur des surinvestissements peut être réduite de 30%. La construction complète reviendrait ainsi à 710.000 DH, contre 600.000 DH pour une construction classique. Une belle façon de concilier les impératifs économiques et écologiques.