Deux années d'études seront nécessaires pour déterminer le nouveau visage du port de Tanger avant un démarrage des travaux début 2012. Selon Abdelouafi Laftit, le PDG de la SAPT (Société d'aménagement du port de Tanger), les grandes lignes du futur chantier se déclinent en trois étapes distinctes.Si rien n'est encore définitivement arrêté pour le moment et que les deux premiers appels d'offres sont en cours, on peut d'ores et déjà affirmer que le port, qui comporte à l'heure actuelle une jetée à l'ouest, trois bassins au centre (passagers, pêche et plaisance), et un terre-plein et une zone industrielle de 15 hectares à l'est, se dotera à l'avenir une deuxième jetée à l'ouest qui s'élancera, parallèlement à l'actuelle, à partir de la corniche et du site de la station de traitement des eaux usées d'Amendis. A l'est, le terre-plein verra sa superficie étendue. La physionomie de l'ensemble s'en trouvera profondément modifiée pour s'élargir vers la nouvelle corniche de Tanger et sous la kasbah à l'ouest, et vers la baie de Tanger et l'avenue d'Espagne à l'est.Le projet en gestation depuis de nombreuses années a été officiellement remis à l'ordre du jour avec la nomination de Laftit à la tête de la SAPT en février dernier et la signature, début mars, de la convention d'aménagement et de reconversion du port entre l'Agence du Nord, le Conseil régional, l'Agence nationale des ports (ANP) et la ville de Tanger.Les travaux doivent démarrer début 2012, le temps de réaliser le transfert de l'activité portuaire vers Tanger Med et de l'activité industrielle vers les zones d'activités de la région, Gzenaya, Tanger Free Zone ou Oued Rmel près de Ksar Sghir. Pour l'instant, le trafic passagers et touristique avec Tarifa et Algésiras restera concentré au port de Tanger-Ville, ce qui ne sera pas le cas, dès cet été 2010, des liaisons maritimes avec Barcelone en Catalogne, Sète en France ou Gênes en Italie. Une nouvelle gare pour croisières sera édifiée, le port de pêche déplacé et l'activité de plaisance revue de fond en comble, notamment en termes de localisation et de gestion. La gestion de l'activité de plaisance a particulièrement été marquée au cours de ces dernières années par une anarchie au niveau du yachting-club et de déplorables conflits de groupes d'intérêts et de personnes. L'ensemble est d'ailleurs fermé depuis quelques semaines. Une étude marketing confiée à des cabinets espagnols et français remettra ses premières conclusions avant la fin de l'année afin de déterminer le positionnement du futur port. On peut d'ores et déjà affirmer que celui-ci comprendra trois pôles principaux : croisières, passagers et plaisance. Pour les croisières, l'objectif est d'atteindre les 500.000 passagers/an dans un premier temps, l'équivalent de deux paquebots par jour. Côté plaisance, un ensemble de 3.000 anneaux est prévu. Pour les passagers, l'activité comprend le trafic des ferries vers Tarifa et Algésiras. Côté accueil, le futur port proposera une offre hôtelière et résidentielle, une d'animation et une autre de restauration. Avec cette description, c'est le schéma de l'actuel port de Barcelone qui vient à l'esprit, celui-ci étant devenu au cours des années 90 un véritable pôle de vie et d'animation de la capitale catalane. Pour le cas de Tanger, Laftit indique que «l'ensemble sera conçu et réalisé en respectant scrupuleusement l'environnement du port» qui comprend les sites de la kasbah et de la médina et les façades des immeubles Reichsauchen du début du siècle dernier sur l'avenue d'Espagne. Ce choix exclut des bâtiments de trop grande hauteur comme on pouvait le craindre, tout comme aucune fixation des prix du foncier résidentiel n'a encore été déterminée. Avec cette conception volontariste du futur du port de Tanger-Ville, la réalisation de Tanger Med, de Nador-West et des ports de M'diq et de Jebha sur la façade du détroit et de la Méditerranée marocaine, c'est une forte vocation maritime nationale qui s'affirme. Laftit, un ingénieur de formation qui a démarré sa carrière au sein de l'ex-Office d'exploitation des ports (Odep), explique que «c'est l'affirmation d'une véritable ambition de nation maritime qui est posée, une nation plus tournée vers la mer, vers le monde extérieur», là où l'histoire récente du pays avait beaucoup mis l'accent sur le monde rural et agricole.