Mystique, poétique, humaniste, mais surtout spirituel, autant de termes qui pourraient décrire ce festival qui s'apprête à lancer sa quatrième édition le 17 avril, le Festival de Fès de la culture soufie. Sous le signe «d'une âme pour la mondialisation», c'est au cœur de la médina de la ville impériale que plus d'une trentaine d'artistes du monde rendront hommage à la culture soufie. Ils viendront de France, de Turquie, du Royaume-Uni, d'Inde, d'Iran, du Mali, des Îles Comores, des Etats-Unis, ou encore du Danemark et s'approprieront les murs du Palais Batha, des anciens riads de la cité et les splendides jardins andalous. Dix jours durant, artistes, penseurs, philosophes, journalistes, hommes de lettres, et des arts partageront cet amour du divin avec les milliers de festivaliers attendus. Philosophie et philharmonie Avec plus 16.000 visiteurs et près de 2.000 participants inscrits chaque jour, aux ateliers et conférences, venus de plus de 15 pays lors des précédentes éditions, le festival de Fès de la culture soufie s'inscrit aujourd'hui parmi les rendez-vous incontournables du Royaume.Ouvrant le bal, d'une série de rencontres qui s'annoncent pour le moins captivantes, Faouzi Skalli propose de faire découvrir la culture soufie, dès le premier jour à travers une conférence sur ce qu'est le soufisme. Entre voie d'enseignement et cheminement spirituel qui s'inscrit au cœur de la tradition musulmane, les plis de la culture soufie s'ouvriront aux non-initiés, pour le plus grand plaisir des habitués. Le sociologue et philosophe français Edgar Morin apportera également sa réflexion, ce samedi 17 avril autour d'une rencontre sur le thème d'«une poétique de civilisation». Bensalem Himmich, ministre de la Culture et écrivain, Patrick Viveret, philosophe et essayiste alter mondialiste (France), Bariza Khiari, sénatrice socialiste (France), Nahal Tajddod membre de l'équipe Monde iranien du CNRS et auteure de plusieurs livres d'histoire (Iran/France), Jaâfar Kansoussi, intellectuel et spécialiste du soufisme et Nick Pearson, président de Temenos Academy (Royaume-Uni), Ismaël Diadé Haïdara, conférencier, enseignant à l'université de Grenade (Mali) et la liste est longue. Autant de noms, de personnalités reconnues à l'international, fortes d'une longue carrière d'expertise qui animeront conférences, tables rondes et ateliers ouverts au public. Au programme : «La thérapie de l'âme», «La chevalerie spirituelle (Futuwwa) : une voie pour notre temps ?», «Figures du cheikh vivant : Sidi Hamza Al Qadiri Al Boutchichi», «Les manuscrits de Tombouctou» ou encore «Mystique et poésie chez Ibn al Arabi». Jusqu'au 24 avril, si la réflexion sera au rendez-vous, l'art aura également sa place à l'intérieur des remparts de la médina. Des chants hassanis de la tariqa boutchichiya de Laâyoune, aux rythmes mystiques tout droit venus d'Inde d'Ajmer Dargah Sharif, en passant par les voix envoûtantes de Mustapha Saïd (Egypte) et de la tariqa chadiliya (Îles Comores), sans oublier ces artistes bien de chez nous tels que Karima Skalli, Haj Younès, Haj Mohammed Bennis ou encore Mohammed Briouel. Une programmation musicalement fascinante qui ne devrait pas laisser festivaliers soufis de marbre. Ecologie et spiritualité Jeudi 22 avril, étant la Journée mondiale de la Terre, le Festival ne pouvait pas omettre de rendre hommage à dame Nature en organisant une conférence sur le thème de «L'écologie: une nécessité matérielle ou un art de vivre ?». Autour de la table, Kamal Oudghiri, ingénieur en télécommunications à la NASA (Maroc/USA), Caroline Chabot, journaliste «Actes et Sens» (France), Nicholas Moller, président du Global institute for new energy technologies GIFNET (Danemark), Fattouma Benabdenbi, sociologue et membre fondatrice de l'association marocaine pour la promotion de l'entreprise féminine, Espod (Maroc), Salamatou Sow, chercheur universitaire (Niger) et Abdalaziz Eddebbarh, spécialiste des sciences de l'environnement, théologien (Maroc/USA). Comme quoi, le bien-être de l'âme va de pair avec celui de notre Terre.