Prévue initialement le jour même de la demi-finale de la Ligue des Champions entre le Real Madrid et le FC Barcelone, l'inauguration du nouveau stade de Tanger a été avancée pour mardi 26 avril pour permettre aux fans du Barça et du Real, très nombreux dans la ville du détroit, de suivre le Classico, le troisième en l'espace de douze jours. Un changement de programme qui peut paraître simple, mais pour le président de l'Atlético de Madrid, Miguel Angel Gil Marin, cela n'a pas été une mince affaire. «Il lui a fallu trois jours de négociations avec son entraîneur pour le convaincre de jouer mardi», fait savoir le ministre de la Jeunesse et des sports, Moncef Belkhayat. Attendu mardi prochain à Tanger, le club madrilène fera le déplacement avec 40 joueurs. En lever de rideau (15h), l'Atlético affrontera l'IRT, avec un ballon dédié à cette rencontre pour marquer l'événement, avant de se mesurer au Raja. «Cela ne veut pas dire qu'il y aura une équipe A et une équipe B. Dans le premier comme dans le second match, il va y avoir la participation de 2 à 3 grands joueurs. C'est pour fournir un bon spectacle», explique Belkhayat. Le choix du vainqueur de l'Europa League pour prendre part à cette fête n'a pas été bien accueilli par la presse régionale de la ville de Tanger. Il fallait alors la convaincre. Une gratuité et des enjeux «Nous avons essayé de faire venir de grands clubs, mais le prix demandé était trop élevé, environ 1,2 million d'euros. Et si nous avons opté pour l'Atlético, c'est pour la simple raison que le club a décidé d'y participer gratuitement. Pour le président du club espagnol, c'est en quelque sorte un message de fraternité envers le peuple marocain», confie le ministre. En fait, derrière cette gratuité se cachent d'autres enjeux beaucoup plus importants. Lors de son court séjour à Tanger, l'Atlético devrait signer deux conventions. Une avec le Raja et qui se rapporte aussi bien au sponsoring commun qu'à la formation et l'échange d'expérience, et l'autre avec l'IRT et qui concerne essentiellement la formation. Concert, meeting, Supercoupe... Il est également prévu la signature d'une convention de partenariat entre la Sonarges et l'IRT, en vertu de laquelle ce dernier élira domicile au nouveau stade de Tanger. En contrepartie, il devrait verser 15% des recettes au bras commercial du ministère de la Jeunesse et des sports. «Nous aurons cette semaine des discussions avec la Sonarges pour définir les droits et obligations de tout un chacun. Nous n'avons aucune idée sur le contenu de cette convention, mais vu les problèmes que connaît le club, nous n'avons pas les moyens de payer ce montant», souligne Adil Deffouf, président de l'IRT. Après plusieurs années d'attente, la ville du nord a enfin le stade qu'elle mérite. Et ça se fête. Mardi à 22h30, les Tangérois auront droit à un spectacle de feux d'artifice à la corniche. Pour la Sonarges, la cérémonie d'inauguration n'est qu'un événement parmi d'autres. Sur son agenda figurent un concert de musique, fin juin, avec la participation de chanteurs arabes, le meeting d'athlétisme Moulay Hassan, 16 juillet, et la Supercoupe de France, le 27 juillet. Khalil Benabdellah : Président du directoire de la Société nationale de réalisation et de gestion des stades Les Echos quotidien : À l'image de ce que vous avez fait avec le KACM, le jour de l'inauguration, vous allez signer une convention avec l'IRT. Le club tangérois a-t-il les moyens de tenir ses engagements ? Khalil Benabdellah : D'abord et avant tout, notre objectif n'est pas financier, mais c'est celui de développer commercialement les activités des enceintes sportives. Nous n'avons pas pour vocation de réaliser des recettes financières. Et au cas où le club n'aurait pas les moyens ? Nous trouverons un moyen de les supporter pendant cette période, mais il n'est nullement question de gagner de l'argent sur le dos de l'IRT. Nous avons une mission de service public, nous en avons une, en tant que société nationale, d'offrir tous les équipements et la maintenance qu'il faut pour que nos équipes puissent venir jouer dans de très bonnes conditions. Nous devons également faire vivre ces stades... Ce sera la même chose qu'avec le KACM ou va-t-on vers une nouvelle convention, surtout après ce qui s'est passé au stade de Marrakech ? Aujourd'hui, nous assistons malheureusement à une recrudescence du hooliganisme au Maroc. Et la preuve, ce qui s'est passé à Casablanca et l'agression qu'a subie un supporter des FAR. C'est un crime, ces pratiques n'existaient pas auparavant. Il faut aujourd'hui toute une stratégie de sensibilisation avec l'appui de la presse, des associations des supporters, qui sont censées encadrer ces supporters, des dirigeants sportifs. Donc, il faut une mobilisation de tous ces intervenants. C'est vrai que, dans cette affaire, la Sonarges s'est portée partie civile ? Non. Ce qui s'est passé à Marrakech, a commencé à l'extérieur avant d'atteindre le stade. Le bus des supporters de l'Olympique de Safi a été attaqué. Il y a eu 22 blessés, dont deux dans un état grave avant de rentrer au stade. Dieu merci cela s'est limité à des sièges, parce que si ce match avait été joué au stade El Harti, cela aurait été la catastrophe. Je pense qu'on aurait perdu pas des sièges, mais des vies humaines. Peut-on avoir plus de détails sur cette convention ? C'est une convention similaire à celle que nous avons signée avec le KACM, par laquelle l'IRT va exploiter le stade de Tanger, la manière avec laquelle il va l'exploiter, et sur quelle base. Financièrement, nous allons recevoir, comme dans la précédente convention, les 15% pour couvrir uniquement les charges.