Le Maroc est reconnu par les organisations mondiales comme étant un des ciels les plus sécurisés. La tenue, pour la première fois au Maroc, de la Conférence annuelle de l'IFALPA (Association internationale des pilotes de ligne) a été l'occasion de rappeler les réalisations et d'afficher les ambitions de notre pays en la matière. Plus de 800 personnes, dont des experts de l'aviation civile et de compagnies aériennes, étaient présentes à Marrakech, le 19 mars, pour assister à l'ouverture des travaux et aux ateliers spécialisés, organisés en marge de l'événement. La séance d'ouverture de cette 65e édition s'est distinguée par la participation de Driss Benhima. Le PDG de Royal Air Maroc a rappelé que la sécurité constitue la première exigence des clients des compagnies aériennes et que l'industrie du transport aérien est une activité basée sur la confiance des utilisateurs. «La sécurité est au centre des préoccupations de Royal Air Maroc. La Compagnie s'est ainsi engagée dans un processus global de certification de ses métiers par leur mise en conformité avec les normes d'assurance qualité en vigueur au sein de l'Union européenne et les meilleures pratiques dans le secteur. La Compagnie a ainsi été certifiée IOSA dès l'année 2005», a-t- il précisé. Un engagement national Une chose est sûre, cette édition est une occasion pour faire le point sur les avancées du Maroc dans le domaine de la sécurité aérienne. Rappelons qu'à l'issue de la signature en 2006 de l'accord Open Sky avec l'UE, le Maroc s'est engagé à assurer le plus haut niveau de convergence réglementaire, surtout en matière de sûreté et de sécurité de l'aviation civile et de surveillance des prestataires des services aériens. Des critères périodiquement contrôlés et examinés par un comité mixte composé de la direction générale de l'aviation civile marocaine et une commission européenne. Cet accord est axé également sur les infrastructures et espaces alloués aux professionnels et au public. Ceci venant confirmer le souhait du Maroc d'être en harmonie avec la réglementation internationale en matière de sécurité et conformément à l'article 28 de la convention de Chicago. Dans ce registre, Karim Ghellab, ministre de l'Equipement et du transport, avance qu'«au niveau législatif, le Maroc poursuit le processus de rapprochement réglementaire avec les standards internationaux et notamment vers l'acquisition communautaire, et l'adoption attendue du nouveau code de l'aviation civile, en cours d'examen au Parlement, devra apporter une avancée significative dans ce sens». Par conséquent, l'aviation civile marocaine doit poursuivre les efforts réalisés ces dernières années et peut s'enorgueillir des bons résultats obtenus, notamment grâce aux actions des associations comme l'AMPL, sous la coupole de l'Ifalpa, qui contribuent sans cesse à l'amélioration du transport aérien. Et qui logiquement, exemptent le Maroc et avec légitimité de la liste noire des pays dont la sûreté et la sécurité aérienne reste déplorables, hissant par la même occasion le Royaume quasiment au même niveau que ses partenaires européens et internationaux. Par ailleurs, le statut avancé du Maroc auprès de l'Europe peut servir de pont salvateur entre un Nord et son aviation développée et une Afrique aussi pauvre en infrastructures qu'en expertise en aéronautique. Combler les lacunes En tout cas, cette conférence constitue une occasion en or pour découvrir les dernières solutions visant à combler les lacunes en matière de sécurité aérienne. C'est le cas de cette entreprise américaine -dont le président Joseph Barclay a débuté sa carrière au sein de l'United States Air Force sur les F-15- qui propose une boîte fixée aux ventilateurs d'avion prévus pour le refroidissement. Celle-ci enregistre la moindre anomalie du ventilateur et le désactive pour la sécurité de l'appareil, afin qu'il n'y ait aucun dégagement de fumée ou odeur de brûlé. Une amélioration de la sécurité qui rime avec rentabilité. Effectivement, tout vol présentant une odeur de brûlé ou dégageant de la fumée doit aussitôt atterrir. Par conséquent, cette boîte permet aux compagnies comme Boeing, United Airlines, China Airlines et bien d'autres encore qui lui ont fait confiance, d'économiser de l'argent et d'augmenter la sécurité du vol en évitant de procéder à un atterrissage d'urgence. Jalal Yacoubi : président de l'AMPL «Nous comptons sur nous-mêmes pour la formation» Les Echos : En tant que président de l'Association des pilotes de ligne marocains, quelles sont vos attentes par rapport à cette édition de l'Ifalpa ? Jalal Yacoubi : Mon souhait le plus cher est de pouvoir offrir un maximum de formations pour les pilotes marocains afin que l'on puisse retentir sur tout le continent. Le Maroc, de par sa situation géographique et son haut niveau de sécurité, joue un rôle de pont entre les pays du Nord et ceux du continent africain. Etes-vous satisfait des actions entreprises au Maroc ? Pleinement satisfait, mais nous aimerions faire plus. Malheureusement, nous ne fonctionnons qu'avec nos propres fonds. Nous comptons actuellement 400 membres et chacun cotise à hauteur de 300 DH mensuellement. Ce qui permet à l'association d'envoyer quelques pilotes faire des formations pouvant enrichir leur fonction. C'est le cas du capitaine Najib Al Ibrahimi, qui est devenu expert enquête accident. Comment se fait la sélection des pilotes pour les formations ? Très naturellement, il s'agit généralement de pilotes influents au sein de notre association. Des personnes donnant de leur temps et jouant un rôle important lors de nos rencontres sur la scène internationale. Et c'est en collaboration avec l'Ifalpa que nous choisissons le pilote. De plus, cette concertation avec l'Ifalpa permet par la suite, comme ce fut le cas pour notre collègue Al Ibrahimi, d'avoir un statut d'expert validé par l'Ifalpa., Il s'agit, en quelque sorte, d'un label. Qu'en est-il de l'avenir de la sécurité aérienne au Maroc ? Nous sommes sur le bon chemin et notre réglementation est quasi similaire aux normes internationales. Ce statut nous sert justement aujourd'hui pour faire la connexion avec le reste de l'Afrique. Toutefois, il faut veiller à rester optimal dans ses actions. Nous nous devons de fournir ce qu'il y a de mieux en matière de sécurité aérienne, pour le public et pour les travailleurs de l'aérien. À nous de faire en sorte de garder ce niveau, voire de l'améliorer. Driss Benhima PDG de Royal air Maroc ( RAM) «La RAM n'a jamais économisé sur la sécurité» Les Echos : Etant membre de l'Ifalpa, dans quelle mesure la RAM participe-t-elle à l'amélioration de la sécurité aérienne de l'aviation civile ? Driss Benhima : Nous avons une direction «Sécurité, qualité et sûreté» qui est dotée de moyens humains et matériels. L'objectif est d'assurer en permanence les études, la recherche et la documentation sur la sécurité. Un gros effort sur la documentation est fait, puisque nous devons sans cesse être au fait des nouvelles avancées en matière de sécurité en appui avec le corps des pilotes. Suite aux différents accords passés, comme l'«open sky» en 2006, vous avez pour ambition de vous mettre en adéquation avec les normes internationales en matière de sécurité aérienne. Cela vous a-t-il contraint à revoir votre budget à la hausse ? La RAM n'a jamais économisé sur la sécurité. Nous continuons sur la même politique, à savoir investir ce qu'il faut pour que la sécurité soit à son maximum. Nous prenons cela très au sérieux, et nous partageons les préoccupations et l'intérêt des pilotes de la compagnie que nous sollicitons dans ce domaine. Pensez-vous avoir une influence sur le continent africain, vu que vous êtes un modèle en matière de sécurité aérienne ? Qu'en est-il de votre relation avec les autres compagnies africaines ? Nous avons déjà réalisé quelques audits de sécurité pour des compagnies africaines. Nous avons également quelques programmes de coopération comme avec le Sénégal pour la formation des pilotes et d'autres partenariats. Ceci dit, nous mettons l'accent et la priorité sur nos propres besoins et sur la qualité de notre compagnie.