Ahmed Rahhou semble bien décidé à en finir avec les vieux démons du CIH. L'ambitieux plan de développement, présenté en parallèle des résultats annuels (développés récemment dans nos colonnes), est une preuve de la détermination du nouveau management de la société. Celui-ci projette en effet de développer les activités du CIH, notamment pour une meilleure répartition des risques «Nous sommes présents et forts pour ce qui est des crédits immobiliers. Mais une banque ne doit pas être exposée à un risque sectoriel en mettant tous ses œufs dans le même panier», commente Rahhou. Les ambitions sont claires : le CIH compte investir le marché des banques de détail, le management estimant ce marché encore loin d'être saturé. «Il y a encore de la marge de manœuvre. Les clés du développement sont dans la compréhension fine des besoins de la clientèle. Nous estimons que nous pouvons répondre de plusieurs manières à ces besoins» ajoute Rahhou. Pour ce faire, le CIH vise à consolider ses positions sur ses métiers de base, ainsi que le développement entre autres d'une banque de détail. Le but est de faire de l'entreprise une banque universelle exerçant tous les métiers liés à la profession. À cet égard, le management a fignolé plusieurs axes, s'appuyant notamment sur une politique des RH appropriée, un dispositif de risque renforcé, ainsi qu'une modernisation du système informatique. Pour mener à bien cette mission, le CIH compte beaucoup sur les synergies avec la CDG et le groupe bancaire français Caisse d'Epargne. L'objectif est qu'à fin 2010, la banque de détail soit totalement opérationnelle. Mais le CIH ne compte pas s'arrêter en si bon chemin, puisque le projet d'une corporate bank en bonne et due forme est également en cours. «Nous comptons développer des critères sélectifs, afin de travailler avec les meilleures entreprises », souligne Rahhou. Nouvelle direction pour vieux dossiers Un tel changement d'orientation ne s'est pas fait en un jour. Plusieurs axes de réflexion ont été engagés. Leur chiffrage est toujours en cours, notamment en ce qui concerne les estimations en fonds propres, ainsi que le coût du risque. Des discussions sont en cours avec les actionnaires et les autorités de supervision bancaire. Mais pour l'heure, le management du CIH n'a pas apporté d'évaluation chiffrée à ses ambitions, avec la promesse de lever le voile dans quelques mois, au plus tard pour les résultats semestriels. Cependant, les souvenirs des périodes sombres ne risqueraient-ils pas de plomber ces ambitieux projets ? À ce sujet, Rahhou est clair : «Pour moi, le passé, c'est terminé. D'ailleurs, nous avons crée une direction pour y loger tous les anciens dossiers». Et d'ajouter qu' «il ne faut pas oublier un fait important. C'est que malgré toutes ses difficultés, le CIH existe toujours. Et même pendant les périodes noires, jamais les clients ne sont venus retirer leurs fonds. Nous avons continué à financer l'économie, même au cœur de la tourmente».