C'est sans nul doute le deal de la semaine. Le marché a agréablement été surpris en cette fin de semaine par le communiqué annonçant l'entrée du Groupe Saudi Paper Company dans le capital de Cellulose du Maroc. Le cédant n'est autre que la Caisse de dépôt et de gestion (CDG), à travers sa filiale CDG Développement, qui a choisi de se délester de 51% de Cellulose du Maroc et de ne rester qu'en tant qu'actionnaire minoritaire de la société avec une part de 11,7%. Qu'est-ce qui en fait un bon deal ? À l'époque du renforcement de la participation de CDG dans Cellulose du Maroc, cette dernière vivait de graves difficultés financières qui menaçaient même sa pérennité. En effet, en 2003, CDG Développement avait acquis 22% des parts de Cellulose jusque-là détenues par SNI. À l'époque, les indicateurs financiers de la société étaient lourdement impactés par la chute des cours mondiaux de la pâte à papier, par le renchérissement des coûts des matières premières importées ainsi que par les déboires boursiers de sa filiale Papelera de Tetuan. Dans ce contexte, Cellulose a vu ses fonds propres s'effriter brusquement pour ne plus valoir que 250 MDH au lieu de 650 MDH. C'est là qu'est intervenue CDG Développement en rachetant les parts de SNI pour un peu plus de 100 MDH. La CDG a même dû, immédiatement après son rachat, injecter plusieurs dizaines de millions de DH dans la société pour assurer son sauvetage. «À l'époque, on criait déjà à la mauvaise affaire, puisque CDG Développement venait de prendre pied dans une entreprise boiteuse», nous confie un opérateur du marché. Aujourd'hui, la situation est tout autre. CDG Développement a non seulement pu redresser la situation financière de Cellulose, mais elle s'est même permis le luxe d'une croissance externe au Gabon, et s'est trouvée un repreneur de taille pour sa filiale. En prime, CDG Développement devrait empocher une enveloppe comprise entre 257,5 MDH et 316 MDH. Le closing de l'opération devrait intervenir le 31 juillet prochain. Au-delà du chèque à encaisser, CDG Développement justifie cette cession surtout par sa volonté de se recentrer sur ses métiers de base, que sont l'aménagement et le développement urbain, la promotion et le développement immobilier, les services aux collectivités et les infrastructures. De l'autre côté, Saudi Paper fait de cette acquisition une porte d'entrée dans un marché marocain du papier qu'elle juge à fort potentiel, notamment à l'export. Pour rappel, le marché du papier au Maroc affiche selon les professionnels des taux de croissance de 7% sur les dernières années. Ce taux, aussi modeste soit-il, est appelé à croître dans l'avenir, vu que le niveau de consommation par habitant se limite à 17 kg par habitant, alors que des pays voisins en sont à plus de 35 kg. C'est là l'opportunité que souhaite saisir l'opérateur saoudien via la prise de contrôle de Cellulose du Maroc. Y.A.T