L'Union des Comores célèbre le 5è anniversaire de l'ouverture de son consulat à Laâyoune    Arabie Saoudite : signature d'un accord pour développer des solutions numériques innovantes destinées aux pèlerins    Port de Tan-Tan : chute de 45% des débarquements de la pêche côtière et artisanale en 2024    Températures prévues pour le lundi 20 janvier 2025    Rêve d'une trêve durable    Le cessez-le-feu à Gaza entre en vigueur après un retard de 3 heures    Après la disparition mystérieuse de quatre chauffeurs marocains entre le Burkina Faso et le Niger, le ministère marocain des Affaires étrangères active une cellule de crise avec les pays concernés.    LDC: Les Militaires sereins, les Rajaouis stressés avant les matchs de cette fin d'après-midi!    CCF: La RSB, mission accomplie avant le match de ce soir    Botola D2/J15: L'USYM s'offre le KACM et le poste de leader    L'ambassade du Maroc au Burkina Faso intervient après la disparition de 4 routiers marocains    L'humeur : Hajib compte nous laisser tomber    MAGAZINE : Adil El Fadili, plomb âge    2025 sous le signe de l'optimisme et de l'attractivité des MRE    Une tragédie nationale en Azerbaïdjan et un tournant historique    De la radio d'Hitler et Goebbels au numérique de Trump et Musk    Moscou et Téhéran signent un accord de partenariat stratégique    Un échange des plus fructueux    Entrée de TVS Motor Company sur le marché marocain    La famille marocaine Said décroche un méga-contrat de près de 2 milliards de DH par an à Nouakchott    Balde victime d'insultes racistes à Getafe    Le PSG frappe fort en s'offrant Kvaratskhelia    La FIFA finance la construction d'un nouveau centre technique de football en Cote d'Ivoire    Anas Zniti rejoint le club émirati d'Al-Wasl    Dominants et dominés    Un enseignant marocain distingué aux Global Teacher Awards    Cap sur la formation continue des médecins spécialistes, résidents en radiologie et des techniciens    La main tendue aux jeunes    Oncorad investit 3,5 milliards de dirhams pour construire trente hôpitaux au Maroc d'ici 2028    Naufrage au large du Maroc : 21 Pakistanais secourus selon le dernier bilan officiel, opérations de rapatriement en cours    France : un réseau criminel accusé d'exploiter des Marocains sera jugé pendant deux jours à partir du 20 janvier    Loudyi reçoit la ministre d'Etat chargée de la Défense nationale    Plusieurs écoles hôtelières toujours fermées au grand dam des opérateurs touristiques    Une exploration littéraire signée Charles de Mont Fort Mabicka    L'ARMCDH plaide pour une harmonisation avec la constitution des droits de l'Homme et libertés    Les faillites d'entreprises en Belgique atteignent leur plus haut niveau depuis plus de 10 ans    Le temps qu'il fera ce dimanche 19 janvier 2025    Le Maroc, « un partenaire important » pour l'Allemagne et pour l'UE    Sahara : Un drone des FAR tue un élément important des milices du Polisario    Trois millions d'Espagnols ont visité le Maroc en 2024, en hausse de 16%    Benkirane remet la question du Sahara oriental marocain sur le devant de la scène... et un historien évoque des données historiques documentées    Création d'un groupe de travail Maroc-Allemagne sur l'alimentation et l'agriculture    Les militants amazighs s'indignent du rattachement d'Id Yennayer au sionisme    Diaspo #372 : Mohamed Khoutoul, un parcours guidé par le savoir et le travail    Justice : Une année judiciaire semée de défis, mais un bilan solide    Le journal "Global Times" : 80 % des participants à un sondage mondial sont très optimistes quant à l'avenir économique de la Chine    Casablanca : L'Ambassadeur de Chine au Maroc inaugure les célébrations du Nouvel An chinois    Interview avec Leyna Kayz « Je travaille déjà sur un hymne pour encourager nos Lions lors de la CAN »    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Goldman Sachs, cette pieuvre sanguinaire...
Publié dans Les ECO le 03 - 03 - 2010

Comme beaucoup d'opérateurs dans le monde de la finance, j'ai souvent pensé que travailler pour Goldman Sachs était un must. Le nom est prestigieux, les équipes sont composées d'éléments souvent brillants et l'environnement est élitiste et multiculturel à souhait. Les débats sur l'intégration des étrangers en France ne doivent pas trouver beaucoup d'écho chez eux : les correspondants avec qui j'ai l'occasion de travailler à Londres sont des Nigérians, des Croates, des Bulgares ou des Marocains, autour de quelques rares Britanniques. Les résultats de la banque sont plutôt flatteurs : elle est sortie indemne d'une crise financière qui a bien failli renverser tout le système financier mondial en 2008, et de plus, elle est redevenue extrêmement rentable. Elle affiche pour 2009 un profit de près de 11 milliards de dollars, le niveau de ses plus belles années. Elle est aussi devenue la cinquième banque américaine en termes d'actifs. Pourtant, malgré ce tableau plutôt élogieux, il ne fait pas bon dire qu'on est employé chez Goldman Sachs ces temps-ci, tant le nom déchaîne les critiques. «Goldman Sachs est une pieuvre assoiffée de sang, étendant ses tentacules autour du monde». Ce titre-choc d'un article à charge et plutôt bien documenté, est paru en juillet 2009 dans le magazine Rolling Stones. Il a très largement contribué à alimenter le climat de suspicion, voire de haine que beaucoup d'Américains éprouvent désormais envers Wall Street, et plus particulièrement envers la plus prestigieuse de ses banques d'affaires.
Des profits faramineux contestés
Dans une économie américaine qui peine encore à se redresser, avec un taux de chômage qui a atteint en automne dernier des niveaux jamais vus depuis 26 ans, l'annonce des bonus des employés de Goldman Sachs fin janvier (près de 500.000 dollars par personne en moyenne) a déchaîné les protestations. Les Américains, d'ordinaire si prompts à applaudir le succès des autres, ont cette fois-ci la douloureuse perception que les faramineux profits de Goldman Sachs ont été réalisés aux dépens de l'argent public, comme si le PDG Lloyd Blankfein avait puisé directement dans leur poche. L'argument le plus symbolique est peut-être le déménagement en cours de la banque à New York. Quelque 6.000 employés du groupe vont rejoindre un nouvel immeuble de 43 étages, tout de verre et d'acier, juste à côté de l'endroit où trônaient les tours jumelles du World Trade Center. Pour financer sa construction en 2005, Goldman Sachs a bénéficié de cadeaux fiscaux sur l'emprunt contracté, ainsi que d'aides substantielles du gouvernement, soucieux de conserver les emplois dans le quartier après le 11 septembre 2001. Au total, ce fut un cadeau de 200 millions de dollars pour Goldman Sachs, bien négocié par son PDG d'alors, Henry Paulson. Et c'est ce même Henry Paulson, devenu depuis secrétaire au Trésor, qui a accordé 10 milliards de dollars d'aides à son ancien employeur, lors de la crise en septembre 2008. Collusion, diront les mauvais esprits. Mais Goldman Sachs n'a-t-elle pas remboursé rapidement et entièrement la somme, assortie selon ses calculs d'intérêts de plus de 20% ? De plus, le Trésor n'a t-il pas également aidé les autres banques ? Peut-être, mais on se souvient qu'au même moment, le Trésor américain avait choisi de soutenir l'assureur AIG, alors en très grande difficulté, tandis qu'il condamnait à la faillite la banque Lehman Brothers. Et à qui AIG a-t-il pu rembourser sa plus grosse dette, près de 13 milliards de dollars sur ses contrats dérivés ? À Goldman Sachs...
De la banque d'investissement à la banque d'affaires
Une semaine plus tard, Goldman et une autre banque d'investissement, Morgan Stanley, ont obtenu la modification de leurs statuts pour devenir des banques d'affaires. C'était là probablement le cadeau le plus substantiel. Grâce à cette nouvelle dénomination, elles rejoignaient JP Morgan, Citigroup et d'autres géants bancaires qui avaient la possibilité d'emprunter auprès de la Fed des montants massifs à des taux d'intérêt proches de zéro. C'est précisément ce qui a sauvé Goldman du désastre.
Plus encore qu'une source de financement d'urgence, c'était une source de revenus à long terme garantis. Goldman Sachs pouvait par exemple emprunter des sommes colossales à un taux quasi nul, pour les réinvestir dans les bons du Trésor américain à 2%. Un véritable distributeur gratuit de billets... La collusion entre la banque et les instances du gouvernement ne s'arrête pas à Henry Paulson. Bien d'autres anciens membres de Goldman se retrouvent dans les cabinets ministériels d'Obama, à la BCE ou à la Banque mondiale. Cette galaxie de personnages a surtout fait en sorte que Goldman soit considéré comme un rouage indispensable au maintien du système financier américain, le fameux «too big to fail» ou trop important pour faire faillite. En d'autres termes, c'est l'assurance que Goldman peut faire des bénéfices encore longtemps, avec l'argent et la garantie implicite du gouvernement américain... La révélation il y a quelques jours du fait que Goldman Sachs a aidé la Grèce à masquer l'ampleur de son déficit budgétaire à l'aide de produits dérivés a constitué pour l'opinion publique la goutte qui a fait déborder le vase. Les instances financières internationales devraient maintenant examiner les conditions dans lesquelles Goldman Sachs a opéré et déterminer si la firme a été impliquée dans d'autres «arrangements» similaires. Il n'y a qu'un pas pour que les adeptes de la théorie du complot se posent ces questions : les régulateurs américains de Goldman étaient-ils au courant de ses activités en Grèce et dans d'autres pays de la zone euro ? Ont-ils approuvé ces activités qui portaient directement atteinte à l'intégrité de l'Union Européenne ? Aujourd'hui, lorsque des vendeurs de chez Goldman Sachs m'appellent pour présenter une nouvelle idée d'opération financière, je ne peux pas m'empêcher de penser à un énorme tentacule de pieuvre qui s'approcherait de moi en ondulant...Et je suis tenté de décliner.
À qui diantre, profite cette dette ?
Par quels mécanismes précis les banques ont-elles pu camoufler une partie de la dette grecque ? L'opération incriminée dans le cas de Goldman Sachs en 2002 reste relativement simple : il s'agissait de convertir en euros une partie de la dette émise en dollars et en yens, pour une durée déterminée. L'astuce résidait dans la détermination du taux de change, qui ne correspondait pas au prix du marché de l'époque et qui était largement favorable à la Grèce au début de l'opération. Cela permettait de décaler artificiellement de plusieurs années le remboursement d'une partie de la dette, et d'améliorer les ratios d'endettement du pays. Un prêt déguisé en quelque sorte... Sans oublier de généreuses commissions pour la banque. L'imagination des intermédiaires financiers ne s'arrête pas là : ils ont également créé des produits structurés complexes, permettant d'hypothéquer les recettes futures des aéroports ou de la loterie nationale. Selon les révélations récentes du Wall Street Journal, certaines de ces structures étaient encore actives fin 2009. Toutes ces opérations, aussi choquantes quelles puissent paraître aujourd'hui, étaient rigoureusement légales selon les standards de l'époque. Opaques, certes, très discutables dans leur principe, sûrement, mais néanmoins légales. Les principales victimes sont le contribuable grec et la crédibilité du projet d'union monétaire européenne.Mais doit-on désigner Goldman Sachs comme seul coupable dans ces affaires ? Certainement pas. Les banques n'ont été que les complices de gouvernements à la gestion budgétaire désastreuse, qui ont utilisé tous les moyens possibles pour satisfaire aux critères monétaires d'une Europe au contrôle laxiste. L'Italie en a également abusé. Et quel est le métier des banques, sinon de répondre aux attentes de leurs clients ?


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.