Le Maroc s'est hissé à la 2e position, aux côtés de l'Afrique du Sud, dans le dernier rapport du Conseil français des investisseurs en Afrique (CIAN) sur l'environnement des affaires. Le Maroc a été noté à hauteur de 3,15/5, juste derrière la Tunisie, qui est en pole position. L'Algérie, elle, a hérité de la 5e place, derrière le Sénégal. Le document du CIAN, publié annuellement, classe les performances économiques par pays, selon les résultats d'un sondage effectué auprès de 525 entreprises françaises basées en Afrique. Il prend en compte des indicateurs tels que le rythme de croissance, le niveau de la dette intérieure, les efforts d'amélioration et d'assainissement des finances publiques... Le rapport fournit une appréciation sur l'évolution des activités de ces entreprises en Afrique (chiffre d'affaires, profits, investissements) et un jugement sur l'environnement des affaires. Bons points pour le Maroc malgré des constances négatives Dans le détail, les enquêteurs du CIAN notent que l'économie marocaine a fait «preuve de résilience face à la crise économique et financière mondiale». Ils relèvent aussi que les Européens, premiers investisseurs, sont de plus en plus frileux à investir dans notre pays. Et ce, contrairement aux investissements émiratis qui ont fortement progressé pour atteindre 5 milliards de DH en 2008. «Le Maroc est devenu aussi le premier destinataire dans le monde arabe des capitaux émiratis, qui se placent maintenant en troisième position derrière la France et l'Espagne», lit-on sur le rapport. Quant aux répercussions de la crise économique, le rapport du CIAN note que la crise a touché les finances du Maroc. «Fragilisée, la balance des paiements, et tout particulièrement la balance des transactions courantes, est sous étroite surveillance», indique-t-on. D'après les conclusions des sondés, plusieurs facteurs ont joué pour l'amortir dont la forte croissance du secteur agricole, qui a permis de générer des revenus dans le milieu rural, maintenir l'emploi et diminuer les importations. D'autre part, les sondés ont aussi relevé plusieurs pratiques négatives constantes au Maroc. De l'avis des entreprises questionnées, des pratiques telles la corruption, la fraude douanière, la fraude fiscale et le harcèlement fiscal continuent à plomber l'investissement dans notre pays. S'y ajoutent les délais des procédures juridiques, les jugements arbitraires et le droit foncier qui font toujours tache au Maroc, selon les sondés. De même l'impact négatif du secteur informel sur le secteur économique organisé est ressenti. Les sondés relèvent par ailleurs quelques points positifs : des télécoms qui fonctionnent bien, un réseau bancaire efficient, des ports et aéroports de qualité et une qualité élevée de l'encadrement et de la main-d'œuvre. Une rentabilité stable, mais moins d'investissement Dans ce rapport, le Centre français donne aussi un aperçu sur les résultats bénéficiaires des entreprises françaises en Afrique. Ces derniers ont été bons presque partout en 2009, à quelques exceptions. La rentabilité, elle, est restée stable dans une douzaine de pays dont le Maroc. Le chiffre d'affaires s'est, quant à lui, tassé. Pour ce qui est des investissements programmés en 2009, le rapport parle d'un «effondrement» de l'investissement de ces entreprises, par rapport à 2008. Si ces baisses sont moins importantes au Maroc, elles ont atteint des proportions considérables en Tunisie, Afrique du Sud et Côte d'Ivoire (-50%). S'agissant des perspectives 2010, le CIAN évoque une rentabilité en hausse dans près d'une vingtaine de pays, le Maroc étant en deuxième position. Il fait bon d'investir au Maghreb En répondant à 43 questions, les entreprises consultées évaluent leur environnement dans chacun des 28 pays africains où les entreprises françaises implantées ont répondu à l'enquête. La moyenne des réponses notée de 1 (mauvais) à 5 (très bon), reflète toujours, à de rares exceptions près, une image très moyenne de l'environnement qui accompagne les affaires en Afrique. Ainsi, par rapport à 2008, le CIAN note que finalement il n'y a pas eu de grands bouleversements et les variations dans un sens ou dans un autre sont restées assez modestes dans leur ampleur. Ce sont d'ailleurs pratiquement les mêmes secteurs qui sont concernés. En matière d'infrastructures, le réseau ferré est jugé défaillant partout. Au total, ce sont le Maghreb (2,92/5) et l'Afrique australe/orientale/Océan Indien (2,67/5) qui présentent le meilleur environnement global des affaires en 2009. La note moyenne totale n'a progressé d'une année à l'autre qu'au Maghreb et légèrement en Afrique centrale. Ainsi, le Centre français constate que l'environnement des affaires reste toujours en deçà du niveau moyen (3/5), bien que le Maghreb s'en rapproche.