La direction du Trésor et des finances extérieures vient de publier un récapitulatif de la situation de l'endettement extérieur public à fin 2010. Il en ressort que l'encours de la dette internationale de l'Etat a atteint 173,4 milliards de dirhams, en progression de 14%. Plus en détail, cinq faits sont à retenir pour davantage caractériser cette dette. D'abord, il y a lieu de préciser qu'elle est à 100% de maturité longue et moyenne. Ensuite, retenons que près de la moitié de cette dette, soit 85 milliards de dirhams est due à des institutions internationales. Une part de 11% du total est levée auprès de banques commerciales et des marchés financiers internationaux, tandis que le reliquat consiste en dettes bilatérales (contractées pour l'essentiel auprès des pays de l'UE et des pays arabes). En troisième lieu, il est à relever que la structure de cette dette en devises laisse apparaître qu'une part de 71% est libellée en euros, contre 8,9% pour le dollar, 7,1% pour le yen japonais et 13,3% pour les autres monnaies soit à peu de chose près, la ventilation des volumes d'échanges réalisés avec les partenaires commerciaux du Maroc. Quatrième point, l'Etat emprunte à l'international de plus en plus à des taux fixes. En lien, le flottant souscrit selon cette formule a atteint fin 2010, plus de 78% (à comparer à une part de 70% en 2006) quand le taux variable ne représente que moins de 21%, le reliquat consistant en taux semi-fixes. Enfin, l'Etat a remboursé en 2010 au titre de son endettement à l'international pour près de 15,4 milliards de dirhams, dont 10,4 milliards de dirhams de charges en principal et cinq milliards de dirhams d'intérêts. Notons que cette charge a absorbé l'équivalent de 4,8% des recettes courantes de l'Etat en 2010, alors qu'en 2009, encore plus de 5% de ces recettes étaient affectées au remboursement de la dette extérieure, avec un pic de 7,1% en 2006. Il faut dire que depuis cette date, le service de la dette a baissé de 14%, ce qui ne l'a toutefois pas empêché de repartir légèrement à la hausse depuis 2009. Conclusion ? Que faut-il penser de tout cela ? En somme, bien qu'ayant enregistré une croissance de 14% de son en-cours en 2010, la dette extérieure publique garde plusieurs signaux de confiance. En effet, si l'on récapitule, il ressort d'une part qu'elle est levée dans son intégralité à moyen et long termes, principalement auprès de créanciers multilatéraux (plus de sécurité en théorie) et essentiellement à taux fixe, ce qui permet de parer à la fluctuation des marchés internationaux. D'autre part, il apparaît que la structure de cette dette est calquée sur la répartition des échanges extérieurs (ce qui aligne donc les remboursements en devises sur les rentrées des mêmes devises), de même que son service a tendance à peser de moins en moins dans le total des recettes courantes de l'Etat. Néanmoins, quelques ombres sont à porter au tableau, notamment si on rapporte le stock de la dette publique extérieure au produit intérieur brut. Certes, ce rapport fait ressortir une part de moins de 23% de l'endettement extérieur dans le PIB, en se basant sur un taux de croissance de 3,5% pour 2010. L'on serait tenté de croire à considérer cette part, que l'Etat dispose encore d'une marge de manoeuvre, surtout qu'il est communément admis, notamment au niveau de l'Union européenne, que le rapport de la dette publique au PIB ne devrait pas dépasser 60%. Pour compléter l'analyse, il faut néanmoins rajouter à la dette extérieure, l'endettement public intérieur regroupant autant la dette intérieure du Trésor que celle garantie. Ce faisant, il ressort que la situation n'est plus aussi confortable. En effet, en rajoutant l'encours de la dette intérieure publique qui s'élevait à fin septembre dernier à un peu plus de 302 milliards de dirhams, l'endettement public ressort au total à quelque 476 milliards de dirhams, ce qui porte le ratio stock endettement/ PIB à près de ...63%.Mais ce dépassement de ratio n'est pas à considérer comme un point négatif dans l'absolu, pourvu que les conditions d'un endettement bien balisé soient respectées. Nombre d'économistes recommandent à ce titre d'être vigilants par exemple en ce qui concerne l'usage des fonds levés par l'Etat, le poids du service de la dette dans les réserves en devises étrangères détenues ou encore la nature des créanciers. R.H