«Pour la requalification du paysage urbain de Ouarzazate, la prise en compte de son patrimoine bâti s'impose comme un impératif». C'est le constat sur lequel se sont accordés, en fin de semaine dernière, les participants à la journée d'étude sur l'amélioration du paysage urbain du grand Ouarzazate. À l'instar de nombre de villes marocaines, l'organisation socio-spatiale de cette ville traduit un véritable déséquilibre entre sa rive gauche et sa rive droite, d'où la nécessité d'établir une vision intégrée incluant un mode opératoire pour préserver son cachet architectural distingué. «Le modèle de sauvegarde nécessite le respect des spécificités architecturales de la ville, en tenant compte de son patrimoine (kasbah et ksour) et de ses ressources humaines», explique Abdeslam Bekrate, gouverneur de la province. En lien, le directeur de l'Agence urbaine de Ouarzazate-Zagora, Abdelaziz Didi Hassan, a dressé un tableau détaillé des principaux dysfonctionnements frappant le grand Ouarzazate. Il s'agit en l'occurrence de l'évolution qu'a connue le périmètre urbain, qui a progressé de 46 hectares à 5.000 ha. Cette extension a entraîné l'incorporation de nombre de quartiers périphériques (Aït Kdif, Foum Dragom, Tamasint, Isfoutaline et bien d'autres), ce qui a posé des difficultés d'intégration, notamment en termes d'équipement en infrastructures élémentaires, un écart architectural et une dichotomie urbanistique entre un centre relativement moderne et des quartiers périphériques, sans exclure l'impact de l'urbanisme sur les agricultures vivrières. S'agissant du centre ville, le dysfonctionnement s'apparente à plusieurs dérapages portant préjudice au paysage urbain de la ville. C'est le cas de l'occupation anarchique de l'espace public par les boutiques, les jardinières et les cafés, l'auto-construction et les façades aveugles, les points noirs composés en grande partie de terrains nus et de constructions délaissées, ainsi que la dégradation des espaces verts. Charte architecturale, la solution ? De l'avis de certains intervenants «le SDAU (le schéma directeur d'aménagement et d'urbanisme) et les différents plans d'aménagement recèlent une importance dans leur phase de conception sans avoir de véritable apport en phase de concrétisation». La solution découlera ainsi de la Charte architecturale, qui se veut être un cadre de référence permettant la cohérence d'aménagement en termes de style et d'aspect architectural. Force est de constater que le maillon faible pour préserver l'aspect architectural de Ouarzazate demeure l'absence d'un cadre juridique encourageant la construction en pisé. «Il est judicieux d'introduire l'urbanisme bioclimatique dans les documents d'urbanisme et d'aménagement, mais aussi, dans les modes de construction communaux et dans les règlements de lotissements», ajoute l'architecte Mamoun Zagrouj. Le pisé se veut être une véritable alternative. «On n'a jamais réalisé un projet modèle pour l'utilisation de la terre en tant que matériau. Ce dernier n'est pas pas un signe de pauvreté ou du passé, au contraire, il est un signe d'adaptation et de créativité pour un avenir meilleur en matière d'aménagement de l'espace», tient à préciser Mohamed Boussalh, directeur du Centre de restauration et de réhabilitation des zones atlasiques et sub-atlasiques. Par ses propriétés particulières, le pisé contribue à la diminution de l'impact environnemental dans l'ensemble de son cycle de vie, notamment en termes de maîtrise d'énergie (régulateur thermique, bilan carbone, recyclable et réutilisable) et d'insertion dans le paysage urbain et architectural. Y.S