La terre a tremblé, la mer l'a envahie, les centrales nucléaires ont vacillé... que de claques pour l'économie nippone, victime d'un cataclysme dévastateur. Le pays est aux antipodes du nôtre, mais véhicule dans les esprits des gens une image d'excellence et de sérénité. Cela ne fait aucun doute que l'ampleur du désastre aurait été démultipliée s'il s'agissait d'un pays moins préparé, moins habitué aux caprices des éléments. Aux antipodes certes, mais mondialisation oblige, la question des impacts sur les relations économiques et commerciales se pose, et même s'impose. Les relations entre le pays du Soleil-Levant et celui du soleil couchant ne se limitent pas aux échanges commerciaux, mais s'étendent aux investissements directs, aux aides au développement et à la coopération scientifique et technique. Mais le volet commercial prend tout de même une importance particulière pour certains secteurs. À l'importation, c'est le secteur l'automobile qui se taille la part du lion, avec 43% de la valeur des achats en provenance du Japon. 23% étant constitués de voitures de tourisme, les autres 20% représentant des voitures industrielles. Or, parmi les effets notables engendrés par le séisme et le tsunami qui s'en est suivi, figure l'arrêt de production de plusieurs sites de construction et de montage automobiles, et par là même, l'arrêt de leurs expéditions vers l'étranger. On se remémore le modèle japonais développé par Toyota, qui a donné lieu au «toyotisme», impliquant zéro défaut, zéro papier, zéro panne, zéro délai et... zéro stock, le flux tendu par excellence, qui pose la question de l'impact sur les concessionnaires marocains de marques japonaises. Ont-ils assez de stock pour répondre à la demande du marché en l'absence de nouveaux arrivages? Les professionnels ne sont pas trop inquiets et ont confiance, pour l'instant en la suffisance de leurs stocks. «La plupart des importateurs ont 4 à 5 mois de stock. Il reste donc encore de la marge avant de parler de rupture», rassure Ryad Mezzour, directeur général de Suzuki Maroc. Ce n'est donc qu'au bout de trois mois d'arrêt de production supplémentaires que les tensions sur les stocks de voitures pourraient devenir critiques. De plus, les modèles nippons sont fabriqués un peu partout dans le monde, des sites de production étant également implantés en Europe, en Afrique, notamment du sud, ou encore en Turquie. À l'export, c'est la production halieutique et les produits de la mer transformés qui s'accaparent la plus grande part dans nos échanges avec le Japon, avec 53% de la valeur totale expédiée. 48% sont constitués de crustacés, mollusques et coquillages, 5% représentant les poissons frais, salés, séchés ou fumés. Le flou entoure encore les impacts éventuels de l'état des lieux actuels sur les exportations de produits de la mer. «Il est trop tôt pour se prononcer sur l'impact sur les exportations du secteur, mais aucun professionnel ne s'est tourné pour l'instant vers la Fédération pour tirer la sonnette d'alarme», signale Hassan Sentissi, président de la Fédération des industries de transformation et de valorisation des produits de la pêche (FENIP). Toutes les expéditions programmées le mois précédent auraient été maintenues. «Nous aurons beaucoup plus de visibilité dans environ un mois, lorsque la situation de crise commencera à se stabiliser au Japon, surtout que pour la plupart des partenaires, les relations sont personnelles et nécessitent dont un tour complet pour sonder l'activité des professionnels, chose que la Fédération est en train de mener», poursuit Sentissi. Plus de peur que de mal pour l'instant donc, pour les secteurs directement concernés. Mais pour l'instant seulement, notamment pour les exportations des composantes électroniques et transistors, qui pourraient être directement affectées par la fermeture de sites de construction et de montage d'appareils électriques, électroniques et électroménagers. Pour ce qui est de l'aide au développement, l'archipel a fait preuve d'une constance et d'un sang-froid remarquables, en assurant maintenir l'ensemble des fonds programmés pour les années à venir, lors de la commission maroco-japonaise qui s'est tenue la semaine dernière. Même engagement pour la coopération scientifique et technique, qui se poursuivra malgré tout, notamment sur les technologies des énergies renouvelables. Bref, comme leJapon l'a démontré à l'histoire, à plusieurs reprises, ce pays reste confiant dans se capacité de régénération, tant il a de fois pu renaître de ses cendres, pour devenir encore plus fort. O.Z